Sa majesté Voutsou Dairia se trouve à l’hôpital de Bongor au Tchad. est libre de ses mouvements et de retour dans son territoire de commandement depuis les premières heures de ce 25 novembre 2025. Une semaine après son enlèvement, le lamido de lamido de Bougoudoum dans l’arrondissement de Gobo a été remis aux autorités camerounaises, apprend-on du poste national de la Cameroon radio television (Crtv), citant le préfet du Mayo-Tsanaga qui a été aux fours et aux moulins des opérations pour cette issue.
C’est l’aboutissement d’une affaire qui a failli devenir une crise diplomatique. C’est que le lamido a certes été capturé par des hommes armés, mais pas des éléments de Boko haram, comme c’est le cas généralement dans la région. Selon le journal L’œil du Sahel, « le 19 novembre 2024, le lamido de Bougoudoum, Sa majesté Voutsou Dairia, a été enlevé par des Tchadiens, à la suite d’une attaque dont ont été victimes des populations tchadiennes de retour du marché hebdomadaire de Gobo ». Les hostilités commencent la veille : « Tout commence le lundi 18 novembre 2024, vers 15h, lorsque des Tchadiens, revenant du marché hebdomadaire de Gobo au Cameroun, tombent dans une embuscade tendue par des hommes armés au niveau du village de Goumma, une petite bourgade située dans le canton de Mouzoi. Les victimes sont minutieusement dépouillées », peut-on lire dans le trihebdomadaire L’œil du Sahel. La radio tchadienne parle d’un bilan d’«un mort et sept blessés, dont deux femmes». Sur ces entrefaites, le lamido de Bougoudoum est molesté puis arrêté par des hommes de la communauté Mousseye de Holom-Gamé au Tchad. Le lamido s’en sort avec une jambe fracturée. Ses bourreaux l’accusaient qui l’accusait de complicité dans les vols de bétail à répétition, entre le Tchad et le Cameroun.
Diplomatie
Le préfet du Mayo-Tsanaga s’est aussitôt mobilisé pour la cause : « La situation a été portée à la haute attention de la hiérarchie, qui a d’ores et déjà entrepris des démarches auprès des autorités tchadiennes afin que le lamido regagne notre pays dans les meilleurs délais », a-t-il indiqué. Depuis son lit d’hôpital, le leader traditionnel a eu l’occasion de donner sa version des faits, sur les antennes de la radio tchadienne : « J’ai été informé par téléphone, vers minuit, qu’une personne de mon canton était décédée dans le village de Holom-Gamé. J’ai donc immédiatement contacté le sous-préfet et le commandant de brigade. Le matin, je me suis rendu sur les lieux avec un chef de mon canton. Cependant, dès que les gens ont aperçu mon véhicule, ils ont commencé à crier. Lorsque j’ai interrogé les gendarmes présents sur place, ils m’ont répondu qu’ils avaient terminé leur constat. J’ai voulu m’adresser à la population, sans réaliser que celle-ci venait du Tchad. J’ai entendu une personne dans la foule dire que si c’est le lamido de Bougoudoum, il fallait qu’on l’exécute ou qu’on l’emmène avec eux (SIC). J’ai alors répondu que je venais simplement pour comprendre la situation. À cela, il a répliqué en disant que j’étais le grand voleur. C’est étrange, car en tant que chef de canton, je ne peux pas demander à ma population d’aller voler », rapporte-t-il. « Cela a conduit à ce que je sois agressé physiquement par cette foule », a-t-il conclu, justifiant ainsi son état physique.
Pour libérer S.M Voutsou Dairia, ses ravisseurs ont posé des conditions dont le versement de compensations financières. Les négociations se sont déroulées entre le Cameroun et le Tchad, jusqu’à ce que le lamido soit remis aux autorités tchadiennes. Rien n’a filtré des conditions de libération. Toujours est-il que le lamido qui se trouve sous soins à l’hôpital de Bongor est pris en charge par les autorités tchadiennes. Entre temps, le 20 novembre dernier, le préfet du Mayo-Danay a appelé les populations au calme, les rassurant que les hautes autorités camerounaises s’activaient à une issue favorable et pacifique. Ça y est. Il reste à attendre le retour de l’homme annoncé pour très bientôt. Les usages prévoient que l’ex otage soit transféré à Ndjamena la capitale du Tchad, puis ramené à Yaoundé, siège des institutions camerounaises, avant de regagner son territoire de commandement.
Partenaires naturels
Déjà, « le ministère tient à souligner que cet acte, qui constitue une violation des normes de respect et de souveraineté mutuelle entre nos deux États, est profondément regrettable. Le Tchad attache une grande importance aux relations bilatérales avec la République sœur du Cameroun, lesquelles reposent sur une coopération harmonieuse et le respect réciproque des juridictions et des coutumes locales », écrit le ministère tchadien des Affaires étrangères dans un communiqué rendu public le 21 novembre dernier.
Le Tchad et le Cameroun entretiennent des relations diplomatiques très amicales et sont engagés dans une coopération exemplaire en matière militaire, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Et même si ces derniers temps des lignes de friction ont été perceptibles, il reste que les deux voisins ont toujours su sauver et préserver l’essentiel, la vie commune, faite de partage des ressources naturelles, de relations commerciales cordiales.