(Défis Actuels) C’est une nomination qui marque un tournant dans la gouvernance économique du Gabon : Henri-Claude Oyima, figure emblématique de la finance en Afrique centrale, a été nommé ce lundi 5 mai 2025 ministre d’État, en charge de l’Économie, des Finances, de la Dette et des Participations, avec également la responsabilité de la lutte contre la vie chère. Une promotion d’envergure pour celui qui, jusqu’ici, présidait aux destinées du puissant groupe bancaire panafricain BGFIBank. Il y a un an, il prenait également la présidence du conseil d’administration de la très prospère filiale camerounaise du groupe, BGFIBank Cameroun et même temps que l’administrateur Directeur général, Abakal Mahamat, était reconduit pour un nouveau mandat.
Un profil taillé pour le défi économique
Né le 4 décembre 1956 à Franceville, dans le Haut-Ogooué, Henri-Claude Oyima incarne l’excellence gabonaise dans les milieux d’affaires et financiers. Diplômé de l’American University de Washington DC, où il obtient un Bachelor en Business Administration en 1981 puis un Master en Development Banking en 1982, il débute sa carrière internationale dans les années 1980 chez Citibank à New York et à Athènes.
C’est au sein de Paribas Gabon qu’il effectue un retour remarqué au pays natal, devenant en 1985 directeur général, avant d’intégrer brièvement le ministère gabonais de l’Économie et des Finances comme inspecteur général. En 1996, il pilote la transformation de Paribas Gabon en BGFIBank, posant les bases d’un groupe financier d’envergure régionale aujourd’hui implanté dans 11 pays, de la CEMAC à la France.
Un banquier au gouvernement : signal fort du nouveau régime
La nomination d’Henri-Claude Oyima dans un portefeuille aussi stratégique survient au lendemain de l’investiture du président Brice Clotaire Oligui Nguema. Elle envoie un message clair : celui d’un recentrage des priorités gouvernementales sur la rigueur, la performance et l’expertise. Car Oyima n’est pas un politique traditionnel, mais un homme de résultats, habitué aux bilans chiffrés, aux engagements tenus et à la discipline institutionnelle.
À la tête de BGFIBank Holding Corporation, il a su transformer une ancienne filiale de banque française en un acteur incontournable du secteur bancaire africain, pesant dans les grands dossiers de financement, de titrisation et de développement du marché des capitaux. Il était par ailleurs président de la Bourse des Valeurs Mobilières de l’Afrique Centrale (BVMAC), de la Fédération des Entreprises du Gabon (FEG) et de l’Institut Gabonais des Administrateurs (IGA).
Un œil sur la diversification et la rigueur budgétaire
L’arrivée de ce financier aguerri au gouvernement intervient dans un contexte économique délicat pour le Gabon, confronté à une forte dépendance au pétrole, une dette publique supérieure à 70 % du PIB et une demande croissante pour une meilleure répartition des richesses. Oyima, qui connaît les failles et les leviers du secteur privé, pourrait impulser une dynamique nouvelle, fondée sur la rigueur budgétaire, la mobilisation des ressources internes et la diversification économique, notamment dans les secteurs minier, agricole et financier.
Des ambitions panafricaines assumées
Récemment, Henri-Claude Oyima déclarait à Investir au Cameroun son intention d’introduire BGFI Holding à la BVMAC en 2025, relançant un projet reporté depuis la pandémie de Covid-19. Il affirmait à cette occasion que « les principales entreprises de la CEMAC doivent montrer l’exemple en se cotant en bourse ». Ce pragmatisme et cette volonté d’intégration régionale font partie de l’ADN du nouveau ministre.
En avril, il recevait à Yaoundé une double distinction du président Paul Biya, saluant l’engagement du groupe BGFIBank dans le développement du Cameroun et les projets structurants de la sous-région. Une reconnaissance qui souligne l’influence du banquier bien au-delà des frontières gabonaises.
Un ministre d’État très attendu
À 68 ans, Henri-Claude Oyima n’est plus un novice. Il est un bâtisseur et un fin stratège. Son principal défi ? Réconcilier performance économique et impératifs sociaux dans un contexte de transition politique sensible. En alliant vision d’entrepreneur et sens de l’État, il pourrait bien être l’un des artisans majeurs de la relance économique gabonaise.
Une page se tourne pour BGFIBank, une autre s’ouvre pour le Gabon. La nomination d’Henri-Claude Oyima au cœur de l’appareil économique pourrait bien marquer le début d’un nouveau modèle de gouvernance, où technocratie, responsabilité et résultats deviennent la norme.