samedi, octobre 5, 2024
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Nécrologie : Paul Eric Kinguè n’est plus

Le maire de Njombe-Penja est décédé cette nuit des suites de maladie.

Paul Eric Kinguè est décédé. La nouvelle est tombée ce matin, donnée par Nana Paul Sabin. Le journaliste d’Equinoxe radio confirmait ce qui s’apparentait encore à une rumeur tant le conditionnel entourait l’information que les uns et les autres essayaient de donner tout en recoupant. On apprend que le maire de Njombe-Penja s’est éteint aux premières heures de ce 22 mars 2021, des suites d’une maladie qui l’avait conduit dans une clinique de Douala il y a quelques jours. Le Covid-19, selon certaines sources. Le domicile de l’opposant a été pris d’assaut dès l’annonce de la nouvelle. Militants, populations et curieux sont venus aux nouvelles, certains inconsolables.

Le Mouvement patriotique pour un Cameroun nouveau (MPCN) dont il était le président, et la commune de Njombe-Penja, sont ainsi orphelins et perdent un défenseur de la cause ses populations locales. PEK, comme l’appelaient les proches, perd un combat qu’il avait pourtant bien engagé : celui de restaurer aux populations leur dignité et surtout leur dû dans l’exploitation du sol et du sous-sol de leur commune. On a d’ailleurs vu le maire fermer l’accès à un site d’exploitation de la pouzzolane, avant que le préfet du Moungo ne prenne le parti des exploitants de ces richesses du sol et du sous-sol, contre le maire. Mais le patron du territoire local n’avait pas encore désarmé. A la faveur de la décentralisation « accélérée », entre autres pour faire taire les armes dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, Paul Eric Kingue a vu les missions et surtout les prérogatives des élus locaux être renforcées. Le Code minier accordant par ailleurs de larges marges de manœuvres aux collectivités territoriales. Le désormais ex maire de Njombe-Penja tenait à faire respecter la réglementation, au bénéfice des populations dont il avait la charge d’administrer la mairie en tant que chef de l’exécutif.

Un combat qu’il menait déjà depuis son premier mandat. Encore sous la bannière du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), Paul Eric Kingue s’était attaqué aux grandes firmes agricoles installées dans le département du Moungo, notamment celles implantées sur le territoire de sa commune. Et exigeait aux multinationales installées dans ce territoire de payer régulièrement les taxes et impôts ainsi que le reversement aux communautés riveraines leurs quotes-parts dans l’exploitation des richesses de leur contrée. Ce qui avait causé une brouille entre le maire et nombre d’entreprises étrangères basées dans le territoire de Njombe-Penja. Dans la foulée, l’homme sera accusé d’organiser la destruction de biens pendant les émeutes de 2008, et de détournement de deniers publics. Au terme du procès y relatif, PEK sera condamné à six ans de prison ferme. En compagnie d’un autre leader politique, Lapiro de Mbanga.

Défenseur de la cause communautaire

Sorti à la faveur de moult interventions tant juridiques que politiques et d’organisations internationales, l’homme qui attendait réparation de l’Etat du Cameroun pour le préjudice à lui causé, reprendra le chemin de la prison en 2019. Engagé par Maurice Kamto comme directeur de sa campagne électorale pour l’élection présidentielle d’octobre 2018, Paul Eric Kinguè sera un des organisateurs des « marches blanches » dans le cadre de la contestation des résultats de cette élection remportée par Paul Biya devant le candidat du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC). L’homme avouera avoir été de ceux qui encourageaient Maurice Kamto à faire envahir les ambassades du Cameroun à l’étranger pour y installer ses propres ambassadeurs. PEK séjournera huit mois à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui avec des militants et sympathisants du MRC. A sa sortie, l’homme qui s’est brouillé entre temps avec son partenaire politique, claque la porte de la « coalition », pour reprendre son chemin solitaire. Pour reconquérir avec succès la mairie de Njombe-penja, cette fois-ci sous la bannière du MPCN. Il n’aura gouverné qu’un an, avant d’être rappelé par la terre de ses ancêtres, à 55 ans. Sans avoir fait de sa commune « un modèle », comme il envisageait.

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