Le gendarme du secteur financier en Afrique centrale invite les établissements de micro finance à revoir à la hausse leurs portefeuilles dédiés à l’Etat. Mais, ils souhaitent plutôt les réduire, du fait d’un risque élevé de crédit.
Les Etablissements de micro finance (EMF) de la Cemac sont fermes. Pas question de mener d’avantages d’opérations financières avec les Etats, martèlent les EMF lors d’une rencontre avec la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale (COBAC) à Douala. Ils restent sur la position prise de commun accord avec les banques depuis l’année dernière de réduire leurs portefeuilles dédiés aux Etats.
En effet, comme l’a relevé le Fonds Monétaire International dans un rapport sur la Cemac publié en février 2024, l’exposition des établissements de crédit au risque souverain est restée « excessive ». L’exposition globale (prêts et titres) selon le FMI a augmenté de 10 % fin 2015 à environ 30 % de l’actif total en juin 2023. Pour la dette souveraine des pays de la CEMAC, ce chiffre est supérieur à 50 % pour plusieurs banques.
Malgré ce tableau sombre, le secrétariat général de la Cobac invite les établissements de microfinance de la CEMAC à renforcer leurs appuis pour le financement des Etats. Les concernés, eux, disent ne plus vouloir s’exposer davantage vis-à-vis des Etats. La Cobac de son côté estime aussi que les établissements de crédit s’éloignent un peu de la règlementation du fait de la distance qu’ils prennent pour les risques.
En effet, le FMI avait fait le constat que les banques ont par exemple pour la plupart, opté d’investir dans les Bons de trésor assimilables et les Obligations de trésor assimilables considérées comme moins risquées mais très rentables. Ce qui occasionne le non-respect des limites de concentration par certains établissements de crédit. Car, ils ont l’obligation de céder annuellement 30% de leurs souscriptions en valeurs de trésor. Le FMI avait donc suggéré à la Cobac de faire appliquer progressivement les limites de concentration et de pousser les banques à observer une gestion prudente des risques. Ceci pour faire face à une « menace importante à la stabilité financière », avait souligné le FMI.
Réaction
Hervé Blaise Feunke, DGA FOCEP
« Certains EMF ont décidé de ne plus financer les marchés publics au Cameroun »
« Les EMF accompagnent les Etats, dans le financement de l’économie. Maintenant dans ce financement il y a beaucoup de risques. Vous avez certainement appris que le niveau de financement de certains EMF vis-à-vis des financements de l’Etat est très élevé. Pourtant, la Cobac est en train d’exiger de manière progressive d’augmenter le niveau de provision qu’on fait sur les financements accordés à l’Etat. Mais aujourd’hui, compte tenu du niveau d’exposition, on commence à exiger aux EMF de provisionner en grande partie, 80% et 100% pour certaines créances. C’est une grosse difficulté pour nous. C’est une des raisons pour lesquelles, certains EMF ont décidé de ne plus financer les marchés publics. Je pense que la concertation va se poursuivre.