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Pr. VIVIANE ONDOUA BIWOLE : « Les dirigeants illégaux des entités publiques ont causé une perte de 195 milliards de FCFA à l’Etat »

L’universitaire et spécialiste des questions de gouvernance et de management révèle également que depuis juillet 2023, 43 Présidents de Conseil d'Administration (PCA) ont illégalement perçu 634 millions de francs CFA.

Derrière les chiffres vertigineux de la rémunération des dirigeants d’entreprises publiques se cache une réalité bien plus complexe. Alors que les caisses de l’État sont mises à rude épreuve, des millions de francs CFA disparaissent dans les méandres de la gestion des entreprises publiques. Dans son étude approfondie, le Pr Viviane Ondoua Biwolé met en évidence que les ressources financières allouées par l’État à la rémunération des dirigeants d’entités publiques sont conséquentes, alors même que les résultats obtenus par ces derniers demeurent en deçà des objectifs fixés. La spécialiste des questions de gouvernance et de management évalue la rémunération des PCA reconnus illégaux au regard de l’expiration de leurs mandats. Pour elle, les dirigeants illégaux sont en effet les directeurs généraux et les présidents de Conseil d’Administration dont la durée du mandat excède six ans, en violation de la loi de 2017 qui consacre la limitation des mandats des dirigeants de sociétés d’État.

Selon la Pr Viviane Ondoua Biwolé, « cette rémunération est considérée comme indue et contraire aux exigences de bonne gouvernance et de République exemplaire dont se prévaut l’État Camerounais ». En effet, depuis juillet 2023, 43 Présidents de Conseil d’Administration (PCA) ont illégalement perçu un total de 634 millions de francs CFA, lit-on sur le document de 43 pages. Dans le détail, cette enveloppe comprend 325 millions de francs CFA versés au profit des PCA des entreprises publiques, et 309 millions de francs CFA alloués aux PCA des établissements publics. Ces dirigeants, dit-elle, ont occasionné à l’État une perte globale d’environ 195 milliards de francs CFA de 2020 à 2024.

Cette situation interroge sur l’efficacité de la gouvernance de ces entreprises et sur l’utilisation optimale des deniers publics. Pour la spécialiste des questions de gouvernance et de management, « l’État dépense inutilement en payant les salaires des dirigeants sociaux contre performants car ayant dégradé la valeur des entreprises (caractérisées par la baisse de la catégorie) et ceux qui sont peu performants avec les entreprises qui ont stagné ».

Le tableau de performance dressé par l’universitaire indique que 21 entreprises publiques ont stagné, et six ont régressé. Pour le dernier cas, figurent l’Aluminium du Cameroun (Alucam), la Cameroon Airlines Corporation (Camair-Co), La Cotonnière Industrielle du Cameroun (Cicam), le Crédit Foncier du Cameroun, le Chantier Naval et Industriel du Cameroun et Pamol Plantations. « Il ressort de ce qui précède que les dirigeants d’entreprises en stagnation et régression coûtent plus cher à l’État, sans véritablement produire la valeur attendue de manière importante, soit un montant global de 16,1 milliards de FCFA, contre 2,2 milliards de FCFA pour les dirigeants dont l’action permet de créer de la valeur », commente Pr Viviane Ondoua Biwolé dans cette analyse rendue publique le 29 août dernier.

Il apparaît que les rémunérations des dirigeants des 75 établissements publics étudiés ne sont pas corrélés à leur performance. Ainsi, les dirigeants des entités en difficulté ont perçu, entre 2020 et 2024, une somme largement supérieure (20,8 milliards de FCFA) à celle versée à leurs homologues ayant obtenu des résultats positifs (1 milliard de FCFA). Au cours de la période 2020-2024, les dirigeants des entreprises et établissements publics camerounais, à savoir les directeurs généraux, les directeurs généraux adjoints et les présidents de Conseil d’Administration ont bénéficié d’une rémunération cumulée de 48,4 milliards de FCFA, calculée conformément au décret du 19 juin 2019. Il est notable que près de 77% de cette somme a été versée à des dirigeants dont les entités ont affiché des résultats peu satisfaisants, voire déficitaires.

Ces résultats soulèvent des questions sur la gouvernance et la gestion des entreprises publiques au Cameroun. Alors que certaines entreprises montrent des signes de progrès, d’autres stagnent ou régressent, mettant en lumière les défis persistants en matière de performance et de gestion efficace des ressources publiques. « . La première est qu’un classement des entités publiques sera réalisé en 2025 conformément à la réglementation. Il est alors nécessaire d’avoir un regard vigilant sur la performance des entreprises publiques dont la contre-performance demeure permanente. La deuxième raison tient à la capacité des dirigeants actuels à générer de la valeur pour les entreprises. La troisième questionne la politique actionnariale de l’État qui maintient dans son portefeuille des entreprises malgré leur contre-performance devenue chronique ».

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