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Alternance : La déclaration de guerre de Maurice Kamto

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« Qu’il soit clair pour tous : nous n’accepterons jamais aucune forme de succession de gré à gré à la tête de l’Etat ». Maurice Kamto a fait cette mise au point cette nuit. Dans un discours « improvisé » sur les plateformes du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), le candidat arrivé deuxième à l’ élection présidentielle 2018, a lancé « un appel à la mobilisation générale des Camerounais de tous bords, pour sortir notre pays de la nuit d’une dictature ivre du pouvoir et du fruit de la rapine, et ouvrir une page nouvelle de la construction nationale, celle d’une société libre, fondée sur l’Etat de droit, ouverte et qui donne sa chance à chacun de ses enfants». Convaincu que « les artisans du gré à gré sont plus que jamais à l’œuvre » pour organiser une transition en marge des canaux constitutionnels.

Sur cette question, Maurice Kamto avait déjà engagé la fronde avec la France après l’audience accordée par Paul Biya à l’ambassadeur de France au Cameroun. Yves le Drian, le ministre français en charge des affaires étrangères, avait rejeté toute implication de la France dans un tel projet, arguant que la rencontre se classait dans la continuité des échanges entre les présidents français et camerounais engagés à Lyon. Mais dans son adresse du 19 mai dernier, Maurice Kamto avait relancé l’attaque contre un plan de succession de gré à gré qui se préparerait au sommet de l’Etat. « Je puis vous dire aujourd’hui que les choses se précisent. Les artisans du gré à gré sont plus que jamais à l’œuvre», insiste-t-il.

Le combat contre le « hold-up électoral » se poursuit

Une suite logique du « hold-up électoral» dont la page refuse de se tourner au Mrc. « A l’issue de l’élection présidentielle du 07 octobre 2018, le Conseil constitutionnel a porté un coup dur à la démocratie camerounaise, en déclarant vainqueur un candidat qui n’avait pas réuni la majorité des suffrages dans les urnes. A la suite de cette forfaiture, des militants et sympathisants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun ont été brutalisés, torturés puis illégalement jetés en prison pour avoir protesté pacifiquement contre ce hold-up électoral, contre la guerre dans le NOSO, et contre la prévarication des ressources dédiées à l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations 2019, finalement retirée au Cameroun», rappelle-t-il. « Mais vous êtes restés debout, fiers de mener le combat pour la libération de notre pays », salue-t-il. Et pour se convaincre de la fidélité du peuple aux causes qu’il défend, Maurice Kamto convoque « la réponse exceptionnelle que vous avez massivement apportée à l’appel au boycott du double scrutin législatif et municipal du 9 février 2020 que le MRC a lancé le 25 novembre 2019 ».

Pour le leader du Mrc, le déploiement du dispositif répressif de l’Etat contre le Mrc est la preuve même du complot ourdi par les tenants du pouvoir de Yaoundé de détourner une transition qui semble de plus en plus proche, par des raccourcis. « Par ce biais, ils veulent accélérer le cours de l’histoire à leurs fins, au mépris de toutes les règles démocratiques de dévolution du pouvoir et des souffrances du peuple camerounais», croit-il. Alors « je vous alerte afin que nul n’en ignore, ni aujourd’hui ni plus tard », avertit-il.

Crise dans le Nord-ouest et le Sud-ouest, Code électoral

L’homme se dit déterminé à monter d’un cran dans le combat pour une alternance démocratique conforme aux aspirations du peuple. « Je réitère avec gravité que faute d’une résolution politique de la guerre civile que le régime Biya a provoquée dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, et sans une réforme consensuelle du système électoral à laquelle auront pris part les principales formations politiques et les organisations de la société civile crédibles, le Mrc et le Peuple du Changement n’accepteront pas qu’une nouvelle élection populaire se tienne au Cameroun. Pas plus qu’il n’acceptera aucune manipulation de la Constitution visant à organiser une succession à la tête de l’Etat par un mécanisme non électif», menace-t-il. Et « rien ni aucune circonstance politique, même exceptionnelle, ne pourra être invoquée pour organiser de nouvelles élections sans le respect de ces deux préalables », assure-t-il. Mieux, « l’annonce de l’organisation d’une élection au Cameroun sans la résolution préalable de ces deux crises qui minent notre pays sonnera comme une déclaration de guerre», monte-t-il en puissance.

De toutes les façons, « nous nous dresserons contre toute manipulation, même constitutionnelle, tendant à l’accession à la fonction suprême par des moyens autres qu’électifs », a promis l’homme qui tient en haleine le régime de Yaoundé depuis deux ans. « Nous sommes prêts ! Les tortures, les emprisonnements arbitraires et les humiliations, nous les connaissons déjà ! Quinze d’entre nous, dont le premier Vice-Président du Mrc, Mamadou Yacouba Mota, sont encore en prison. Et si la mort doit venir pour cette cause, qu’elle vienne ! », attend-il.

SDF : requiem crépusculaire pour un parti trentenaire !

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26 mai 1990. Une marée humaine envahit les rues de Bamenda et finit par se masser sur Commercial avenue. Ces dizaines de milliers de personnes répondent à un appel à manifestation qui a été lancé quelques jours plus tôt par un groupe d’activistes mené par un libraire très célèbre dans la ville pour ses actions caritatives et ses engagements dans les milieux sportifs et religieux, Ni John Fru Ndi.
 Scandant à tue-tête des slogans antigouvernementaux, cette horde massive prend la route de ‘’Up-station’’, le quartier administratif. Il est question d’y aller déposer les statuts du Social Democratic Front (Sdf), un nouveau parti politique. Très vite les manifestants sont encerclés par les forces de défense et de sécurité, notamment les patrouilles mixtes formées des éléments de la compagnie de gendarmerie de la ville et de la 223ème compagnie de combat des forces armées. Il faut dire que depuis quelques jours, la ville était devenue une véritable garnison.
 Le ton monte très rapidement, et comme il fallait s’y attendre, cette marche est durement réprimée dans le sang avec 6 morts « piétinés » par balles selon le bilan officiel présenté par le ministre de la communication d’alors, Henri Bandolo dans la même soirée. Inaugurant l’ère des « arrangements gouvernementaux avec la vérité ».
Mais cela n’empêchera pas les leaders déterminés de déposer finalement le dossier du Sdf à la préfecture de la Mezam. Signant ainsi le retour du Cameroun au multipartisme, après une première tentative engagée en mars de la même année par Yondo Black, Ekane Anicet, Henriette Ekwe, Albert Mukong, et Cie, et qui leur avait valu un procès au tribunal militaire de Yaoundé avec à la clé des condamnations à des peines allant jusqu’à cinq ans d’emprisonnement ferme. C’est alors tout naturellement que le Sdf prendra le leadership de l’opposition, représentant aux yeux de l’opinion publique une véritable alternative crédible et solide au pouvoir Rdpc en place. Malheureusement au fil des années, le parti de Ni John Fru Ndi a plus que perdu de sa superbe. Caracolant aujourd’hui dans les tréfonds des classements électoraux, et voyant son influence dans le landerneau politique camerounais être réduit en peau de chagrin. Avec des lendemains qui risquent beaucoup plus déchantant.

UNE VERITABLE ALTERNATIVE POUR LE CHANGEMENT DANS LES ANNEES 1990

Quand le Sdf est lancé ce 26 mai 1990, le pays tout entier rentre dans une véritable transe d’exultation. De nombreux Camerounais partiront des régions du Cameroun pour prendre part à cet évènement. La clameur monte dans les ménages. Et pour accompagner cet instant historique qui se joue à des centaines de kilomètres de la capitale, les étudiants de l’université de Yaoundé, engagent une marche qui les mènera devant l’assemblée nationale où ils chanteront l’hymne nationale en anglais. Un symbole très fort, car on a la future élite intellectuelle et administrative du pays qui décide d’investir le plus haut lieu de la représentation nationale, afin d’adouber une dynamique de contestation de l’ordre régnant. Le Sdf cristallise alors toutes les attentes et représente la principale alternative au Rdpc. Tout d’abord sur le plan idéologique, car il se définit comme un parti de gauche en opposition au parti au pouvoir qui est une forme bricolage idéologique dont les pratiques des responsables pourraient conduire généralement à son classement à droite, et à certains moments à l’extrême droite. Le haut personnel du Sdf est tout aussi rassurant car derrière la figure, encore peu évocatrice de Ni John Fru Ndi, se cachent des forts en thèmes et véritables foudres de guerre comme le bâtonnier Bernard Muna, le professeur Assonganyi, enseignant à la faculté de médecine, Siga Asanga, enseignant de littérature à l’Université de Yaoundé, Nyo’ Wakaï, magistrat 
hors hiérarchie, conseiller à la
 cour suprême, Vincent Feko,
inspecteur des Impôts à Douala,
Clément Ngwasiri, enseignant de
droit à l’Université de Yaoundé,
Albert Mukong, habitué de la
contestation et des prisons politiques, Carlson Anyangwe, en-
seignant de droit à l’Université de
Yaoundé, James Mba-Akhu
 Banga, homme d’affaires à
Yaoundé, Aloysius Tebo, homme
d’affaires à Yaoundé, Alfred Aze-
for, enseignant à l’Ecole normale, annexe de Bambili, Gemuh Akuchu et Tah Zacharias. Auxquels s’ajouteront dans le cadre de l’Union pour le changement d’autres figures marquantes comme le Dr Hameni Bieuleu, spécialiste des questions de défense, Me Charles Tchoungang, célèbre avocat et activiste des droits de l’Homme, Charly Gabriel Mbock, Anthropologue de renom, Jean Michel Nintcheu, activiste des droits de l’Homme, Mbouamassok, le créateur des « villes morts », Maurice Kamto, enseignant de droit à l’université de Yaoundé ou encore Djeukam Tchameni, homme d’affaires et activiste politique condamné par le tribunal militaire de Yaoundé à trois ans d’emprisonnement ferme pour subversion. Ceci participe à le crédibiliser aux yeux des populations. Toute chose qui ne tardera pas à se manifester dans les urnes. C’est ainsi qu’au sortir de la présidentielle 11 octobre 1992, le candidat du Sdf, Ni John Fru Ndi, remporte officiellement environ 36%. Plusieurs sources crédibles le donnant même largement vainqueur.

Lors des élections municipales du 21 janvier 1996 et législatives du 17 mai 1997, le Sdf s’en sort respectivement avec 62 municipalités et 48 députés. Encore que pour amenuiser ses résultats, le pouvoir en place aura dû faire appel aux techniques de fraude aussi brutales que scandaleuses, et qui aura conduit à l’élimination des listes du Sdf dans environ 150 circonscriptions électorales ! Allant même jusqu’à la « confiscation » pure et simple de certaines mairies remportées par le parti de la balance à l’instar de celles de Yaoundé 2 et 6. Inaugurant la pratique du « hold-up électoral » qui refera surface lors de la présidentielle de 2018.

Le Sdf est alors incontestablement le leader de l’opposition camerounaise. Cependant, cette reconnaissance institutionnelle sonnera aussi sa longue et continue descente aux enfers.

EMBOURGEOISEMENT ET DERIVES AUTOCRATIQUES

En effet, l’institutionnalisation du Sdf par la conquête des postes électifs locaux va se traduire par l’accession de ses responsables à des avantages assez importants, tant sur le plan protocolaire que matériel.
 C’est ainsi que Ni John Fru Ndi, saisit par le syndrome du « président élu », va exiger d’être désormais appelé « Son excellence ». Et au fil des années, le personnage va s’enfermer dans une logique mégalomaniaque accompagnée, comme cela est souvent le cas, par une dérive autocratique.
A cette appétence démesurée pour les honneurs, il va également se découvrir un gout immodéré pour le lucre et le luxe. Désormais, c’est en cortèges « présidentiels » qu’il se déplace. Et fait les tournées internationales en classe affaire. Et se construit des résidences présidentielles dans le pays.
Il faut dire qu’avec le financement public des partis politiques, les contributions des membres et surtout les appuis de la diaspora et des partenaires internationaux tels que le réseau de l’international socialiste, l’argent coule à flot dans les caisses du Sdf. Et le moins que l’on puisse dire est que le Chairman en use et en abuse.
 Et le moins que l’on puisse dire est que ses collaborateurs suivent ses pas. C’est ainsi que les nouveaux maires et députés deviennent des pachas qui puisent à fond dans les caisses des mairies et utilisent à des fins privées les fonds des micro-projets. Mieux encore, ces « nouveaux riches » vont désormais afficher un mépris permanent envers les populations qui les ont pourtant supportés, défendus et élus.

Cet affichage d’arrivisme engendre une course effrénée aux postes au sein du parti. L’élection devenant une fin plus qu’un moyen d’amélioration de la condition des populations. Les factions font florès. Et désormais, c’est la foire d’empoigne et la commercialisation des investitures. Toutes choses qui engendrent des critiques acerbes, notamment de la part des pères fondateurs qui voient à leur grand dépit, le parti totalement se dévoyer. En guise de réponse, Fru Ndi sort de son fourreau l’article 8 alinéa 2 des statuts du parti qui avait initialement été conçu pour neutraliser les traitres et les infiltrés. Et de nombreuses têtes vont rouler sur le billard. Une pratique autocratique qui va plutôt renforcer la défiance à l’intérieur du parti.

C’est ainsi qu’en 2006, le Sdf a tenu deux congrès simultanément à la suite de querelles internes : celui des « légitimistes » et celui des « dissidents ». L’aile « légitimiste » a reconduit sans surprise à la présidence Ni John Fru Ndi, à l’issue d’un congrès de trois jours qui s’est tenu à Bamenda. L’aile « dissidente » a tenu des assises concurrentes à Yaoundé et a élu à la présidence du Sdf Bernard Muna. Des affrontements entre militants des deux camps ont fait un mort, Grégoire Diboulé, dans les rangs des « dissidents » lors de ce congrès. Ni John Fru Ndi a été mis en examen « complicité d’assassinat, blessures simples et blessures légères » avec une vingtaine d’autres dirigeants du parti en août 2006 à la suite de ce décès. Il sera plus tard blanchi par la justice.

Mais, le mal sera déjà viscéralement installé dans cette formation politique, le Chairman devant de plus en plus usé des méthodes autocratiques pour se maintenir à la tête du parti. Ce qui engendrera une saignée en termes de militants de premier plan tels que Pierre Kwemo, Bernard Muna, PrAssonganyi, Dr Elisabeth Tamadjong, Dr Kamdoum, Kah Walla, et bien d’autres.

LA QUESTION ANGLOPHONE ET LE DILEMME REPUBLICAIN

L’autre élément qui va davantage creuser la tombe du Sdf est la question anglophone. En effet, à son lancement, le Sdf est perçu par la très grande majorité des anglophones comme la plateforme d’expressions de leurs revendications. Ce d’autant plus que par leurs démissions du Rdpc, Solomon Tandeng Muna et John Ngu Foncha sont en rupture de ban avec le pouvoir de Yaoundé, et ont désormais rejoint les rangs des activistes anglophones.
 Mais quand se tiennent les ‘’All Anglophones Conference’’ de 1993 et 1994, le Sdf fait face à un dilemme : soit conserver la figure républicaine de Fru Ndi issue de l’élection présidentielle de 1992, soit faire replier le Sdf dans son bastion anglophone afin qu’il endosse les revendications des fédéralistes voire des sécessionnistes.
Le leader du Sdf, espérant diriger le Cameroun dans les prochaines années, et surtout considérant ses importants soutiens dans la partie anglophone, va opter pour le républicanisme. Rompant ainsi avec une bonne partie de la base anglophone.
Cette rupture va s’aggraver au fil du temps pour finalement exploser lors de la crise anglophone en cours depuis 2016, faisant perdre à ce part près de 70% de son électorat de base. L’on se rappelle alors de l’image d’un Fru Ndi conspué et quasiment molesté par des jeunes en furie le 21 novembre 2016 au début des revendications des avocats et des enseignants anglophones. Ils l’accusaient de connivence avec son « ami » Paul Biya.

SOUPÇONS DE CONNIVENCE ET DE CORRUPTION
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Ces soupçons de connivence entre le leadership du Sdf et le régime de Yaoundé est en grande partie responsable de la chute abyssale du Sdf. Il faut dire que les responsables du parti de la balance ne font pas grand effort pour qu’il en soit autrement.
Entre invitation des responsables du Rdpc lors des congrès du Sdf, négociations nocturnes avec le gouvernement, revirements des positions sur la participation aux élections, sabordage de la coalition de l’opposition en 2004, discours lénifiant ou silence complice sur certaines actions, le Sdf manque rarement ces dernières années une occasion de renforcer ce ressentiment. Et ce ne sont pas les élections sénatoriales de 2013 où le Rdpc a appelé à voter pour ses candidats à l’Ouest et dans l’Adamaoua qui ont arrangé les choses.

LA MUTATION DE L’ELECTORAT ET L’EMERGENCE DES NOUVEAUX ACTEURS

Pendant que le Sdf s’enferme dans ses contradictions internes et externes, il n’a pas suffisamment tenu compte de la mutation de l’électorat camerounais. Il n’a pas ainsi su adapter ses orientations, ses actions et surtout ses propositions à une population dont 75 ̈% avait moins de 5 ans en 1992. Sa communication étant restée largement acariâtre et archaïque dans un contexte de triomphe tous azimuts des technologies de l’information et de la communication, avec en prime le règne des fameux réseaux sociaux.

Pire encore, le Sdf n’aura pas su anticiper et s’adapter à l’émergence de nouveaux acteurs politiques, notamment le Mrc de Maurice Kamto qui aura siphonné non seulement une bonne partie de son establishment déçu, comme l’illustre le cas de Célestin Djamen, mais surtout aspiré littéralement son électorat francophone, largement installé dans le Littoral, le Centre et bien évidement l’Ouest.

Les récentes débâcles électorales lors de la présidentielle de 2018, et des municipales et législatives des 2020 n’ont alors été aucunement une surprise pour les observateurs avertis. Même si le leadership de Joshua Osih a contribué à empirer les choses.

VERS L’UPECISATION DU SDF ?

Justement l’investiture de Joshua Osih comme candidat du Sdf lors de la présidentielle de 2018, si elle est apparue comme un moment historique dans la vie politique du Cameroun où un « président-fondateur » cède la place à un autre, ce d’autant plus relativement jeune, a été l’occasion de réaliser la profondeur des mésententes qui meublent aujourd’hui les sommets de ce parti. Mieux encore, le confinement du Sdf aujourd’hui à une présence symbolique dans les institutions avec 3,35 % lors de la présidentielle, 4 députés, 7 sénateurs et à peine une dizaine de mairies, laisse penser que celui-ci sera davantage évoqué dans les années à venir plus pour ses faits d’arme historiques, notamment dans le cadre de la lutte pour le retour du multipartisme et l’amélioration du système électoral, que pour ses capacités à gouverner le Cameroun un de ces quatre.

Et tout porte à croire que la disparition de Ni John Fru Ndi, qui a déjà un certain âge, 79 ans, donnera lieu à une véritable guerre de succession. Situation conflictuelle qui risque fortement de déboucher sur la multiplication des officines politiques réclamant la dénomination Sdf. Comme cela est le cas aujourd’hui avec l’Upc qui est émiettée en de multiples factions et tendances.

Banque: épargnants et entreprises formés à l’audit bancaire

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epargnants et entreprises formés à l’audit bancaire
Ce que cache l’augmentation des taux de crédit à la Beac.

Former les épargnants et les entreprises à la pratique de l’audit bancaire. Tel est l’objectif que s’est fixé la Mutuelle Inter Africaine des Consommateurs des Biens et Services dont le président est l’auditeur bancaire, Pierre Numkam. A cet effet, une vaste campagne d’information et de formation a été lancée le 26 mai dernier à Douala, sous le thème : « le cadre amiable » institué par l’ordonnance n°003 du 27 avril 1990 du Président de la République pour la liquidation des banques en faillite au Cameroun : un socle incontournable pour l’émergence du système bancaire qui relance les économies à l’ère de la Covid-19 ». Destinée aux populations, cette formation se tient dans un contexte marqué par la pandémie du Covid-19. La Mutuelle a donc saisi cette opportunité pour mettre à la disposition du public un opuscule intitulé « le loup est dans la bergerie ! comment mettre fin à ces faillites bancaires organisées pour détruire nos entreprises, piller nos épargnes dans les banques et microfinances et briser nos vies ? ». Ce document entend démontrer que le système bancaire camerounais se trouvait déjà au bord de l’effrondrement bien avant la survenance de la crise du coronavirus. A cet effet, estime Pierre Numkam, il est plus que jamais urgent de mettre sur pied ce qu’il appelle « le cadre amiable », sorte de plateforme pouvant servir de cadre d’arrangement amiable des difficultés rencontrées dans le remboursement des crédits bancaires. Plusieurs objectifs sont ainsi assignés à cette plateforme : « redresser les banques et les microfinances actuellement en faillite et menacées d’une mise en liquidation qui peut intervenir à tout moment ; vaincre la crise de pénurie des devises qui frappe nos pays et évolue inexorablement vers une nouvelle dévaluation du franc CFA; restituer aux populations leurs dépôts (épargnes) bloqués dans les banques et les microfinances qui ont fermé leurs portes dans nos pays; ouvrir aux microfinances l’accès aux ressources monétaires afin que toutes nos populations puissent avoir accès aux crédits bancaires pour financer leurs besoins et sortir de la pauvreté ». L’opuscule « le loup est dans la bergerie » révèle par ailleurs que la mise en œuvre du « cadre amiable doit permettre de créer au moins 5000 emplois qualifiés. Cet arrangement amiable va ainsi permettre que survive les entreprises qui pourront alors rembourser leurs crédits, pour que soit redressée la banque et les dépôts des épargnants soient préservés. Selon Pierre Numkam, « le cadre amiable » institué depuis le 27 avril 1990 et qui n’a jamais été mis en place surgit comme étant la solution d’inspiration divine pour redresser le système bancaire et relancer l’économie. En effet, pour préserver l’épargnant contre les faillites bancaires, il met autour de la même table de travail l’épargnant-la banque et l’entreprise, aux fins de s’assurer que tout crédit qui a été accordé à l’entreprise a été fait dans des conditions qui lui permettront de se développer harmonieusement pour faire des bénéfices sur lesquels elle remboursera son crédit.

Par Junior Matock, Défis Actuels 484.

Crédits TVA : l’Etat paie 10 milliards aux entreprises

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Crédits tvA : l’etat paie 10 milliards aux entreprises
Les mesures fiscales vont coûter 114 milliards à l’Etat

Chose promise, chose due. L’enveloppe de 25 milliards de francs CFA promise aux entreprises dans le cadre de l’apurement des stocks de crédits TVA a été récemment complété par l’Etat. L’annonce a été faite par le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, lors du dernier conseil de cabinet qui a eu lieu le 25 mai dernier : « j’ai déjà signé la liste des entreprises bénéficiaires », disait-il en substance au sortir de cette réunion consacrée à la revue de la stratégie gouvernementale de riposte contre le Covid-19. Après avoir contacté le directeur de la Trésorerie du Minfi, Samuel Tela a confirmé que « les 10 milliards ont déjà été mis à la disposition des entreprises ». Ces ressources viennent ainsi apporter un peu d’oxygène aux entreprises qui peinaient à respirer du fait des effets de la Covid-19. Pour certains spécialistes, la trésorerie des entreprises s’en trouve ainsi ragaillardie, à la suite de la situation d’inactivité dans laquelle elles s’étaient retrouvées. L’apurement de ces crédits TVA intègre une kyrielle d’autres mesures prises par le gouvernement en direction des entreprises et des ménages. Il s’agit notamment de « la suspension au titre du 2ème trimestre 2020 des vérifications générales de comptabilité, sauf en cas de comportement fiscal suspect ». En outre, l’Etat a décidé du report du « délai des déclarations statistiques et fiscales sans pénalités en cas d’acquittement, l’octroi de moratoires et de différés de paiement aux entreprises directement affectées par la crise, suspendant les mesures de recouvrement forcé à l’encontre de celles-ci ». A ces mesures viennent s’ajouter la « déductibilité totale pour la détermination de l’impôt sur les sociétés des dons et libéralités consentis par les entreprises pour la lutte contre la pandémie du Covid-19 ». Par ailleurs, l’Etat a consenti à « l’exonération de la taxe de séjour dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration pour le reste de l’exercice 2020, à compter du mois de mars ». Il est également prévu « l’exonération de l’impôt libératoire et de la taxe de stationnement pour les taxis et motos taxis, ainsi que de la taxe à l’essieu au titre du 2ème trimestre ». Il convient de préciser que cette mesure pourrait s’étendre sur le reste de l’année 2020. En outre, les commerçants bénéficieront de l’exonération au titre du 2ème trimestre, de l’impôt libératoire et des taxes communales ( droit de place sur les marchés, etc), au profit des petits revendeurs de vivres. Aussi, pour les produits de premières nécessité, le gouvernement a prévu la « suspension temporaire pour une durée de trois mois, du paiement des frais de stationnement et de surestaries dans les ports de Douala et de Kribi ».

Par Junior Matock, Défis Actuels 484

Reprise des cours : Les assurances du gouvernement

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René-Sadi veut rassurer l'opinion nationale

A trois jours de a reprise des cours décidée par le gouvernement camerounais, le ministre de la Communication (Mincom), porte-parole du gouvernement, a essayé de rassurer l’opinion nationale sur les mesures prises afin d’assurer l’effectivité de ce retour en classé qui ne concerne que les élèves des classes d’examen. « Après plusieurs semaines d’évaluation de la situation de la pandémie dans notre pays, et face à une double exigence liée d’une part, à la réponse sanitaire apportée au COVID-19, et d’autre part, à l’absolue nécessité de veiller à ce que nos jeunes apprenants, au niveau scolaire et universitaire, n’aient à subir les affres et conséquences d’une année de formation tronquée, du fait des contrecoups inhérents à cette grave crise sanitaire, le Gouvernement a pris ses responsabilités, en choisissant d’organiser à compter du 1er Juin 2020, c’est-à-dire, dès lundi prochain, une reprise des classes, qui intègre forcément le contexte spécifique et spécial de la pandémie du coronavirus», justifie René Emmanuel Sadi. Au cours d’un point de presse donné en son département ministériel ce 29 mai, en compagnie des ministres en charges de l’éducation.

Les syndicats en ordre de bataille

Au moment où une polémique enfle sur l’urgence de cette reprise. La pandémie du covid-19 poursuivant sa montée en puissance au Cameroun. Avec des chiffres qui font état de 5356 cas testés positifs au soir du 28 mai, pour 177 décès et 3326 cas de guérison. Et l’indiscipline que dénonce le gouvernement qui a pourtant rompu le confinement décidé au pays le 17 mars un mois seulement après, n’encourageant pas les parents à libérer leurs enfants pour les classes lundi prochain. « La décision finale allant dans le sens de la préservation de l’année scolaire et académique d’une frange de la population scolaire et estudiantine, notamment les élèves et étudiants en classes d’examens officiels, a fait l’objet d’une analyse minutieuse », assure le porte-parole du gouvernement. Indiquant que « parallèlement au train de mesures déjà mises en place pour la reprise des classes, des dispositions conséquentes ont également été prises, en vue d’anticiper sur les risques liés à la pandémie du coronavirus qui continue bien sûr d’être une préoccupation pour notre pays». Mieux, « le Gouvernement de la République rassure la communauté éducative quant à la mobilisation efficiente et optimale des responsables des différents corps de l’éducation, pour une reprise des classes sécurisée, non seulement, pour les élèves et les étudiants, mais également, pour le corps enseignant », argumente-t-il.

Alors que dans le même temps, les syndicats d’enseignants menacent de ne pas suivre le pas gouvernemental, pour avoir été mis à l’écart des réflexions en vue de la reprise des cours. Les syndicats de tous les ordres d’enseignement ont saisi le Premier ministre depuis le 20 mai pour lui faire part de leurs préoccupations. A ce jour, aucune réponse n’a été donnée à ces derniers.

Engagement : Shanda Tonme se lance en politique

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Le champ politique camerounais vient de s’enrichir d’un nouveau parti politique : le Mouvement populaire pour le dialogue et la réconciliation (Mpdr), même si les documents sortis du ministère de l’Administration territoriale (Minat) porte le nom FPR. « Après avoir déposé le dossier à l’Administration territoriale, nous plusieurs fois fait des modifications ; mais il y avait aussi beaucoup de réglages à faire», justifie Jean Claude Shanda Tonme, son président. qui était jusqu’ici plus connu sur le terrain de la société civile. Indiquant que les pères fondateurs du parti recherchaient une certaine originalité, en esquivant des rapprochements ou confusions avec d’autres partis politiques existant ou ayant existé ailleurs au Cameroun être en Afrique. Toujours est-il que « nous voulions qu’il y ait réconciliation dans le nom du parti». Ça y est. L’outil nécessaire pour faire de la politique existe. « Humblement, je crois qu’il est temps pour moi d’agir comme quelqu’un qui veut participer à influencer les grandes décisions et préoccupations dans mon pays avec un statut pus assumé dans les cercles politiques », se justifie-t-il au cours d’un échange avec la presse à son domicile ce 28 mai au soir. « Avec la société civile, c’est parfois une fuite en avant, un manque de courage. J’ai pensé à un moment qu’il fallait que je m’assume », poursuit-il.

Centre d’intérêt, le social

Jean Claude Shanda Tonme arrive à un moment où le terrain affiche un vide en termes de positions à prendre pour pouvoir continuer à la marche du pays. Les principales élections étant déjà passées : présidentielle, municipales, législatives et sénatoriales. Il ne reste plus que les régionales dont la participation n’est pas toujours aisée pour des partis ne disposant pas d’élus au niveau de la base. Là n’est pas le problème du « jeune » homme politique. « Je suis un acteur politique ; j’ai des choses à dire, des choses à faire. J’ai (seulement) décidé d’être plus présent comme acteur », pense-t-il. Et d’ailleurs « je suis plus à l’aise sur le terrain social. Tous les jours je reçois des gens qui me posent des problèmes, avec lesquels j’échange sur des tas de problèmes. Tous les jours je suis au contact du petit peuple et je l’aide à résoudre des problèmes quotidiens. Je me sens plus à l’aise sur ce terrain », assure le diplomate qui était au front récemment pour la cause d’Yves Michel Fotso, et qui sollicitait la clémence du Chef de l’Etat.

Du La’akam à la réconciliation

Mais la grande préoccupation du Mpdr reste la réconciliation. « Nous avons atteint un niveau de haine que si on ne prend garde, notre cohésion nationale va complètement se détériorer », a-t-il constaté. Et le « médiateur social » se croit mieux placé pour recoller les morceaux : « J’ai grandi à Déido, et je revendique mon appartenance à la communauté Déido. Mais les grandes familles Déido sont en train de disparaître du fait de la modernité avec l’envahissement », regrette-t-il. « Je suis un membre influent du La’akam et je sais ce que c’est, cette association. Cette association a été mal perçue et certains ont cru qu’elle avait été créée pour une guerre ethnique. je voudrais vous rappeler que les vrais patrons du La’akam sont les chefs traditionnels et le but n’était pas de faire la guerre aux autres ethnies, mais de structurer, de conseiller et d’encadrer la communauté », se justifie-t-il. Jurant de lutter contre toute forme d’instrumentalisation de la vie politique à des fins ethniques. « Le temps du village est passé ; aujourd’hui c’est le temps du Cameroun», proclame Shanda Tonme. de même, le nouvel homme politique menace de s’en prendre à tous ceux qui voudraient déstabiliser le Cameroun au motif de vouloir faire tomber le régime de Biya qu’il voit aujourd’hui comme un « sage », un « rassembleur » qui a une grande idée de l’unité nationale. « Le Cameroun n’est pas l’Algérie, le Cameroun n’est pas l’Egypte, le Cameroun n’est pas la Tunisie, ni le Soudan», clame-t-il.
En tout cas, « j’ai remercié le Minat après l’obtention de la légalisation du parti et je l’ai rassuré que nous travaillerons à la réconciliation nationale», a confié l’homme. Ne tarissant pas d’éloges à l’endroit de Paul Atanga Nji le Minat que d’aucuns voient comme ennemi de la paix. «Il en est de même pur Paul Pondi que je voyais comme un policier sanguinaire ; mais j’ai eu l’occasion de discuter avec lui aux Etats-Unis et j’ai changé d’avis », témoigne-t-il.

Enseignement supérieur : Fame Ndongo réorganise la fin de l’année

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Fame Ndongo veut des examens de fin d'année sans Covid

Dans le nouveau découpage de l’année au ministère de l’Enseignement supérieur (Minesup), la soutenance des rapports de stage et des projets tutorés est prévu du 8 au 26 juin 2020. Les épreuves pratiques du Bts, Hnd, Dsep, Hpd, auront lieu du 29 juin au 04 juillet 2020. Quant aux épreuves écrites, le Bts est programmé du 20 au 25 juillet 2020 et les autres examens, du 27 juillet au 1er août 2020.

Dans la lettre circulaire signée à cet effet ce 27 mai 2020, la Covid-19 influence ce nouveau découpage ainsi que l’organisation des examens qui relèvent de l’enseignement supérieur. Au moment où le Cameroun court encore vers l’atteinte du pic dans cette pandémie, le Minesup est largement revenu sur les dispositions que prend son ministère pour lutter contre le virus qui sème la panique dans le monde entier. « Je vous invite à l’application, sans faille, des mesures suivantes dans les différentes phases de l’organisation et du déroulement desdits examens au sein des établissements devant les abriter», écrit Jacques Fame Ndongo à ses collaborateurs.

Mesures-barrières contre le Covid-19

Le respect des mesures-barrières est de mise. Ainsi, Jacques Fame Ndongo prescrit l’obligation du port du masque facial pour toute personne ayant accès à tout établissement accueillant des candidats aux examens. Le dispositif de lavage des mains doit être systématiquement disponible et facilement repérable aussi bien à l’entrée de l’établissement que devant les amphithéâtres, les blocs pédagogiques, les salles de cours et les toilettes. Le lavage des mains étant obligatoire pour tous les étudiants et l’ensemble des intervenants aux examens nationaux. L’usage du thermo-flash est recommandé « afin de mesurer instantanément et sans contact la température corporelle des cas suspects ». Le Minesup prescrit également « la désinfection régulière des laboratoires, des ateliers, des équipements, et des salles de composition ».

Par ailleurs, « l’admission à l’enceinte de l’établissement est exclusivement réservée aux candidats programmés, selon un ordre de passage bien établi et largement diffusé », souligne la circulaire. L’usage de solutions hydro-alcooliques recommandée pour « tous les acteurs dans les salles de soutenance ». Seules les personnes justifiant d’une présence importante seront admises en salle. La distance requise entre membres du jury est d’un mètre et de trois mètres entre les membres du jury et le candidat à la soutenance. Un seul photographe est admis en salle pour les photos et ce dernier devra être accrédité par l’établissement.

Chracehr : Paul Biya fait confiance à Mama Fouda

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Mama Fouda à l'inauguration du Chracerh en 2016

André Mama Fouda est le nouveau Président du Conseil d’administration (Pca) du Centre hospitalier de recherches et d’application en chirurgie endoscopique et reproduction humaine (Chracerh). Ainsi en a décidé le président de la République hier dans un décret. Paul Biya a déchargé Séraphin Magloire Fouda pour nommer à la place André Mama Fouda qu’il avait remercié du ministère de la Santé publique (Minsanté) le 4 janvier 2019. Mettant ainsi un terme à un séjour long de douze années (7 septembre 2007-4 janvier 2019) à la tête de ce ministère.

Ce n’est pas la direction de la prison que cet ingénieur de génie civil a prise, comme l’annonçaient des sources. Lui reprochant des indélicatesses dans la gestion des fonds du Minsanté. D’aucuns voyaient l’Agence nationale d’investigations financières (Anif) aux trousses du fils de Yaoundé 3ème en raison des fortes sommes d’argent qu’il garderait à la maison et que les multiples coups de vols dont il a été victime ont dévoilés, si l’on en croit des informations liées à ces incidents. Des dizaines, voire des centaines de millions à chaque coup.

Paul Biya avait simplement laissé à la réserve de la République ce cadre du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc). Seize mois après sa sortie du gouvernement, André Mama Fouda retrouve une place au soleil. Du moins il conforte ce qu’il lui restait comme strapontin à l’ombre du pouvoir. Lui qui « n’était plus que » Pca du Centre nationale d’approvisionnement en médicaments et consommables médicaux essentiels (Cename). Une corde similaire vient être ajoutée à son arc. L’homme qui a inauguré le 6 mai 2016 le Chracerh, y revient comme Pca.

Reprise des cours : Dion Ngute aphone, ses ministres courent contre la montre

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Snobe-t-il les syndidats?

A quatre jours de la reprise des cours décidée par le gouvernement, rien n’est encore rassurant quant à l’effectivité de l’opérationnalisation de cette décision. Dans une lettre datée du 20 mai dernier, les syndicats du secteur de l’éducation ont posé des conditions que devra remplir le gouvernement pour une bonne reprise des cours en cette période de crise de coronavirus. « Nous n’avons encore eu aucun retour du Premier ministre. Du moins notre porte-parole ne nous a pas encore donné un retour», déclare Charles Koung, président national du Syndicat national des instituteurs contractuels et maîtres de parents (Snicomp). Dans leur lettre commune, les 19 syndicats dénonçaient la mise à l’écart des principaux acteurs de la communauté éducative par le gouvernement qui a ainsi pris des mesures dont la mise en œuvre semble être porteuse de facteurs de propagation du Covid-19, selon les syndicalistes.

Face au danger, les leaders syndicaux demandaient au Premier ministre Joseph Dion Ngute de réviser les positions du gouvernement. Ainsi, entre autres, nous souhaitons « qu’on ne parle pas de rentrée ou de reprise des cours, mais qu’on organise directement les examens de fin d’année », rappelle Charls Koung. Ce qui suppose « que le programme du 3ème trimestre soit purement et simplement mis aux oubliettes». Rappelant d’ailleurs que «en principe, au terme des deux premiers trimestres, le programme est pratiquement bouclé et le 3ème trimestre concerne les révisions et autres mises à niveau ». A défaut, et si le gouvernement tient à la reprise des cours, que les effectifs initialement arrêtés à 25 élèves par classe, avant d’être revus à 50, soient ramenés à ce premier chiffre facile à gérer et limitant les contacts au sein d’une classe. Outre la distribution gratuite par le gouvernement de gels hydroalcooliques et de l’eau coulante dans les établissements, la désinfection des campus scolaires et universitaires, l’octroi d’une prime spéciale aux enseignants pour les « risques » pris, les syndicats exigeaient également la dotation des centres d’examens de dispositifs pour parer éventuellement en urgence aux cas de Covid-19 qui pourraient survenir.

Une semaine après, Joseph Dion Ngute n’a pas encore réagi. Au cours du conseil de cabinet mensuel tenu ce jour, le Premier ministre et son équipe ont longuement échangé sur la reprise des cours, sans aborder les préoccupations des syndicats, pourtant visiblement en ordre de bataille pour une guerre contre les pouvoirs publics. Cependant, deux ministères sectoriels ont essayé de donner une suite aux syndicalistes, avec les moyens du bord. Ce 27 mai, le ministre de la Décentralisation et du développement local (Minddevel) a instruit les préfets de prendre des dispositions pour que les maires des communes et des communautés urbaines désinfectent les établissements scolaires et universitaires privés et publics avant la reprise des cours. Et aussi, que les exécutifs municipaux dotent ces établissements de nécessaires pour le lavage des mains et de thermo-flash. Une mesure qui risque de ne pas être implémentée à date, tant les mairies ont jusqu’ici développé des programmes spécifiques de lutte contre le Covid-19. Pour sa part, Pauline Nalova Lyonga, la ministre des Enseignements secondaires a ramené les effectifs dans les salles de classe à 25. Puis plus rien.

Reprise des cours : Les conditions des enseignants

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Ce sont en tout 19 syndicats des ordres d’enseignement relevant de l’éducation de base et des enseignements secondaire qui viennent de saisir le Premier ministre Dion Ngute dans un communiqué conjoint pour dire leur indisponibilité à reprendre le chemin des classes, faute de garanties sur le plan de la sécurité sanitaire. Dénonçant l’obstination des politiques à imposer leur regard sur ce secteur prioritaire de la vie de la nation. Pour les enseignants, « la décision de reprise des cours a été prise de façon unilatérale, sans consultation des autres parties prenantes de l’éducation ; et même pour sa mise en œuvre, les partenaires de la communauté éducative que sont les enseignants, les parents, bien organisés, structurés et parfaitement connus des pouvoirs publics, ne sont toujours pas impliqués ». Alors que « de telles concertations, dûment organisées dans d’autres secteurs comme le transport, le commerce, ont permis de prendre des mesures consensuelles», comparent-ils.

La lettre épluche point par point les mesures gouvernementales en rapport avec leur domaine. Les enseignants font savoir au Premier ministre qu’au départ il était question d’admettre 24 élèves par classe, puis une « contre-instruction » a prescrit 50 élèves par classe, alors même que les chefs d’établissements avaient déjà réorganisé leurs établissements. « En tenant compte de la surface d’une salle de classe, , il est évident qu’une tel effectif ne permettra pas de mettre en œuvre la mesure phare de distanciation sociale», démontrent-ils. En ce qui concerne le port obligatoire des masques, « le gouvernement n’a pas encore dit comment les enseignants et les élèves devront se les procurer». En rappelant que « l’obligation de protection de l’espace scolaire et de ses acteurs est un devoir régalien de l’Etat, et la distribution des masques et des gels hydro-alcooliques est le seul moyen d’assurer l’égale protection de tous ces acteurs devant le risque d’infection au coronavirus». Rappelant que si l’Etat cède cette prérogative aux parents, « ceux des élèves dont les parents n’auront pas les moyens de leur offrir les masques se verront logiquement interdits l’accès aux établissements scolaires». Par ailleurs les enseignants demandent au gouvernement de prendre des mesures claires visant à minimiser les risques de contamination à partir du moment où les contacts entre personnes dans une même salle de classe, l’utilisation des mêmes lieux d’aisance, la manipulation des copies,… En bref, « la reprise annoncée des cours est lourde de menaces pour les enseignants et les élèves », concluent les syndicalistes.

Parés pour la guerre

Cependant, les défenseurs de la cause des enseignants laissent à l’appréciation du Premier ministre des propositions concrètes pour éviter la situation du Japon qui a dû interrompre la reprise des cours après deux semaines, face au danger d’une infection généralisée. Pour éviter un engorgement no maîtrisée des campus, les syndicats proposent une « reprise échelonnée », en commençant par les terminales, d’assurer la distribution gratuite de masques et gels hydro-alcooliques aux élèves et enseignants sur tous les campus scolaires, de ramener les effectifs à 24 élèves par salle de classe, « d’assurer la désinfection quotidienne et méticuleuse des campus scolaires », d’équiper sur les fonds de lutte contre le Covid-19 tous les centres d’examen « pour leur permettre de répondre à toutes les urgences sanitaires qui pourraient survenir au cours du déroulement des examens de la session 2020». Mais aussi, une prime spéciale au bénéfice des enseignants pour la surcharge et le risque imposés par le nouveau contexte.

Redoutant l’usage du bâton du gouvernement face à leurs exigences, les syndicats anticipent et avisent le gouvernement que « les syndicats mobiliseront les enseignants en cas de nécessité à se défendre si des dispositions claires ne sont pas prises pour assurer leur retour protégé sur les campus scolaires ». Si Joseph Dion Ngute a pu maîtriser et neutraliser les syndicats des transports, ceux de l’éducation représentent une bombe qu’il faut désamorcer. A moins d’une semaine de la rentrée décidée unilatéralement par le gouvernement.

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