La FAO et le secrétariat de la convention internationale pour la protection des végétaux renforcent les capacités des agents phytosanitaires à l’effet d’accentuer la surveillance pour faire face au risque d’insécurité alimentaire généré par ces ravageurs.
Les ravageurs transfrontaliers détruisent chaque année jusqu’à 40 % des cultures dans le monde. Leur déplacement d’un pays à l’autre est favorisé par les changements climatiques, les voyages internationaux, l’expansion du commerce mondial et la croissance démographique. L’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) estime qu’en Afrique, les organismes nuisibles détruisent chaque année entre 30 et 60 % des cultures. Soit un préjudice financier évalué à 65,5 milliards d’USD, plus de 40000 milliards de FCFA.
En plus des pertes économiques importantes, la propagation des organismes nuisibles accroît le risque d’insécurité alimentaire. C’est pourquoi il a été mis en place le Programme phytosanitaire africain (PPA), le premier programme phytosanitaire panafricain. Implémenté par la convention internationale pour la protection des végétaux (CIPV) en coordination avec la FAO et l’Union africaine, le programme vise à aider les 54 pays du continent à prévenir et combattre les organismes nuisibles aux végétaux. Il est également question de renforcer la résilience de leurs systèmes phytosanitaires, afin d’empêcher l’entrée et la dissémination de nouveaux organismes nuisibles sur leurs territoires. Cela passe essentiellement par la mise à disposition de moyens pour surveiller efficacement, détecter rapidement et éradiquer les organismes nuisibles et les maladies des végétaux importants.
La phase pilote du programme lancé en 2023 couvre 11 pays dont le Cameroun. C’est dans ce contexte que la ville de Douala a accueilli le 20 janvier dernier, un atelier de recyclage des agents phytosanitaires des pays francophones concernés par la phase pilote du programme. Le Kenya, le Mali, le Maroc et la RDC. L’atelier présidé par le ministre de l’agriculture et du développement rural a permis de renforcer les compétences des agents phytosanitaires des différents pays sur les techniques de surveillance à l’effet de réduire les risques que représentent les nuisibles et les maladies des végétaux. Ceux-ci étant une menace pour l’agriculture, les écosystèmes, le commerce et l’offre alimentaire mondiale. Les participants ont ainsi pu améliorer leurs compétences pour utiliser des outils numériques et des sciences modernes pour la surveillance, la détection et la gestion des ravageurs d’une part et d’autre part, faciliter le partage de connaissances et la collaboration entre les pays.
La CMP est appelée à adopter le Programme phytosanitaire africain, conçu pour doter les gouvernements et les acteurs nationaux d’éléments scientifiques probants et de technologies de pointe nécessaires à une lutte efficace contre les nuisibles des végétaux qui intéressent le régulateur, l’environnement et l’économie.
Réactions
Gabriel MBAIROBE, ministre de l’agriculture
« Les ravageurs et les maladies affectent entre 30 et 60% des cultures par an »
« Les ravageurs et les maladies sont la cause des pertes de production massives privant des millions de personnes d’une alimentation suffisante. La FAO estime que ces pertes pourraient représenter le jusqu’à 40% de la production agricole mondiale. Préserver la santé des végétaux est un enjeu important et crucial pour tous. Préserver la santé des végétaux, c’est agir en faveur de la production agricole mais aussi de la sécurité alimentaire. En Afrique les dégâts causés aux cultures par les ravageurs varient entre 30 et 60% par an. Donc, en renforçant la résilience des systèmes phytosanitaires, les pays peuvent éviter l’entrée ou la propagation d’organismes nuisibles sur leurs territoires. Chacun des pays des régions pilotes, avait fourni la liste de cinq organismes nuisibles à considérer pour une inclusion dans cette phase pilote. Au niveau du Cameroun, l’accent a été mis sur les organismes nuisibles importants ayant une activité négative sur les céréales et les cultures ayant une importance économique. On peut citer entre autres, la mouche des fruits, la chenille légionnaire d’automne qui se répand sur toutes les cultures, les vers de capsule du cotonnier etc. »
Lassina OUATTARA, représentant FAO
« La gestion des ravageurs est complexe et coûteuse »
« Le programme phytosanitaire africain vise à aider les pays à mettre efficacement en œuvre les normes internationales de santé et de sécurité des plantes , à promouvoir un commerce sûr et durable des produits agricoles, à favoriser la sécurité alimentaire et à contribuer à la croissance économique grâce à une production et à une productivité durables. A mesure que le commerce mondial s’étend en particulier dans les denrées alimentaires agricoles, le risque d’introduction et de propagation des ravageurs à travers les frontières est aggravé par le changement climatique affectant la sécurité alimentaire et laissant des millions de personnes en situation d’insécurité. Il est donc difficile d’atteindre les objectifs mondiaux étant donné que la gestion des ravageurs est complexe et coûteuse et que les pays africains disposent d’une seule capacité technique adéquate pour y faire face. Les pays doivent donc surveiller activement ces risques et utiliser des technologies précises pour déterminer la présence ou l’absence des ravageurs des plantes. »