« On est jamais si bien trahis que par les siens». Nul n’ignore la maxime au sein du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (Rdpc). Quelques jours seulement après la proclamation des résultats des premières élections régionales de l’histoire du pays, les tractations ont déjà commencé au sein des Conseils régionaux. Alors que le Comité central s’emploie – comme d’habitude – à préparer l’investiture des futurs présidents des Bureaux des neuf régions acquises au parti du «Flambeau ardent», certains militants sont sortis du bois pour annoncer leurs candidatures.
Est : 4 candidats émergent
Dans la région de l’Est par exemple, le Rdpc a en effet raflé tous les 70 sièges de conseillers régionaux en jeu. Et pourtant, quatre candidatures ont déjà été déclarées pour le grand fauteuil du tout premier président de la région du soleil levant. Parmi les postulants, deux se sont officiellement dévoilés. Il s’agit de Françoise Ndanga, épouse Angouing. Et Blaise Moussa. L’actuel Directeur des Affaires Générales (DAG) du ministère de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative, dont la liste a été plébiscitée dans le département du Lom et Djerem, où le Rdpc a battu à plate couture l’Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès (Undp) semble même être déjà en campagne. «Nous entendons faire en sorte que nos problèmes soient traduits en projets et en programmes bancables, suffisamment structurés et à même d’être financés à partir de ressources vertueuses », a-t-il déclaré au micro du Poste National de la Crtv. Outre ce chassé-croisé, des manœuvres ont cours en coulisses entre certains cadres du parti selon que ceux-ci soutiennent un candidat ou non. Preuve que la discipline du parti sera mise à l’épreuve, certains militants font fuiter les noms de potentiels candidats, au grand dam du Comité central. On parle par exemple d’Huguette Claire Akamba, la directrice de l’Hôpital Régional de Bertoua (Est) ; Alphonse Wouamane Mbelé, l’ancien délégué du gouvernement auprès de la Communauté Urbaine de Bertoua ; Daniel Ngoa Nguelé, ex-directeur de l’Institut National de la Jeunesse et des Sports (Injs) ; et Anne Marthe Mvoto, ancienne journaliste en service à la Cameroon Radio Television (Crtv).
Ouest : des Alliances en vue contre Siaka ?
Il n’est pas le seul mastodonte politique de la région de l’Ouest à lorgner le siège de président du Conseil régional. Et pourtant, selon certaines sources avisées, il serait le choix numéro un du Comité central du Rdpc. Non seulement à cause de son parcours professionnel riche dans le monde des affaires, mais beaucoup plus pour ses fréquentations avec des hommes forts du sérail. Tenez, on lui prête des «affinités» avec Jean Nkueté, le secrétaire général du parti au pouvoir et surtout une relation assez poussée avec Edouard Akame Mfoumou, ancien ministre de l’Economie et des Finances (de 1996 à 2001), proche du chef de l’Etat Paul Biya. André Siaka aurait aussi le soutien de l’actuel ministre des Travaux publics Emmanuel Nganou Djoumessi. Mais est-ce suffisant pour décourager toutes velléités de candidature au poste de président du Conseil de la région de l’Ouest ? Non, rétorque un cadre du parti, basé à Yaoundé. Certains riches hommes d’affaires de la région de l’Ouest auraient entamé des réunions secrètes dans l’optique de contrecarrer les plans de la hiérarchie du parti. Des noms circulent ça et là. On parle notamment de l’ancien député Lucien Wantou Siantou, de l’ex-maire de Bafoussam I Hilaire Foka Foka, ou encore Bernard Fongang une autre grande figure du Rdpc dans le département des Hauts-Plateaux. «Dans un contexte où on soupçonne un groupe d’avoir pris en otage le parti, les militants ont compris qu’il vaut mieux s’organiser pour ne pas subir des années de dictature supplémentaires. Les gens n’ont plus peur des sanctions. Du moment où l’on atteint son objectif», explique notre source.
Centre : des réunions pour combattre Tsimi Evouna
Longtemps annoncé comme le grand favori au poste de président du Bureau du Conseil régional du Centre, l’étau semble se resserrer autour de Gilbert Tsimi Evouna. Selon certaines indiscrétions, des Conseillers régionaux, membres du même parti, multiplieraient des concertations à l’effet de barrer la voie à l’ancien délégué du gouvernement auprès de la Communauté Urbaine de Yaoundé. «Les adversaires de Tsimi Evouna sont dans la maison, lâche un militant proche du trésorier du Rdpc. Beaucoup estiment en effet qu’il a déjà occupé un poste important dans l’administration, et qu’il est bon de donner la chance à d’autres».
Troisième personnalité du Rdpc, Gilbert Tsimi Evouna est pourtant un membre influent de l’instance dirigeante du parti au pouvoir. En sa qualité de trésorier du parti, il est de ceux qui investissent en dernier ressort les candidats du Rdpc. S’il est allé à ces élections régionales, ce n’est certainement pas pour se contenter d’un poste secondaire au sein du Conseil régional. Il ne faut pas croire qu’il devrait se résigner face à l’adversité qui arrive.
La troisième session ordinaire de l’Assemblée Nationale s’est refermée le 11 décembre dernier. Et c’est le cœur rempli d’inquiétudes que le président de la chambre basse du parlement a clos les travaux à Yaoundé. La première concerne la pandémie du Covid-19 qui continue de sévir à travers le monde et au Cameroun en ce moment. «A l’ouverture de nos travaux, a déclaré Cavaye Yéguié Djibril, j’ai dit ma satisfaction quant à l’efficacité du plan de riposte gouvernemental. L’épidémie me semblait alors globalement maîtrisée. Mais aujourd’hui, je suis à nouveau habité par l’inquiétude face à la recrudescence des contaminations, dans certaines régions du Cameroun où des relâchements prématurés ont été constatés». Pour lui, l’espoir pointe certes à l’horizon avec l’avènement annoncé des vaccins, mais cependant, «le danger reste présent », a-t-il martelé. Avant d’émettre un vœu : «il est donc souhaitable, que nous revenions tous aux bonnes habitudes à savoir : le respect des mesures barrières. Toutes les mesures barrières».
La deuxième préoccupation président de l’Assemblée Nationale concerne le football camerounais. En attendant la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2022, le pays des Lions Indomptables accueille le Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) en janvier 2021. A bientôt un mois de ce tournoi exclusivement réservé aux joueurs locaux, le championnat de football professionnel du Cameroun n’a toujours pas commencé. D’ailleurs, il n’y a plus de chance que la saison débute avant l’année prochaine. Les stades de la République seront en effet fermés dès ce 15 décembre, et ce, jusqu’au CHAN. Une situation qui pourrait impacter les performances des Lions Indomptables amateurs à ce tournoi. «Au nom du peuple camerounais que nous représentons ici et au nom de tous les élus dit-il, je voudrais appeler les dirigeants de la Fédération Camerounaise de Football (Fécafoot) et de la Ligue de Football Professionnel du Cameroun (Lfpc), à la retenue et à plus de sagesse. Les querelles actuelles, entre les deux instances, n’honorent guère notre mouvement sportif». Pour le député de 80 ans, ces querelles sont susceptibles de mettre en péril la sérénité des préparatifs des deux importantes compétitions continentales attendues au Cameroun. Son vœu : voir le gouvernement «trouver, en urgence, les voies et moyens nécessaires afin d’éteindre définitivement ce torchon qui brûle. Que la paix et la sérénité règnent à nouveau dans la tanière».
Le ministre des Finances veut en avoir le cœur net sur le montant réel de la dette intérieure de l’Etat. Louis Paul Motaze vient de lancer une vaste opération d’audit du stock des arriérés au 31 décembre 2019. D’après lui, cet audit vise non seulement à résorber la spirale d’endettement, qui constitue un risque certain pour la stabilité des finances publiques, mais aussi à crédibiliser davantage la signature de l’État. « Il m’a été donné de constaté que, malgré les efforts consentis par le gouvernement en matière d’apurement de la dette intérieure de l’Etat, les services compétents de mon département ministériel continuent d’enregistrer régulièrement les réclamations de paiement d’autres prestations exécutées au profil des administrations, des établissements publics, des entreprises publiques et des Collectivités Territoriales et Décentralisées […] Je viens de lancer une vaste opération d’audit du stock des arriérés au 31 décembre 2019 », a écrit le ministre dans une correspondance adressée aux membres du gouvernement, responsables des entreprises et établissements publics et exécutifs municipaux.
Afin d’avoir des chiffres net au cours de cet audit, Louis Paul Motaze a invité les concernés à recenser toutes les créances de leurs structures respectives et de les transmettre à la Direction Générale du Budget du Minfi au plus tard le 5 mars 2021. Le ministre les a par ailleurs incités à prendre les mesures idoines en vue de la non accumulation des dettes à partir de l’exercice 2021.
Notons qu’en 2019, la Caisse Autonome d’Amortissement (CAA), gestionnaire de la dette publique du Cameroun, évaluait la dette intérieure du Cameroun (hors reste à payer de plus de 3 mois), au 31 décembre 2019, à 2 000 milliards de francs CFA, soit 20,8 % de la dette publique. Au cours de la même année, l’Etat a remboursé, au titre de sa dette intérieure, près de 536,2 milliards. « Le service de la dette intérieure au titre de l’exercice 2019 se situe à 536,2 milliards, pour une prévision de 839,4 milliards, soit un taux d’exécution de 63,9 %. Par rapport à 2018, il diminue de 134,8 milliards (-20,1%). Il inclut notamment les remboursements des crédits de TVA à hauteur de 66 milliards et le paiement des arriérés intérieurs pour un montant de 415,5 milliards », révèle le rapport de l’exécution du budget de l’Etat pour l’exercice 2019.
Défis Actuels: Après la levée du blocus de votre domicile mardi dernier, vous avez affirmé que la résistance nationale se poursuit, que faut-il comprendre par là ?
Nous avons depuis 2018, après les conditions dans lesquelles l’élection présidentielle s’est déroulée et surtout le résultat proclamé, dit que nous mettions en place un plan de résistance nationale contre les irrégularités électorales graves de nature à en- tacher la sincérité du scrutin et nous y sommes. En réalité, il faut que les choses soient très claires. Nous avons toujours dit que nous voulons que le pays avance. La résistance nationale n’était pas un enracinement dans le passé ou une position inerte. C’était d’abord d’appeler ceux qui sont en charge des affaires du pays aujourd’hui, de faire, avec les forces politiques camerounaises, mais également avec la société civile, des ré- formes nécessaires afin de permettre au pays d’avancer. Et parmi ces réformes, il y a la reforme consensuelle du système électoral qui reste une vielle demande. Certains croient que nous avons formulé cette demande après 2018. Pourtant c’est depuis 2013, après les élections législatives et municipales que nous demandons ces réformes. Donc la résistance nationale continue tant qu’on n’opère pas une reforme consensuelle du système électoral. La résistance nationale se poursuit tant qu’il y a un bain de sang inutile dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Défis Actuels: Le blocus ayant été levé autour de votre maison, vous considé- rez-vous désormais comme un homme libre ?
On ne peut pas être libre quand on sait que dans les rangs de son propre parti, on a des centaines de cama- rades qui sont incarcérés à l’heure où nous parlons, dans divers lieux de détention de notre pays. Dans des prisons, parfois dans certains centres de détention que nous ignorons. Nous avons découvert récemment, lorsque certains militants arrêtés dans le cadre des manifestations du 22 septembre ont été amenés devant les tribunaux, que d’autres personnes étaient détenues à des lieux inconnus. Donc on ne peut pas se sentir libre dans ces conditions. Des Camerounais qui été brutalisés et torturés, des images existent. Arrêtés arbitrairement, dé- tenus illégalement, amenés devant les tribunaux militaires, vous-mêmes vous voyez les chefs d’accusation. On ne peut pas se sentir libre dans ces conditions. On ne peut pas se sentir libre plus globalement dans un pays, où on a le sentiment que la vie humaine n’a absolument aucune valeur. Qu’on peut un matin se lever et ne pas rentrer chez soi le soir, seulement parce que l’on considère que vous représentez une menace pour la société. Nous avons franchi un cap très dangereux qui ouvre la voie au totalitarisme. Qui peut apprécier que vous représentez une menace pour la société ? On ne peut pas se sentir libre dans ces conditions. Lorsque nous parlons de résistance nationale, c’est de cela dont il s’agit aussi. Il ne faut pas voir la résistance nationale seulement comme articulée autour des deux revendications phares que sont la réforme consensuelle du code électoral et la cessation du bain de sang dans le Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Les Camerounais de toutes les origines meurent. Il n’y a pas seulement les sécessionnistes qui perdent leurs combattants, il y a aussi les éléments de nos forces de défense, dont on aurait pu épargner la vie en arrêtant un bain de sang inutile. Un jeune de 25 ans qui vient de sortir de sa formation militaire, parfois qui vient de se marier, qui est vu comme un soutien pour sa famille, est envoyé au front et perd sa vie. Je ne peux pas être libre dans ces conditions. Je suis malheureux, parce qu’il s’agit d’un évènement dont la cessation dépend de nous. Ce n’est pas comme une guerre contre une puissance extérieure où nous pouvons dire que nous ne pouvons rien. C’est une guerre entre nous Camerounais et je crois qu’il est du devoir de chaque gouvernement, d’apporter des solutions politiques aux problèmes politiques qui se posent dans le pays. Ça ne sert à rien à un gouvernement de faire une démonstration de force vis-à-vis de ses propres populations. Nous savons tous que le gouvernement est plus fort, puisqu’il a la force que la collectivité nationale lui a donnée. Donc ce n’est pas la peine de bomber le torse, parce qu’on sait que l’Etat dispose des moyens pour le faire. Là où on attend l’homme politique, l’homme d’Etat, c’est qu’il puisse dépasser le réflexe de la violence, qui peut être le fait des groupes armés ou d’individus, pour se hisser au niveau où il apporte la solution politique pour pacifier, c’est pour toutes ces raisons là que je ne peux pas me sentir libre.
Défis Actuels: Comment vous sentez-vous physiquement et moralement ?
Je me porte bien ! Moralement je n’ai jamais eu un problème particulier. Si on peut être préoccupé moralement c’est du sort des autres et non pas de son sort personnel. Je suis naturellement, comme tout dirigeant qui est proche de ses militants, très préoccupé par ce qui arrive à nos militants. Evidemment je ne peux pas être content, et vous dire que je suis dans la grande joie, alors que j’ai encore des militants dont certains sont dans les formations sanitaires, parce qu’ils ont été torturés. Je viens d’apprendre qu’un de nos militants qui était le porte-parole du collectif des détenus à la prison de Douala a été roué de coups et violenté, molesté au point où il ne marche pas. Vous comprenez que dans ces conditions, je ne puisse pas vous dire que je suis dans l’allégresse.
Défis Actuels: Comment vous avez vécu vos jours de séquestration ?
C’est une tentation qui est importante, mais je crois que nous sommes à des niveaux qui ne nous autorisent pas de tomber dans ce genre d’épanchements. Je crois que les problèmes du pays sont suffisamment sérieux et graves pour que chaque fois que vous me donnez la parole, qu’on échange sur les problèmes qui inter- pellent réellement notre pays. Il ne faut pas que nous laissions l’arbre ca- cher la forêt des problèmes camerounais. Mon engagement c’est pour qu’on résolve les problèmes camerounais. Et pour qu’on les résolve, il faut qu’on les pose publiquement. On ne peut pas continuer comme nous le faisons. Nos frères et sœurs qui prétendent diriger le Cameroun aujourd’hui, doivent apprendre à dépasser leurs rancœurs personnelles, les querelles de personne et comprendre que lorsque vous avez l’occasion et la chance d’exercer des responsabilités publiques de haut niveau, vous devez avoir une capacité de dépassement pour apporter des solutions aux problèmes du pays. Vous savez, un chef de l’Etat a un droit terrible. Il peut ôter la vie, tout comme il peut aussi la restituer la vie, puisqu’il peut faire des remises de peines. Quand il prend une décision de grâce pour quelqu’un qui était condamné à mort, ça veut dire qu’il lui restitue la vie. Donc c’est extrêmement sérieux pour qu’on ramène des responsabilités de ce niveau- là à des petites querelles de per- sonnes. Notre pays est confronté à une guerre civile inutile qui fait couler le sang de nos compatriotes. Je constate simplement qu’il y a une situation de conflit, qui fait que les Camerounais se tuent entre eux, et que nous en tant que politique, nous sommes capables d’apporter une solution à cela et nous devons le faire. Je constate que nous sommes confrontés à des crises post-électorales récurrentes à cause d’un mauvais code électoral et nous pouvons arranger cela. Je constate que l’économie camerounaise ne se porte pas bien, parce que précisément, la tension qui prévaut dans le pays n’est pas de nature à créer un environne- ment favorable pour les investisse- ments, même pour les nationaux ce n’est pas favorable. Il faut que nous ré- glions les problèmes du pays pourre- lancer l’économie. Si on se fixe des ob- jectifs économiques, il faut créer des conditions. Je constate que sur le plan social, il y a une vraie détresse : pas d’accès à l’eau potable pour la très grande majorité de la population, pas d’accès à l’électricité, pas de soins de santé dignes de ce nom pour la plupart de nos compatriotes. Voyez les infrastructures scolaires, je ne parle pas de gros équipements comme les routes, etc. Notre pays qui fut naguère un pays phare en Afrique est en train de devenir non seulement un pays quelconque, mais aussi il est entrain de reculer, il faut que nous ayons le courage de le dire. Prenez, tous les classements internationaux, tous les standards internationaux, vous verrez que le Cameroun est au bas de l’échelle. Et je dis en tant que Came- rounais, essayons de faire quelque chose.
Défis Actuels: Comment se porte le mouve- ment pour la renaissance du Cameroun ?
En essayant de le décapiter comme on l’a fait, peut-être qu’on a même réussi partiellement, parce qu’une bonne partie des dirigeants du MRC est à l’heure actuelle en détention, en dehors du premier vice-président Mamadou Mota qui est là depuis 2019, qui n’est pas lié aux évènements du 22 septembre. Nous avons le trésorier national de notre parti le professeur Alain Fogue; mon conseiller et porte-parole, Olivier Bibou Nissack; le coordonnateur national chargé du développement et de l’inspection du parti Pascal Zambo, pour ne citer que les figures proéminentes du parti. Nous avons perçu cela comme une volonté évidente d’essayer de dépouiller notre parti. Mais croyez- moi, le MRC est là. Le MRC est debout, parce que non seulement il a de nombreux autres cadres jeunes engagés, mais aussi ses militants. Et c’est cela qui fait notre force, avant même les cadres et la direction, nos militants sont là. Vous avez vu, dans l’adversité depuis 2018, ils tiennent. On a annoncé des défections, mais les militants sont là. Parce que c’est eux qui nous insufflent la force qui nous per- met d’avancer. Et aussi parce que contrairement à ce qu’on a pu faire croire aux Camerounais, les décisions que nous prenons à un moment donné sont en accord avec la base et nous les consultons. Des gens qui sont très prompts à s’intéresser et à dire comment on devrait gérer le MRC devraient s’occuper de leurs propres affaires et savoir que le MRC est géré à la satisfaction de la plupart de ses militants.
Défis Actuels: Vous avez justement été accusé d’être porteur d’un projet insur- rectionnel qu’en est-il exactement?
On passe le temps à m’accuser d’insurrection, de vouloir déstabiliser le Cameroun, de vouloir chasser le président de la République, qu’est-ce qui s’est passé ? Depuis 8 ans, que le MRC a été créé, est-ce que vous avez déjà entendu le MRC dire qu’il faut que le président parte ? On doit donc se poser la question pourquoi est-ce qu’on en arrive là ? C’est parce qu’après les élections de 2013, nous avons écrit à la présidence de la République, au Premier ministre, au ministre de l’Administration territoriale, à la Police, à la Justice, à Elecam, pour leur dire, que ce qui s’est passé est absolument in- soutenable. Nous avons gagné à Yaoundé, nous avons eu au moins le partage des sièges des députés à Yaoundé. Un des animateurs des réseaux sociaux l’a reconnu et nous avons encore la vidéo. Il a dit qu’au pire, le MRC partage les sièges des députés à Yaoundé, nous n’en avons pas eu un seul. Nous avons gagné 3 mairies à Yaoundé, nous n’en avons pas eu un seul conseiller. Pourtant nous avons gagné la mairie de Yaoundé II, la mairie de Yaoundé III et la mairie de Yaoundé VII sans bavures, on nous a arraché cela. Nous sommes al- lés à la Cour suprême avec des malles de documents de preuves, y compris des procès-verbaux et la Cour suprême a dit tout cela est irrecevable. Qu’est- ce que nous avons fait comme parti politique ? Nous nous sommes dit, nous venons d’arriver, allons d’abord faire le travail, au lieu de faire des revendications. Vous ne nous avez pas vu dans les rues en 2013. Les gens ignorent cela. Nos amis d’en face ai- ment brocarder les gens, mais nous sommes allés travailler. Nous sommes allés implanter le parti. Dire, donnons-nous le temps d’implanter le parti. En- tre temps puisque nous avons eu un député, nous avons saisi l’Assemblée Nationale d’une proposition de loi de réforme du système électoral, parce qu’il faut aussi que les Camerounais sachent que nous n’avons cessé de faire des propositions, que ce soit pour le Code électoral, que pour la résolution de la crise du Nord-Ouest et Sud- Ouest. Nous avons fait cela, et le bureau de l’Assemblée nationale n’a même jamais accusé réception, alors que son règlement intérieur lui donne l’obligation après trois sessions consécutives, d’examiner une proposition de loi qui a été déposée, quitte à la rejeter. Est-ce que vous nous avez vu manifester dans la rue pour cela ? On a travaillé, nous nous sommes dit que notre option c’est le changement dans la paix. Nous avons travaillé de sorte que lorsque nous allons à l’élection présidentielle de 2018, parce que certains nous disent que vous êtes allés à l’élection présidentielle, sachant que le Code électoral n’était pas bon. Nous avons fait le pari suivant, si les Camerounais s’inscrivent massivement sur les listes électorales, si nous avons les représentants dans tous les bureaux de vote, on peut malgré ce code, faire quelque chose, et nous avons réussi. De notre point de vue et de tous les documents dont nous disposons, nous avons dit, nous avons gagné les élections. Nous avons montré devant le Conseil constitutionnel, tout le monde a vu, mais le résultat sorti est celui que vous connaissez. Après on lance les élections législatives et municipales de février 2020, sans réviser le Code électoral. Nous disons ce n’est pas sérieux. Nous ne pouvons pas continuer comme cela. Vous lancez ces élections alors que la guerre continue dans le Nord-Ouest et Sud- Ouest, ça veut dire que vous actez de fait la partition du pays. Vous-même le gouvernement vous avez donné comme taux de participation à l’élection 5% dans le Nord-Ouest et 14% dans le Sud-Ouest. Comment pouvez- vous dire que ces gens ont pris part à l’élection ? Créons des conditions pour qu’ils participent à l’élection. Si vous ne le faite pas, ça veut dire que vous les excluez. La deuxième raison, vous n’avez pas révisé le Code, ça veut dire que les mêmes causes vont produire les mêmes effets. C’est ce que le Conseil national de notre parti a pris comme décision, n’en déplaise à ceux qui disent que Kamto a décidé seul, ça ne se passe pas comme ça chez nous. Il peut y avoir au sein de notre parti, des gens même qui n’étaient pas d’accord avec cela. Je ne dis pas que c’est toujours l’unanimité, parce qu’il y avait des gens qui voulaient y aller et qui voulaient être élus. Mais qu’on ne laisse pas croire que c’est la volonté d’un individu. C’est le conseil national et même nous avons pris le soin de l’élargir jusqu’au départementaux qui ne sont pas statutairement membre du Conseil national, pour que ce soit vraiment la base. Quand après les dé- bats, j’ai proposé cette résolution, c’était un standing ovation, tout le monde s’est levé pour applaudir. Voilà ce qui s’est passé. Donc nous n’allons pas à ces élections pour cette raison. Après avoir montré qu’en 2018, vous pouvez gagner dans les urnes et ne pas être le vainqueur, nous avons dit dans ces conditions, ce n’est pas la peine. Après avoir montré qu’en 2018, les anglophones n’avaient pas pris part aux élections, ce n’est pas la peine. Voilà pourquoi, nous avons appelé au boycott. Comme vous me donnez l’occasion de clarifier ce point, la résistance nationale c’est d’obtenir que quelque chose se fasse. Pour que nous ayons un contexte et un environne- ment national apaisé pour que le pays puisse véritablement se tourner vers ses problèmes de développement. C’est face à tout cela que nous avons dit, si Paul Biya qui est le président en fonction, ne peut pas apporter de so- lutions à ces problèmes, qu’il s’en aille. Il n’y a aucune raison qu’il soit là. Puisqu’il ne veut pas résoudre les problèmes. C’est pour cela que par rapport aux marches du 22 septembre, nous disons, si vous ne faites pas… on n’a pas simplement dit que nous allons marcher pour chasser le président en fonction. Nous avons dit s’il il n’a pas commencé au moins à résoudre la crise anglophone avec le cessez-le feu, parce que nous ne pensions pas qu’on pouvait lui imposer en deux jours de résoudre ce problème. Mais il y a quelque chose qui peut donner un signal fort et faire baisser les tensions. C’est de dire, nous déclarons le cessez- le-feu, soit parce que nous avons discuté de cela avec les groupes armés, soit parce que vous en tant que gouvernement, vous êtes assez fort pour le faire, vous le faites unilatéralement. J’ai même proposé à l’époque que nous savons tous que les grandes puissances ont des satellites qu’on peut braquer sur la zone en conflit et le gouvernement dit je déclare un cessez-le- feu d’un mois ou de deux semaines et on va braquer pour voir celui qui viole, parce qu’en ce moment-là, si ce sont les autres qui violent, ils auront donné les verges pour se faire fouetter, on verra que c’est eux qui ne veulent pas. Et deuxièmement mettons en route le processus de réformes consensuelles. Si vous ne pouvez pas faire cela, on ne sait pas quel est votre rôle là-bas. Voilà pourquoi nous disons s’il ne peut pas faire cela, alors nous allons lui demander de partir. Seulement vous avez vu que les thuriféraires et les communicateurs du régime occultent cela, et disent tout simplement qu’ils se sont levés pour aller chasser le président, mais non ! C’est parce qu’on formule des revendications depuis 2013, et rien ne se passe, finalement on dit, maintenant on est fatigué, si vous ne pouvez pas faire cela, partez et laissez les Camerounais résoudre leurs problèmes.
Défis Actuels: Depuis le 22 septembre que votre domicile a été encerclé, on a noté, mis à part quelques sorties sporadiques d’une poignée de vos militants, un certain fléchissement des actions de l’ensemble des militants, cela ne peut-il pas dénoter d’un manque de détermination ?
Je ne crois pas, vous êtes Camerounais, nous vivons dans notre pays, je ne crois pas qu’on puisse parler de manque de détermination. Lorsque les gens sont sortis, ils sortaient de bonne foi pour marcher pacifiquement et vous avez pu l’observer. Depuis la création du MRC, aucune de nos manifestations n’a jamais donné lieu à des échauffourées, même bousculer une maman qui est sur le trottoir on ne l’a jamais fait. Ils sortaient juste pour dire leur état d’âme. Mais quand vous sortez dans ces conditions et que vous subissez la brutalité, peut-être vous ne le savez pas, peut-être vous n’avez pas vu toutes les images, des gens qu’on a torturés avec la machette, frappant à plat sur leurs plantes des pieds, on a les vidéos. Certains ont traité le commissariat central numéro I comme un mouroir, le Secrétariat d’Etat à la Défense, n’en parlons plus. C’est face à un tel déferlement de violence injustifiée que les gens se sont dit non. Parce qu’il ne s’agissait pas pour eux de se livrer en holocauste. Il s’agissait pour le citoyen de s’exprimer. Donc je ne crois pas que ce soit un manque de détermination. Deuxièmement quand vous dites que vous n’avez pas vu les activités du MRC, je voudrais vous faire remarquer qu’avant même ce déchainement de la terreur qui a commencé dès le 20, 21 septembre, la pandémie du Covid-19, ne permet- tait pas à un parti politique de dé- ployer ses activités habituelles. Nous avons notre programme d’activités comme parti politique, même comme le Covid-19 semble repartir dans certaines régions, nous entendons redéployer nos activités. Je l’espère, dans les mois à venir, vous nous verrez mener nos activités en tant que parti politique.
Interview réalisée par Joseph Essama (Défis Actuels N°538 du 13 décembre 2020)
C’est fini entre Célestin Djamen et le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC). L’homme vient d’en faire l’annonce au cours d’une conférence de presse qu’il a donnée à Douala. Au cours de la conférence de presse qu’il a donnée à Douala, l’homme a expliqué les raisons de son divorce deux ans après le mariage. Il s’agit essentiellement de la non participation du Mrc aux législatives et municipales. Une décision annoncée par le directoire du parti, à deux jours de la clôture du dépôt des dossiers de candidature. » Tous les militants étaient partants pour les élections ; ils étaient gonflés à bloc, pour avoir travaillé pendant huit ans dans l’attente de ce grand moment. J’ai pensé à eux« , a-t-il clamé. « C’est d’autant plus insensé que le pic d’audience et la popularité du parti étaient incontestables« , ne décolère pas celui qui avait déjà clairement signifié sa désapprobation sur le plateau d’Equinoxe soir ce jour-là.
Toujours est-il que ces derniers temps, le courant ne passait plus entre les deux parties jadis unies. Et notamment depuis la décision brusque du MRC de ne pas concourir aux législatives et municipales de février dernier. Célestin Djamen que des pronostics disaient bien parti pour être élu maire dans le premier arrondissement de la ville de Douala, n’avait pas caché ses états d’âme. Après avoir passé huit mois derrière les barreaux en compagnie de Maurice Kamto et Alain Fogue, l’homme croyait enfin avoir trouvé une place au soleil. Le sommet du parti l’a abattu en plein vol. Pour autant, « je remercie le Pr Maurice Kamto pour sa confiance sans cesse renouvelée», a-t-il reconnu.
Célestin Djamen avait rejoint le MRC le 09 août 2018, à quelques mois de l’élection présidentielle. Le transfuge du Social democratic front (SDF) était admirateur de la personne de Maurice Kamto en qui il trouvait « la détermination, le désir et l’envie de motivation ». Qualités qui, selon lui, « qualités capitales pour apporter le changement dans ce pays». En même temps, l’ex secrétaire aux droits de l’homme du SDF estimait que « le navire ivre qui coule, un navire dont l’équipage a oublié l’objectif». Lequel selon lui, « est d’apporter le changement, et pas forcément la conquête du pouvoir». (Article en cours d’enrichissement)
Au sortir de la réunion de crise présidée le 20 novembre dernier par le secrétaire général des Services du Premier ministre, la présidence de la République attendait les résolutions et engagements le lendemain. Pour connaissance, tant les espoirs de Ferdinand Ngoh Ngoh le secrétaire général de la Présidence de la République reposaient sur cette assise. Deux semaines après, Etoudi est resté muet. Les championnats professionnels n’ont pas repris. Preuve que les lignes n’ont pas bougé dans un camp comme dans l’autre.
Entre temps, une autre assise a eu lieu au ministère des Sports et de l’éducation physique (Minsep). Réunion supposée sauver ce qui a échappé à l’Immeuble Etoile. Mais des sources concordantes, le peu d’espoir qu’il restait, s’est dissipé. « La Fécafoot a consenti à mettre les arbitres à la disposition de la Ligue pour les matchs des championnats professionnels. Tout se passait bien, mais il était question que le ministère des Finances nomme un régisseur pour gérer les fonds publics mis à la disposition de la Ligue par les pouvoirs publics », rapporte une source proche de la Ligue de football professionnel du Cameroun (LFPC). Dénonçant « cette infantilisation du général ». D’ailleurs « cet argent est destiné aux clubs. ça se comprend quand l’Etat met de l’argent à la disposition de la Fécafoot pour le compte de l’équipe nationale. Ici ce n’est pas le même mécanisme», tente-t-il d’expliquer. « Si le général n’a rien à se reprocher, pourquoi refuse-t-il que l’argent soit géré par un régisseur alors que l’objectif est seulement de s’assurer que l’argent arrive à destination ? », se demande un proche de la Fécafoot. Toujours est-il que le général Pierre Semengue a claqué la porte de la réunion, refusant de signer les résolutions.
Du coup, l’on est retourné à la situation de départ, avec des positions davantage crispées. Avec comme principale conséquence que les championnats professionnels ne reprendront pas avant longtemps. La solution pourrait peut-être venir du Tribunal arbitral du sport (TAS) ou de la FIFA. Avec le verdict de l’affaire Olympique de Méiganga contre Fécafoot dont le verdict pourra tomber le 21 décembre prochain, date annoncée par le tribunal suprême mondial du sport, pour vider ce dossier. La FIFA, elle, pourrait à défaut, siffler la fin de la récréation si elle est convaincue d’ingérences du gouvernement dans les affaires de la fédération. Une menace que les dirigeants de Tsinga ont agité de façon intelligible, au sortir de la réunion du 20 novembre. Séidou Mbombo Njoya, le président de la Fécafoot, avait pas daigné signer les résolutions, indiquant vouloir se référer avec sa tutelle. L’une ou l’autre intervention pourra pousser le bouton plus loin, mais peut-être sauver le football coincé dans les bureaux administratifs et les prétoires.
Chez kamto. Le dernier policier lève le camp. (Photo N'zui manto)
A la suite de certains de ses militants et sympathisants libérés ces derniers jours, Maurice Kamto vient de retrouver sa liberté d’aller et venir. Du moins, le domicile du président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) a été libéré de la soldatesque qui y campait depuis le 22 septembre, jour de lancement d’un mouvement de boycott de l’élection des conseillers régionaux. Dans un communiqué rendu public ce 8 décembre 2020 par René Emmanuel Sadi, la tenue effective de l’élection du 6 décembre est perçue comme une victoire sur Maurice Kamto et son pari qui envisageraient « un mouvement insurrectionnel ». Le porte-parole du gouvernement reste peu clair sur la situation de l’opposant assigné à résidence surveillée depuis plus de deux mois : « Le gouvernement porte par ailleurs à la connaissance de l’opinion qu’avec la tenue effective des élections régionales, et le calme qui règne dans le pays, il a été décidé du réajustement des mesures prises pour mettre en échec le mouvement insurrectionnel lancé par le MRC le 22 septembre 2020 », écrit René Sadi. Toujours est-il que les hommes armés ont vidé les lieux et Maurice Kamto peut enfin quitter son domicile s’il le souhaite. L’axe qui mène au domicile de l’opposant à partir de la rue principale de Santa Barbara ayant été libéré des barrières policières y installées depuis la date de début de la campagne électorale. Tout l’air d’un aveu que le candidat arrivé second à l’élection présidentielle du 7 octobre 2018 hante le régime de Yaoundé. Neutralisé qu’il était, l’homme ne pouvait perturber la tenue de l’élection du 6 décembre qui parachève le dispositif institutionnel au Cameroun.
L’épée de Damoclès pend toujours
Il est clair que la libération de Maurice Kamto était conditionnée par la tenue de cette élection. Pour autant, « les procédures judiciaires engagées contre les meneurs et les organisateurs de ce mouvement insurrectionnel se poursuivront néanmoins», précise-t-il. Avec une possible libération progressive des uns et des autres « en considération de leur degré d’implication et de la menace qu’ils représentent pour la société ». Mais l’épée de Damoclès continue de peser sur la tête du leader du MRC ainsi que de son parti dont « la situation…continue de faire l’objet d’un examen attentif par les instances judiciaires et administratives », assure René Sadi.
Les élections passées, « le gouvernement félicite les Forces de défense et de sécurité qui ont fait preuve de professionnalisme et de fermeté dans la mise en application des mesures idoines décidées par le Chef de l’Etat en vue du déroulement approprié du scrutin ». Et invite tous les acteurs nationaux « à la mise en œuvre des conseils régionaux et notamment le statut spécial prévu dans les régions du Nord-ouest et du sud-ouest, conformément aux résolutions du Grand dialogue national ».
Joseph Sanda est mort. L’ex champion du Cameroun de cyclisme est décédé ce 7 décembre 2020, aux environs de 23h, à l’âge de 35 ans. L’information n’a été rendue publique qu’au petit matin, par la fédération camerounaise de cyclisme renseignée par le corps médical. L’entraîneur adjoint de la Snh vélo club est décédé des suites d’une courte maladie à l’hôpital général de Yaoundé, a-t-on appris. Une disparition subite tant l’homme a été aperçu la dernière fois sur la scène publique lors de la 20ème édition du Grand prix Chantal Biya couru du 18 au 22 novembre dernier.
La famille du cyclisme est ainsi affligée par ce drame pour celui qui a marqué l’histoire de la petite reine au pays des Lions indomptables. Joseph Evouna, le directeur technique national de cyclisme, garde du défunt «le souvenir d’un passionné de la petite reine, d’un baroudeur du vélo, d’un garçon respectueux envers les dirigeants et envers ses coéquipiers ». Dieudonné Ntep, l’entraîneur national qui a encadré le coureur à l’équipe nationale et comme collègue dans l’entraînement, parle d’« un cycliste de classe exceptionnelle ». Martinien Tega, adjoint de l’ex capitaine de l’équipe nationale, pleure « la perte d’un compagnon de longue date, mais aussi d’un frère, d’un ami, un Lion du vélo qui ne reculait devant aucun obstacle, un être sociable, une perle rare ».
Né le 09 mai 1985, Joseph Sanda s’engage dans le cyclisme de haut niveau sur un coup de hasard. Repéré par le directeur technique national Joseph Evouna, « pour sa combativité» lors du Grand prix du sahel à Maroua dans les années 2000. On apprend que l’homme réunissait à la fois les qualités techniques d’un rouleur, d’un sprinteur et d’un grimpeur. En compagnie de Pascal Bouba, Joseph Sanda rejoint aussitôt Yaoundé pur intégrer une sélection régionale du Centre. Les détecteurs n’ont pas eu tort. En 2003, Joseph Sanda est champion du Cameroun et deux ans après, il est vainqueur de la 5ème édition du Grand prix cycliste international Chantal Biya et du Tour cycliste international du Cameroun la même année. En 2006, Santos, comme l’appelaient affectueusement les intimes, remporte le Tour de l’Est de la Côte d’ivoire avec trois étapes remportées. Après un stage de deux mois en Suisse, le Lion indomptable du cyclisme remporte la médaille en argent des Jeux africains d’Alger en 2008
Pour le compte du Championnat d’Afrique des nations qui démarre le 16 janvier 2021, le Cameroun la Confédération africaine de football a rendu publique une liste de 47 arbitres présélectionnés. Le Cameroun y est représenté par trois arbitres. Ce qui est convenu d’être nommé le trio de l’excellence en matière d’arbitrage au pays des Lions indomptables. Evariste Mekouande étant désormais à la retraite, Carine Atezambong a retrouvé les deux autres habitués des hautes compétitions continentales. Avec Alioum Sidi et Elvis Noupué. Le premier officiera comme central alors que le second homme cèdera son fanion de toujours pour servir à l’assistance vidéo. Si les trois sont maintenus dans la liste définitive. La probabilité pour leur maintien est grande, tant tous les trois font partie de la crème des meilleurs de l’heure. Carine Atezambong est la seule dame du groupe. En plus du CHAN, la Camerounaise a été présélectionnée parmi les officielles de la Coupe du monde Australie-Nouvelle Zélande 2023. Une consécration pour celle qui monte en puissance depuis ces trois dernières années. Confirmant sa position de leader symbolisée par sa montée en puissance ces dernières années. Elle qui est la seule dame admise au championnat d’élite masculin depuis 2014. Guidée par sa maxime personnelle : «what a man can do a woman can do it better ». Après avoir fait ses preuves dans les compétitions féminines africaines, ce sera la première compétition masculine senior pour la Lionne indomptable du fanion.
C’est une année 2020 particulière pour cette Lionne indomptable de la ligne de touche qui va ainsi atteindre le graal, en officiant pour la première fois dans une compétition masculine senior, et certainement le Mondial féminin sénior. « Les deux nouvelles sont tombées dessus en l’espace de deux semaines. Lorsqu’elles sont tombées, c’était à la fois les larmes de douleur, de joie et d’émotions », a réagi la promue chez nos confrères de Lionidomptable.net. Elle qui sortait à peine du décès de son père. De quoi en rajouter aux émotions de celle qui rend hommage à ce père qui « a fait de moi ce que je suis», reconnaît la sportive de 36 ans. « Être choisie parmi les arbitres qui vont officier le CHAN est un honneur pour moi», se sent-elle soulagée. Mais c’est une consécration qui surpasse la seule personne de la distinguée. «A ce niveau, on ne s’appartient plus, on appartient à un groupe, à une tribu, à une nation, à un continent », reconnaît-elle humblement.
Un motif d’encouragement et de motivation pour ce professeur certifié d’éducation physique et sportive, produit de l’Institut national de la jeunesse et des sports (INJS) de Yaoundé. « L’erreur n’est plus permise », sait-elle. « Quand on est athlète de haut niveau, on a déjà un programme d’entraînement arrêté. Maintenant, il y a des programmes spécifiques en fonction des compétitions…», renseigne-t-elle. En indiquant que pour ce qui est du CHAN, « la CAF a déjà envoyé un programme d’entraînement que nous devons respecter». Il faut déjà tourner cette page, avant d’engager celle de la coupe du monde. Toujours est-il que « ce n’est pas nouveau ; c’est une continuité». Mais la détermination est au rendez-vous : «Je promets aux Camerounais de donner le meilleur de moi », s’engage-t-elle.
Cette maison est-elle devenue inhabitable après Iya?
Les jours ne s’annoncent pas clairs pour la Fédération camerounaise de football (Fécafoot). Outre le sort de Seidou Mbombo Njoya et son comité exécutif qui sont désormais sur le qui-vive dans l’attente du verdict de l’affaire Olympique de Meiganga, la fédération même n’échappe pas au viseur de la Fifa et dont une mission est annoncée au Cameroun très bientôt, la mission portera certainement sur la crise de la Ligue de Football Professionnel du Cameroun (LFPC). Le fils aîné de la Fécafoot qui a remporté une sentence du Tribunal arbitral du sport (TAS) contre son géniteur. Lequel traîne le pas à s’exécuter. Au point d’amener ledit « fils », à recourir à une « ordonnance des mesures superprovisionnelles ». Laquelle rappelle qu’il revient à la Lfpc d’organiser les championnats professionnels.
Après avoir consenti à appliquer la sentence du 14 septembre réhabilitant la Ligue, la Fécafoot a retiré ses compétences à la Ligue au cours d’une réunion du Comité exécutif du 4 novembre. Mais à ce jour, le championnat de première division lancé le 1er novembre dernier avec des officiels équato-guinéens, devrait reprendre le 21 novembre dernier. Il ne l’a pas été. Le championnat de la Fécafoot non plus. Au cours de la réunion de crise tenue dans les services du Premier ministre le 20 novembre, sur instruction de la présidence de la République, les parties se sont retrouvées pour aplanir leurs divergences. Paul Biya ne souhaitant pas fâcher la FIFA. Mais plus d’une semaine après, la présidence qui attendait le rapport de la réunion de crise, n’a pas encore réagi. La Fécafoot qui n’a pas daigné signer les conclusions des travaux, attendant de prendre conseil auprès de sa hiérarchie, n’a pas mis à la disposition de la Ligue, les arbitres.
Entre temps, Ahmad Ahmad, l’un des parapluies de l’exécutif actuel de la Fécafoot, est tombé dans la nasse de la commission d’éthique de la FIFA. Du coup, le Cameroun semble désormais être un enfant têtu abandonné à ses difficultés. A défaut d’une suspension par la FIFA du fait d’une éventuelle ingérence du gouvernement dans les affaires internes de la Fédération, c’est le TAS qui pourrait sévir. Alors que le pays organise en janvier prochain le Championnat d’Afrique des nations.