Dans une série de décisions rendues publiques ce 27 mars 2025, le président national du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), a nommé de nouveaux membres au sein de différentes instances au parti. Trois nouveaux chefs de délégations permanentes régionaux ont été nommés : Joseph Lé pour l’Est, en remplacement de Gilbert Tsimi Evouna pour le Centre, Théophile Baoro dans l’Adamaou, en remplacement d’Alhadji Abbo Ousmanou, et Komidor Njimoluh à l’Ouest. En dehors de l’Est où l’ancien patron régional a été déchargé des fonctions qu’il occupait, notamment le secrétariat général du Sénat, les trois autres anciens chefs sont décédés : Jean Bernard Ndongo Essomba dans le Centre, Alhadji Abbo dans l’Adamaoua et Emmanuel Nzete qui y a roulé sa bosse et ne faisait plus visiblement l’unanimité à l’Ouest.
De même, dans les départements, le sommet du parti a redistribué les cartes. Ainsi, entre autres, le ministre Etoundi Ngoa devient chef de la délégation permanente dans le Mfoundi, en lieu et place de Gilbert Tsimi Evouna qui a évolué en région. Le ministre Joseph Lé de la Fonction publique et de la réforme administrative intègre le cercle où on retrouve également son collègue Ngalle Bibehe des Transports. Paul Biya pêche dans les chefferies traditionnelles et trouve le jeune lamido de Garoua (Ibrahim El Rachidine) et le sultan roi des Bamoun (Mouhamed Nabil Mfourifoum Mbombo Njoya).
Ferdinand Ngoh Ngoh
Cela survient trois jours seulement après la célébration des quarante ans du parti au pouvoir. Une célébration qui s’est tenue dans un contexte préélectoral marqué par des tensions politiques qui n’épargnent pas le Rdpc. Des voix commencent à s’élever au sein même du parti au pouvoir, pour demander de se mettre à jour. La direction du parti, déjà décimée par l’ange de la mort, n’étant plus légitime. Sur les 23 membres, il ne reste plus que 13 actifs. Neuf sont morts et un (Marafa Hamidou Yaya) se trouve en prison. Issus du Congrès ordinaire de 2011, les dirigeants du parti qui avaient un mandat de cinq ans, sont restés les mêmes depuis 14 ans. Le Bureau politique a dû renouveler de cinq ans le mandat du président national, à la veille de la présidentielle 2018. Ce mandat a expiré depuis 2023. Le Comité central et le Bureau politique, poursuivaient depuis 2011 un mandat qui n’avait plus de légitimité. D’où la saisine par Léon Onana, militant du parti ans le département de la Lékié, des tribunaux pour contraindre la direction du parti à organiser un Congrès pour renouveler le mandat et ainsi assurer la légitimité des dirigeants du parti. Ce, avant de pouvoir désigner un candidat pour la présidentielle d’octobre 2025. Paul Biya a vite réagi, mais a préféré emprunter le chemin inverse à celui attendu. Ainsi, la question du bureau politique reste sans suite. Et lui-même
Une des grandes figures manquantes dans ce remaniement est celle de Ferdinand Ngoh Ngoh. Le tout puissant Secrétaire général de la présidence de la République, ne figure nulle part. Et ne peut d’ailleurs plus intégrer le cercle des dirigeants du parti au pouvoir. Les membres du Bureau politique étant en principe d’office membres du Comité central. Dans un contexte de luttes pour le repositionnement post-Biya. En revanche, Marafa Hamidou Yaya, lui, continue de faire partie de la short list des décideurs du parti au pouvoir, alors qu’il purge une pénitence derrière les barreaux depuis plusieurs années.