Lutte contre le coronavirus : difficile reprise des activités économiques

Le gouvernement a adopté des mesures d’assouplissement le 30 avril dernier pour aider les entreprises à se relever de la pandémie. si certains secteurs tels que l’hôtellerie et la restauration peinent à reprendre leurs activités, d’autres notamment le commerce et le transport urbain quant à eux s’en sortent mieux mais en bravant les mesures de distanciation sociale, le port obligatoire du masque de protection et la surcharge.

Restauration : difficile reprise d’activités

« Le secteur de l’hôtellerie est en situation de catastrophe », confie Chantal Lewat, présidente du Syndicat des Industries de l’Hôtellerie et du Tourisme du Cameroun à nos confrères d’Ecomatin. Selon elle, le secteur risque de s’écrouler si la crise sanitaire perdure. En effet, malgré la décision du Premier ministre de l’ouverture des restaurants au-delà de 18 heures, les industries de l’hôtellerie et de la restauration demeurent fortement impactées et menacées. Selon des sources, la fermeture des frontières et l’exigence du respect de la distanciation dans les lieux de loisirs, restaurants et autres ralentissent les activités. « Avec toutes les frontières qui sont fermées, nos activités vont s’effondrer. Il faut en plus observer des mesures de distanciation, ce qui implique la diminution du nombre de personnes dans les salles. Les rassemblements restent interdits ce qui voudrait dire que les réservations d’hôtels pour l’organisation des séminaires, des réunions ou mariage demeurent annulées. Et pourtant, c’est une source de recette très rentable », confie un tenancier d’hôtel. C’est dire, les mesures d’allègement prises la semaine dernière par le gouvernement ne sont pas véritablement favorables pour la relance des activités dans ce secteur. Car, jusqu’ici, les hôtels et restaurants qui avaient fermé à cause d’énormes pertes et la chute drastique de leur chiffre d’affaires n’ont pas encore repris leurs activités. « Je ne sais pas quand est-ce que je vais rouvrir mon restaurant. Les pertes sont énormes. Mais je préfère attendre que le gouvernement lève toutes les mesures avant de relancer mon activité », fait savoir un propriétaire de restaurant dans un quartier huppé de la ville de Yaoundé. « J’attends qu’on ouvre les frontières pour rouvrir mon casino parce que la majorité de mes clients sont les expatriés. Mon agence de voyage reste toujours fermée. C’est très difficile malgré la levée de certaines mesures. Toutes les conditions ne sont pas encore réunies pour que le secteur reprenne comme avant. Tous attendent la levée totale des mesures », ajoute un autre. A contrario, la restauration traditionnelle ou celle des marchés et les auberges sont de nouveaux en ébullition. « Ce secteur informel reprend vie parce que les débits de boisson sont désormais ouverts jusqu’au matin. Les vendeuses de poisson braisé et autres ont recommencé normalement leurs activités. La prostitution a repris, par conséquent les auberges font de nouveau recette », indique Gérard Motto, gérant de débit de boisson et d’une auberge. Notons que depuis 2010, le nombre de touristes internationaux a doublé au Cameroun. Avec un potentiel de 900 sites visitables et recommandables, le pays est en effet passé de 500 000 touristes à 1 100 000 touristes en 2019. Ce qui a permis à l’industrie de contribuer à 4 % au PIB et générer 9 % d’emplois. Une courbe ascendante qui connaître certainement une baisse considérable avec la crise sanitaire due au coronavirus.

Débit de boisson : priorité aux recettes et non à La protection

Depuis l’annonce de la levée de la mesure de fermeture des débits de boisson et autres lieux de divertissements à 18 heures, la vie a repris son cours dans les points chauds de la cité capitale. D’ailleurs c’est avec des cris euphoriques que les friands de ces lieux de loisir et de détente ont accueilli la nouvelle. « On dirait que le Cameroun venait de remporter la coupe du monde. Les gens étaient surexcités et criaient de joie. Les bars ont mis la musique comme si le lendemain était la fin du monde », témoigne un habitant du quartier Melen. Quatre jours après, les tenanciers de débits de boisson retrouvent le sourire car ils font de nouveau de bonnes affaires. Les bars ne désemplissent pas de monde, la musique tonne aussi bien dans la journée que dans la nuit. On danse, on se colle, on s’embrasse sans tenir compte de la menace qui plane actuellement, le coronavirus. Et pourtant, en levant cette mesure, le président de la République a précisé que la distanciation entre les individus doit être respectée et le port du masque obligatoire. Sauf que, les barmans accueillent le maximum de personnes possibles. Leur seul objectif : faire recette. « Nos activités étaient en berne pendant plus d’un mois donc il faut qu’on maximise le nombre de clients pour espérer faire recette. Je pense que le Cameroun a vaincu le coronavirus sinon le gouvernement n’aurait jamais levée cette mesure. Il est temps pour nous de rattraper les pertes qu’a causé cette pandémie », confie Martin Bella. « C’est chasser les clients que de leur exiger une certaine distanciation ou le port du masque. Nous sommes là pour vendre et non chasser les clients. Nous devons faire recette pour ne pas mettre la clé sous le paillasson », renchérit Victor Maboula. Même s’ils sont informés de l’obligation du port du masque, plusieurs usagers des débits de boisson disent ne pas être capables de respecter cette mesure du fait de son inconfort. Certaines attendent d’ailleurs l’effectivité des sanctions pour arborer de manière convenable le masque. « Depuis quand on boit avec les masques ? On a ouvert les bars pour qu’on boive. S’il y avait encore le coronavirus l’Etat ne nous aurait pas laissé boire. En tout cas, je dois me divertir après ce long moment de confinement », lance un quinquagénaire visiblement vivre en esquissant quelques pas de danse.

Transport urbain: on surcharge sans protection

 Il est 6 heures au carrefour Nkoabang ce lundi 4 mai. Dans cet espace aménagé pour le stationnement des taxis, des clients attendent. Soudain, une dispute éclate entre un taximan et son passager. « Monsieur, je ne surcharge pas. L’Etat vous a accordé une place supplémentaire et vous voulez continuer de surcharger ? En plus vous n’avez pas de masque de protection. Vous voulez rendre les Camerounais malades ? », réprime farouchement une dame d’une trentaine années. « Je ne vous supplie pas si tu ne veux pas tu descends de mon véhicule. Ne vient pas me faire la morale. C’est toi qui mets le carburant dans ma voiture ? Malchance ! Laisse-moi porter les clients qui acceptent la surcharge. Tu crois qu’on s’en sort ? », réplique le taximan. En effet, depuis jeudi dernier, les taximen ont repris avec la surcharge. Ils s’obstinent à porter une deuxième personne à la cabine au lieu d’une. « On ne peut que faire comme cela pour s’en sortir. Le dehors est dur. Il n’y a plus le monde dehors même aux heures de pointe parce que la vie n’a pas encore repris son cours au Cameroun. Les gens restent toujours chez eux », justifie un chauffeur. Et à un autre d’expliquer : « on ne surcharge pas n’importe comment. Il faut être stratège. Généralement on le fait très tôt le matin avant que les policiers ne soient en route et le soir ». Mais les « clandos » qui desservent les périphériques de la ville de Yaoundé n’ont pas d’heures précises. C’est la surcharge ou rien. Certains s’amusent même à ajouter un passager sur le siège chauffeur. Tout ceci sans port du masque de protection. Et avec cette chaleur qui étouffe Yaoundé depuis quelques jours, les risques de contamination sont encore plus élevés puisque les passagers compressés dans les véhicules transpirent et toussent à l’air libre sans précaution. « Le masque n’est pas important. L’essentiel pour moi c’est d’avoir ma recette journalière. J’ai garé ma voiture pendant près d’un mois et il faut bien que je me rattrape », confie un taximan.

Transport aérien : Les compagnies toujours clouées au sol et les activités des ADC s’envolent

La fermeture des frontières le 17 mars dernier a fait effondrer le transport aérien. L’avenir s’annonce encore plus sombre pour les Aéroports du Cameroun (ADC) et la compagnie aérienne nationale Cameroon Airlines Corporation (Camair-Co). S’agissant des ADC, le directeur de l’exploitation, Léopold Longo, a fait savoir que l’entreprise connait une baisse des activités de l’ordre de 70 % depuis la décision du gouvernement. Le responsables pensent que le bilan pourrait s’alourdir au regard de la pandémie du Covid-19 qui perdure. Les vols programmés ont été tous annulés. C’est la première fois depuis la création des ADC en 1994 qu’on assiste à un quasi-arrêt des activités dans les aéroports internationaux au Cameroun. « C’est un visage très sombre, les Aéroports continuent uniquement à fonctionner avec les vols de rapatriement et les vols cargo. Nous avons été obligés de mettre une bonne partie de notre personnel en congé annuel anticipé », confie le directeur de l’exploitation chez ADC à un confrère. « Pour le mois de mars, c’est plus de 70 % des activités qui sont en arrêt. Nous vivons dans cette situation depuis le mois de février qui a eu son pic à la fermeture des frontières explique le directeur de l’exploitation. Une baisse des activités qui a pour conséquence, la baisse des activités dans les parkings. Nous avons un effectif de 33 taxis, depuis l’apparition du coronavirus, l’effectif est totalement réduit. Nous n’avons plus d’entrée concernant les recettes parkings », Basile Mbarga, chef de la session des parkings. Face à cette pandémie qui fragilise les sept aéroports camerounais, le directeur général des ADC Thomas OwonaAssoumou, a opté pour des mesures barrières tels que le départ de la quasi-totalité des personnels de l’exploitation et de l’assistance au sol et les personnels n’ayant pas bénéficié de leurs congés annuels en 2018 et 2019. Dans la même veine, la compagnie aérienne nationale Camair-Co pour faire face à la crise compte mettre 64 % de ses employés en chômage technique soit 371 personnes. « La mise en oeuvre de la mesure qui couvre une période de six mois. Pour compter de la deuxième semaine du mois de mai 2020 devrait concerner 371 employés. Il s’agit principalement du personnel dont l’activité est directement impactée par la suspension de l’exploitation à savoir le personnel de vente, le personnel d’escale et le personnel naviguant d’une part, mais également les personnel administratif et support, non essentiel au cours de cette période de ralentissement des activités, d’autre part », écrit Louis Georges Njipendi au ministre des Transport, Ernest Massena Ngalle Bibehe. D’après le top manager, la mise en chômage technique de ces employés permettrait à la compagnie d’économiser dans cette période 540,49 millions de francs CFA pour une masse salariale totale de 1,479 milliards soit 938,79millions pour les 206 employés restant. Mais rien ne garantit de la survie de cette entreprise si cette décision est entérinée.

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