Alors que l’on n’a pas fini de déblayer le terrain pour libérer les corps engloutis par les deux éboulements de terrain à la falaise de Dschang le 5 novembre dernier, le retour à la normale n’est pas encore pour demain. L’alerte est donnée par le Pr Armand Kagou, géologue à l’université de Dschang. A la tête d’une équipe de géologue de cette institution universitaire, l’expert a effectué une descente sur le site sinistré. « Les répliques vont se produire encore, parce que la nature cherche à retrouver son équilibre naturel», prévient le Pr Kagou. D’autant plus que « des indices sont encore visibles sur le site le site comme l’apparition de nouvelles sources d’eau jaillissantes au pied », ont constaté les géologues sur le terrain. Alors « il ne faut pas se précipiter pour rétablir la circulation dans cet axe routier, au risque de provoquer d’autres déséquilibres dans le site», conseille le Pr Armand Kagou. « Il n’est pas exclu que le fait d’avoir cherché à rétablir la circulation après le premier éboulement à 10h30 a facilité le 2ème éboulement plus important», supute-t-il.
A l’occasion, l’expert explique ce qui a pu se passer mardi dernier : «les fortes pluies ont affecté la région de l’Ouest ces derniers temps. Elles ont saturé le manteau d’altération et la forte pente du massif rocheux n’a pas résisté. En général ce genre de phénomène se produit pendant les pluies. Dans le cas actuel, la pluie a cessé il y a environ six jours, le temps pour l’eau de s’évaporer et entraîner une contraction du sol et de nombreuses fissures devaient apparaître au sommet du massif », engage-t-il. Ajoutant que « l’activité humaine a un très faible impact sur l’occurrence du phénomène. La grande épaisseur du manteau d’altération et la forte pente du massif ont bénéficié de l’apport d’eau pour se mettre en mouvement». Soulignant que « ceux qui ont parcouru cet axe routier ces jours-ci ont vu de nombreuses chutes de blocs en route le long du trajet. C’étaient des indices d’instabilité du massif à plusieurs endroits».
Sorcellerie
Pour le moment, les recherches se poursuivent sur le site, pour extraire les véhicules et corps ensevelis. Le ministère de l’Administration territoriale a circonscrit l’accès du site aux seules personnes habilitées pour des situations similaires. La survenue du 2ème éboulement ayant renseigné à suffisance sur la dangerosité du site. Mieux, Armand Kagou conseille d’«interdire la circulation des populations dans le site, le temps de faire des études géotechniques des sols (épaisseur, cohésion, angle de frottement, stabilité des pentes,…)». Indiquant que « c’est un travail à grande échelle qu’il faut entreprendre non seulement sur le site mais tout le long de l’escarpement de Santchou». Mettant en garde contre des interprétations d’un autre genre : « Des gens vont penser à la sorcellerie, faire des rites traditionnelles, mais il faut être attentif à la nature pour la dominer», conseille l’expert.
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