Huit camions de fèves de cacao ont été saisis dans la nuit de dimanche à lundi par les éléments du secteur des Douanes de la région du Sud-Ouest dans les localités Besong Abang, Eyumedjock et Ekok. Les quantités importantes de cette matière première utilisée dans la fabrication du chocolat, étaient en cours d’exportation vers le Nigeria, indique l’administration douanière dans une note d’information publiée ce jour.
« C’est un combat qui n’est pas facile compte tenu du contexte sécuritaire de cette zone, qui est la zone la plus chaude du secteur des douanes du Sud-Ouest. Entre Kumba et Ekok, les contrebandiers profitent de cette crise pour faire passer leurs produits, qu’ils dissimulent parfois dans des petits sachets dans des brousses, et les font évacuer par petites quantités vers le Nigeria », explique Achille Moufo Kamdem, Commandant du groupement actif des douanes du Sud-Ouest, joint au téléphone.
Cette opération doit son succès à la conjugaison des efforts des différentes forces de défense et de sécurité qui opèrent dans la région pour ramener la paix. Pour l’heure, il est difficile d’évaluer le tonnage de l’ensemble des produits saisis, car selon Achille Kamdem, les huit camions n’étaient pas chargés identiquement.
Cette saisie intervient à peine une semaine après l’alerte donnée par le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, dans une lettre circulaire dans laquelle il a évoqué « les mesures urgentes de sauvegarde à mettre en œuvre, en vue de l’éradication du phénomène préjudiciable des exportations massives et frauduleuses » du cacao camerounais, dont une partie de la production est siphonnée depuis des décennies par le Nigeria. C’était au sortir d’une réunion de crise tenue le 13 juin dernier entre les opérateurs de la filière cacao, les forces de maintien de l’ordre et les responsables du ministre du Commerce et de la direction générale des douanes.
« (…) Constat a été fait qu’au titre de la campagne cacaoyère 2022-2023, le volume des exportations frauduleuses, principalement à destination du Nigeria, a atteint des niveaux inédits, compris entre 30 000 et 60 000 tonnes, soit 10 à 20% de la production nationale de cacao, représentant un manque-à-gagner pour le Trésor public de près de 10 milliards de FCFA, en termes de droits de sortie et de redevance à l’exportation, et une perte sèche, au titre du rapatriement des devises, d’environ 60 milliards de FCFA », déplorait alors Luc Magloire Mbarga Atangana.
