jeudi, octobre 10, 2024
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Can 2019 : Les visages de l’échec du Cameroun

Que ce soit Paul Biya, Philemon yang, Ferdinand Ngoh Ngoh, Bidoung Mkpatt ou encore les séparatistes des régions anglophones, les responsabilités sont partagées.

C’était prévisible. Le 30 novembre dernier, le Comité Exécutif de la CAF a décidé de retirer au Cameroun, l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) de football 2019. Mais si plusieurs données permettent d’attester sans risque de se tromper que le pays champion d’Afrique en titre est victime d’un complot bien ficelé par le président de la CAF, le Maroc et les pays membres de l’Union nord-africaine de football (UNAF), le pays des Lions Indomptables n’est pas exempt de tout reproche. Le rôle des autorités camerounaises est pointé du doigt par plusieurs observateurs.

Paul Biya : Un discours et c’est tout

Le chef de l’Etat, est le premier cité, parmi les visages de cet échec. Attendu sur le terrain des chantiers de cette compétition, Paul Biya s’est contenté d’un discours repris ensuite en boucle par son gouvernement. « Le Cameroun sera prêt le jour dit. J’en prends l’engagement », avait-il martelé. Comment peut-on prendre un tel engagement et ne jamais se donner la peine de visiter les chantiers pour s’assurer que les choses vont dans le sens souhaité ? D’avis de commentateurs sportifs, Paul Biya est coupable de s’être contenté des rapports, de n’avoir pas, du haut de sa fonction, donné un coup de pied à la bureaucratie qui a pesé sur le rythme déjà lent des travaux et surtout d’avoir fermé les yeux devant les alertes de la presse aussi bien nationale qu’internationale.

Ngoh Ngoh, Yang Philemon et Bidoung Mkpatt : le prix de l’immobilisme

Le ministère des Sports et de l’Education physique (Minsep) et les Services du Premier ministre étaient les instances les plus interpellées par les travaux préparatoires de la CAN 2019, en raison de leurs missions régaliennes, mais au-delà du gouvernement qui pilote les opérations sur le terrain, le secrétariat général de la Présidence de la République était le centre décisionnel des opérations relatives à ce dossier. Logé dans l’antichambre de la présidence de la République, l’oeil du président n’a pas toujours pu assurer la régularité des opérations. Notamment en ce qui concerne le déblocage des finances. Plusieurs fois, les chantiers ont connu des mouvements d’humeur des employés ou des fournisseurs, en raison des problèmes de finance. Des lignes budgétaires étaient pourtant prévues depuis trois exercices pour financer les travaux préparatoires. Le Premier ministre Yang Philemon n’a pas beaucoup aidé non plus, tellement il a été irrégulier sur le terrain. Et même si le discours tendait à rassurer, les rapports des inspecteurs de la CAF trahissaient toujours des avancées timides. Les enjeux liés à l’organisation de la CAN 2019 étaient pourtant énormes pour le Cameroun et les Camerounais. C’est là que la responsabilité du Comité local d’organisation (Cocan) est interpellée. Le ministre des Sports, en sa qualité de président dudit Comité n’a visiblement pas pris la pleine mesure de ses attributs. S’il n’a pas lésiné sur les moyens de mettre un coup d’accélérateur dans la préparation de la CAN féminine de 2016 (pression dans les chantiers, retrait de marché à l’entreprise chinoise Sinohydro pour résultats insuffisants etc.), Bidoung Mkpatt n’a pas fait montre de la même détermination cette fois-ci. Pour le voir dans les chantiers ou dans les salles de réunions avec les représentants d’entreprises ou des Commissions, il fallait attendre la veille d’une visite d’inspection de la CAF. Or, la montre a tourné. Aujourd’hui, il est trop tard.

Sécurité : les arguments des sécessionnistes

S’il y a un argument d’ordre sécuritaire qui fait peur à la CAF, c’est bien la crise qu’entretiennent les sécessionnistes dans les régions anglophones du pays. Depuis plus d’un an, l’on assiste à une escalade de la violence. Quand ce ne sont pas les écoles, les hôpitaux, les édifices administratifs qui sont brûlés, c’est avec l’armée camerounaise que ces séparatistes échangent des tirs. La population, impuissante reste spectatrice, prise en otage par ces « terroristes » qui n’hésitent pas à procéder par kidnapping et demande de rançon. Dans cette guerre qu’ils font perdurer, malgré les multiples batailles perdues face aux forces nationales de défense, les affidés de Sisiku Julius Ayuk font peser des risques sur la bonne tenue d’une CAN au Cameroun.

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