Qu’est-ce qui s’est réellement passé entre la Caf et le Cameroun ?
Normalement je devais même parlé ici parce que trop de polémiques ne servent à rien pour notre continent. Mais comme vous dites, vous êtes une télévision panafricaine, nous, notre démarche, ce qui nous anime dans la gestion de la Caf, c’est ce panafricanisme. Et tout ce qu’on a fait depuis, peut-être vous avez suivi, c’est toujours dans l’intérêt de notre continent. Et surtout, pas par vanité, mais j’ose vous dire que nous faisons partie de ceux qui ne veulent plus qu’on traite l’Afrique comme Afrique tout le temps ; voilà les Africains. On en a marre. Il faut que nous changions. D’ailleurs, si j’ai été élu à la Caf, c’est par cet engagement de changer. Je dois respecter cela et c’est ce que je fais depuis mon élection. Respecter cet engagement que j’avais pris devant le congrès de la Caf qui m’a donné son mandat de présider la destinée de la Caf pendant quatre ans. Que s’est-il passé ? C’est clair : il ne faut pas chercher loin ; on a suivi, c’est un héritage qu’il faut assumer, et je l’assume. La Can a été attribuée, 2019 au Cameroun et 2021 en Côte d’ivoire. On a fait déjà des visites d’inspection dans ces deux pays, une seule fois en Côte d’ivoire, mais plusieurs fois au Cameroun. Pour rappeler que les travaux nécessitent des accélérations. Vous savez que la Can a été attribuée en 2014. Ce n’est pas à moi, mais à vous les médias, de faire des investigations pour voir quand ces travaux ont été engagés. Lorsqu’on a fait les visites, on a pris des cabinets privés, notamment Rolland Berger, renforcés par l’administration technique. On a même annulé les membres du comité exécutif pour ces visites parce que nous sommes des politiciens.
»ce sont des décisions légitimes et légales que nous avons prises »
Et de 2, on a monté une commission des spécialistes en sécurité, qui ont fait des visites et si je vous dis les gens qui ont composé cette commission,… C’est un général, ancien président de la fédération rwandaise, qui était chef de la mission des Nations unies pour la sécurité du côté du Mali, si je ne me trompe pas ; le président de la fédération du Niger, un colonel major qui est habitué à des sécurisations dans les pays du Sahel ; et deux officiers de sécurité de la Fifa qui sont venus. Ils sont partis voir. Et on s’est réuni parce que la date limite pour nous c’était ce mois-ci. Il y a nos partenaires, et vous savez que c’est la Can qui finance le football africain. Et puis surtout, quoi qu’il en soit, c’est le summum des compétitions en matière sportive en Afrique. Le changement que nous voulons en Afrique c’est ça. Lorsqu’on a pris cet engagement, on est parti avec toutes les parties prenantes du football au Symposium pour reconfirmer ce que nous voulons vraiment, nous les acteurs du football africain. Voilà les différents éléments qui ont confirmé et nous avons validé par le Comité exécutif et approuvé par le Congrès de la Caf. Donc ce sont des décisions légitimes et légales que nous avons prises. On a fait le tour, analysé les différents contours. A l’unanimité, je peux vous l’affirmer, nous étions 20 membres du Comité exécutif, il n’y avait pas 22, à l’unanimité, nous avons dit, ‘’nous ne pouvons pas’’.
Ce n’est pas possible d’organiser la Can au Cameroun c’est ça ?
Ce n’est pas possible d’organiser la Can au Cameroun cette année-là. Mais conscient de la situation, des efforts entrepris et surtout de l’engagement, j’ai rassuré les membres du Comité exécutif parce qu’ils n’étaient pas là, c’est moi seul qui ai rencontré le président Paul Biya. J’ai vu son engagement, sa volonté réelle pour cette Can, et j’ai dit, ‘’nous ne pouvons pas faire autrement’’. Le règlement, c’est le comité exécutif, l’ancien, qui l’a mis en place. Alors on peut faire d’entorse, parce que selon le règlement, lorsqu’on retire, on retire carrément. On ne va pas redonner d’autres opportunités. Mais devant ce fait là, nous avons dit ‘’non, nous ne pouvons pas faire ça’’.
Alors, pour qu’on comprenne très bien, qu’est-ce qui a réellement bloqué ? Quel était le problème ?
Les infrastructures, vous le savez très bien. On est à 55% de la finition. Et nous ne pouvons pas aller dans un stade, dans un hôtel qu’on vient de terminer, emmenant 500 jeunes footballeurs professionnels. Tout cela ajouté aux rapports des visites d’inspection et même des informations qu’on reçoit et qui ne nous rassurent pas. C’est réel. Il faut prendre en compte l’histoire : on n’a pas encore oublié ce qui s’est passé à Cabinda. La Caf a payé lourd cet incident. Donc nous ne pouvons plus nous amuser. Lorsqu’on est responsable, il faut regarder les choses de façon générale, un à un et prendre les décisions, même si ça me fait mal de prendre cette décision. Même si on s’est réuni pendant dix heures, c’est pour cette raison. C’est pour cela qu’on a pris cette décision : décalons, parce qu’on a vu aussi que même la Côte d’ivoire n’est pas prête pour 2021, ne sera pas prête en 2021. Pour arranger les choses de manière humaine, donnons plus de chance au Cameroun, plus de temps au Cameroun, pour qu’il réalise les infrastructures et on va les accompagner de plus près, pour se rassurer que ça va aller ; et en 2021 ils seront prêts, on organise la Can au Cameroun et en 2023, on organise en Côte d’ivoire. C’était la décision prise par le Comité exécutif de la Caf.
Donc 2021 au Cameroun, c’est confirmé ?
C’est confirmé par le Comité exécutif de la Caf.
On va vous poser unequestions que se posent les Camerounais et même les Africains; certains pensent que ce problème va au-delà des infrastructures, que c’est une affaire politisée ; que répondez-vous à cela ?
Je ne sais pas comment ça se passe l’éducation chez vous, mais chez moi à Madagascar, ce n’est pas le gagnant qui s’acharne contre le perdant. Je suis vraiment ébahi. Ebahi et très étonné parce que c’est loin de mon éducation. Si vous avez suivi, lorsque j’ai déposé ma candidature à la présidence de la Caf, beaucoup de journalistes m’ont sollicité de parler du président en exercice. A aucun moment om m’a éduqué ainsi. C’est à vous de parler de sa gestion, pas à moi. Moi j’ai gagné l’élection. A quoi ça me sert cela encore ? Pour moi c’est des has been. ça n’existe même plus dans le calendrier du football international. Maintenant c’est une nouvelle équipe qui gère la Caf et on va de l’avant. Moi-même je pense que peut-être comme d’habitude, ce sont toujours les entourages qui ont perdu leurs petits avantages qui essaient toujours de personnaliser les choses. Vous êtes journaliste, si on veut attaquer quelqu’un, m’avez-vous déjà entendu parler de ce dont j’ai hérité à la Caf ? Si les gens au Cameroun me demandent aujourd’hui, ‘’étalez ce que vous avez vu à la Caf’’, je voudrais faire ça. S’ils veulent j’étalerai, et on ira de l’avant. Mais vous ne m’avez jamais entendu parler de la gestion de mon prédécesseur. A aucun moment. Si on veut l’attaquer, c’est dans ce sens-là. Il ne faut pas que les gens parlent des blablabla dehors.
»aucun règlement ne nous permet de donner 2021 au Cameroun »
Selon certaines indiscrétions, cette affaire risque d’aller au TAS ; êtes-vous préparé à cela ?
On est confiant qu’on a pris de bonnes décisions pour le bien du football africain, et selon les règles, selon les statuts et les règlements de compétitions de la Caf. Tout est clair : si vous prenez le règlement de la Can, essayez de regarder l’article 35, l’article 92. Nous n’allons pas faire comme les autres : retirer une Can à un pays et laisser tomber. Ce n’est pas notre manière et j’avais toujours dit, pour développer le football africain, on doit coopérer avec les gouvernements, surtout avec les chefs d’Etats. Je dis bien surtout avec les chefs d’Etats ; parce que nous savons aussi ce qui se passe chez nous, surtout à Madagascar et j’estime aussi chez vous, autour d’un président de la République.
Si on comprend bien, l’option du Tas n’est pas la meilleure ?
Je pense que la faute, notre faute, nous la Caf c’est de vous avoir donné 2021. Ça va être une faute qui va être ciblée par le TAS, parce qu’aucun règlement ne nous le permet. Qu’on joue le jeu, on y va, si c’est ça l’option choisie par le Cameroun. On va y aller.
Vous avez fait un nettoyage dans certaines fédérations ; sera-ce le cas au Cameroun ?
Je pense qu’on fait des efforts aujourd’hui d’assainissement et je remercie le président de l’Union africaine, le président Paul Kagame, je ne vous le cache pas, qui a accepté dernièrement qu’on discute avec lui, moi-même et le président Gianni de la Fifa. On est en train de continuer les réformes, surtout l’assainissement et la lutte contre la corruption dans le football africain. Ça existe. On a déjà commencé avec l’arbitrage, on va continuer ; on n’est pas encore sorti de l’auberge, et on va continuer. Et au niveau des fédérations, on va continuer aussi, pour que les apports, surtout internationaux ou même des gouvernements, dans le développement du football, dans le développement de la jeunesse en général, soient utilisés à bon escient.
Source : Afrique Media Tv