C’est un véritable bras de fer entre les
employés de l’opérateur vietnamien Nexttel et le top management de cette
entreprise depuis quelques mois. Malgré l’intervention du ministre du Travail
et de la Sécurité sociale, les deux parties ne parviennent toujours pas à se
mettre d’accord sur les conditions de travail. L’ambiance est devenue si
délétère entre les deux parties que le personnel regroupé au sein du Syndicat National
Autonome des Travailleurs des nouvelles technologies de l’information et de la
communication (Syntic) menacé d’observer une grève illimitée dès le 7 juin
prochain si le dialogue Etat-Syntic-Nexttel n’aboutit pas.
LES ORIGINES DE LA BROUILLE
Tout commence le 23 mars dernier, lorsque la direction
générale de l’entreprise de téléphonie mobile Nexttel prend unilatéralement la
décision de réduire les salaires des employés. « Le salaire total de tout le personnel sera désormais indexé au
rendement qu’il fournira à l’entreprise. Le salaire sera divisé en deux parties,
la première à savoir 50 % du montant fixe et seconde partie à savoir 50 %
variable positivement ou négativement en fonction du résultat réalisé par l’employé
durant le mois ». C’est ainsi que les syndicalistes vont saisir le
ministère du Travail et de la Sécurité Sociale(Mintss) pour manifester leur
indignation et solliciter l’arbitrage. Et c’est le secrétaire général de ce
département ministériel qui va demander au Directeur général de Nexttel de
surseoir à cette décision. Mais l’intervention du gouvernement ne sera pas au
goût de la direction générale qui de sources syndicales a préféré sévir par des
licenciements.
DÉNONCIATIONS
En effet, le Syntic reproche à la direction générale une
politique salariale discriminatoire, des recrutements, la fixation du salaire,
l’attribution des postes importants, les nominations et les promotions par
affinité, l’appartenance ethnique, la confession religieuse ; le non paiement
des frais de déplacement en cas d’affectation, le refus de congés annuels, des
licenciements abusifs, le harcèlement et bien d’autres griefs. « La violation des dispositions du droit du
travail est une réalité à Viettel Cameroon SA, qui se présente telle une
monarchie dictatoriale. Les licenciements sont effectués de façon abusive, les
redéploiements du personnel ne tiennent pas compte des compétences, les mutations
se font en règlements de comptes etc. L’attribution d’un poste de responsabilité
n’est ni fonction du diplôme, ni fonction de la compétence ou de l’expérience,
mais de la proximité avec le Président du Conseil d’Administration et le Top
Management », révèle un revendicateur. D’après les syndicalistes, un nouvel
employé perçoit parfois un salaire plus élevé qu’un ancien de plus de 6 ans
d’ancienneté et lequel doit former cette dernière sans compensation aucune. S’agissant
des congés annuels, ils sont, selon les protestataires, un prestige puisque de
nombreux employés cumulent deux, trois et même quatre années de travail sans
repos. De plus, l’employé ne perçoit aucune d’indemnité de congé. D’ailleurs,
dans un mail du 19/02/2020, envoyé à 09H 46 à l’ensemble du personnel, la
responsable des Ressources Humaines de la Région du Littoral, informe que : « les congés et permissions sont suspendu pour
l’instant. Jusqu’à nouvel ordre ». Le Syntic ajoute également que les
employés vivent dans la psychose et la tourmente permanente car, plusieurs sont
humiliés. « L’employé est sujet à des
maltraitances psychologiques et morales. Certains supérieurs hiérarchiques
tirent avantage du travail de leurs staffs, et s’en approprient les mérites. La
moindre réclamation peut donner suite à des menaces de mutation ou de
licenciement; De même qu’il travaille dans des conditions de pression extrême
au quotidien, l’employé de VCR SA est sujet à tous les types de harcèlement,
l’abus d’autorité, les contraintes morales », indique notre source.
VERS UNE IMPOSSIBLE RÉCONCILIATION ?
Pour mettre un terme à ce conflit entre le top management
de Nexttel/Viettel Cameroun et ses employés membres du Syntic, la délégation
régionale du ministère du Travail dans la région du Littoral a convoqué le 29 mai
dernier, les deux parties pour une médiation. Mais l’opérateur n’a pas répondu
à cette convocation. « Je tiens à vous
indiquer que le dialogue social existe bel et bien au sein de notre entreprise,
comme en fait foi la communication du directeur général faite aux employés le
27 mai 2020. Toute l’équipe dirigeante est à l’écoute de tous les employés, et
de ce fait, point n’est besoin de tenir une réunion tripartite en dehors de
l’entreprise […] Vous saisir directement comme l’a fait ce syndicat équivaut à
l’ouverture d’un contentieux, et dans ce cas, que les griefs nous soient
notifiés et nous vous enverrons des représentants défendre nos intérêts »,
a justifié le directeur général de Nexttel, Haman Oumar. Et suite au préavis de
grève déposé le 22 mai dernier par le Syntac, Haman Oumar a informé son
personnel: « de ce qui se trame dans
notre entreprise depuis un certain temps, et émanant d’une poignée d’employés
se réclamant d’un certain syndicat […]Quand vous aurez des problèmes, la seule
chose que le syndicat peut faire pour vous, s’il a des moyens, c’est de vous
chercher un avocat, et entre-temps, vous auriez perdu l’emploi, et ce, avec
toutes les conséquences sociales qui peuvent en découler ». Des positions
qui montrent que le top management n’est pas prêt à capituler ou céder aux
revendications du Syntic notamment le respect du code de travail et des meilleures conditions de travail.