Nous avons observé ces dernières semaines, l’effondrement d’immeubles dans la ville de douala. Comment percevez vous vous de ce phénomène ?

Chaque fois qu’un bâtiment en construction ou un vieil immeuble s’effondre, on enregistre une onde de choc au sein de la population. Si on s’en tient aux statistiques, il n’y a pas lieu de paniquer parce qu’au cours d’une période donnée, le nombre d’immeubles qui s’effondrent est très négligeable lorsqu’il est comparé à celui des bâtiments qui demeurent stables. C’est un phénomène que connaissent beaucoup de villes à travers le monde. Il est très souvent causé par une combinaison de plusieurs facteurs. Pour le cas spécifique de Douala, les effondrements peuvent être causés par l’un au moins des facteurs suivants : erreurs dans la conception du bâtiment ; usage de matériaux de mauvaise qualité pendant la construction ; mauvaise exécution des travaux couplée à une supervision laxiste ; vieillissement précoce du bâtiment ; absence de maintenance du bâtiment ; défaillance des fondations du bâtiment ; exécution d’une excavation qui déstabilise l’immeuble construit dans la propriété adjacente etc. Il y a également lieu d’attirer l’attention du citoyen ordinaire sur le fait que l’apparition de fissures dans un bâtiment est un signe qui annonce que le ‘’bâtiment est stressé’’. Et ce signe avant-coureur peut se muer en un effondrement plus tard.

Quelles sont les caractéristiques des sols de douala et quelle est leur incidence sur les constructions ?

Les sols fermes de Douala sont généralement des sols constitués d’un mélange de sable et d’argile. Sur le plan technique, on les désigne par les termes d’argile sableuse ou de sable argileux. L’usage d’un terme au détriment de l’autre dépend des proportions de sable et d’argile que l’on retrouve dans le mélange. Une étude récente (Zoa Ambassa et Amba Chills, 2020) a révélé que sur le plan géotechnique, les sols de Douala appartiennent à la famille de sols compressibles. Ces sols se caractérisent par une déformabilité élevée, une faible perméabilité qui varie avec la déformation, une résistance limitée c’est-à-dire que ces sols se tassent assez facilement sous l’effet d’une charge appliquée. Ces sols présentent cependant une résistance de plus en plus élevée vers la base du profil d’un site. Sur la base de ces informations, le Géotechnicien conçoit son système de fondation en veillant que la charge transmise par un élément structural (poteau ou voile) au sol support soit compatible avec la capacité portante de la strate de sol qui supportera cet élément structural. Compte tenu de la faible résistance du sol, il faut s’attendre à ce que les immeubles qui appliquent des charges importantes au sol support (R+4 et plus) soient ancrés suffisamment profondément dans le sous-sol.

En tant que géotechnicien, quelles recommandations pouvez-vous formuler ?

Quelle que soit la taille du projet, pour éviter des inquiétudes et un éventuel effondrement de bâtiment générés par un comportement erratique du sol support, il est conseillé à chaque promoteur de se faire accompagner par un géotechnicien. Selon une adaptation de la norme française NF P 94 500 qui définit les missions des activités géotechniques, l’intervention du Géotechnicien peut être décomposée en 3 phases dans un projet de fondation d’immeuble : étude préliminaire du sol, étude géotechnique de conception et étude géotechnique d’exécution. Le géotechnicien fait l’étude, puis le suivi de l’exécution des travaux de fondation afin de contrôler le contexte géologique du sous-sol réel qui se révèle au fur et à mesure que les travaux évoluent. Il doit alors déceler toute anomalie, tout écart par rapport à ses prévisions, de façon à prendre au plus vite les mesures qui s’imposent pour prévenir tout accident.

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