dimanche, mars 16, 2025
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Energie : Eneo sollicite la Chambre de Commerce de Paris pour une expertise de ses investissements

Alors que la cession des parts d’Actis dans Eneo se poursuit, l’énergéticien camerounais a saisi la Chambre de Commerce Internationale de Paris pour une expertise technique sur une partie de ses investissements en attente de validation par l’ARSEL. Cette démarche contractuelle, bien que distincte du rachat des parts d’Actis, pèse sur la situation financière d’Eneo et pourrait influencer l’avenir du secteur électrique au Cameroun.

Alors que le processus de cession des parts d’Actis dans Eneo suit son cours, une autre procédure, indépendante de cette opération, est en cours devant la Chambre de Commerce Internationale (CCI) de Paris. Et il ne s’agit ni d’un contentieux judiciaire entre Actis et l’État du Cameroun, ni d’une tentative de blocage de la vente des actions du fonds d’investissement britannique. La démarche engagée auprès de la CCI concerne uniquement une expertise technique demandée par Eneo, portant sur une portion de ses investissements réalisés entre 2014 et 2024 et encore en attente de validation par l’Agence de régulation du secteur de l’électricité (ARSEL).

UN BILAN DÉCENNAL CONTRASTÉ

Depuis une décennie, Eneo, dont Actis détient actuellement 51% des parts, a investi près de 400 milliards de FCFA pour moderniser le réseau et renforcer l’accès à l’électricité, a révélé le Directeur Général de l’énergéticien, Amine Homman Ludiye, lors d’une rencontre avec la presse le 7 mars 2025 à Yaoundé. En 2024 par exemple, 26 nouvelles lignes de distribution ont été construites, portant à 19000 KM le nombre total des lignes de distribution moyenne tension (en croissance de 80% par rapport à 2014). Il faut noter aussi la modernisation des infrastructures de production et des avancées significatives dans la gestion commerciale. Ces efforts ont permis de faire passer le taux d’accès à l’électricité de 56% en 2014 à 75% en 2024, selon les données de l’entreprise. La sollicitation d’une une expertise technique indépendante auprès de la CCI de Paris par Eneo s’inscrit dans le cadre du contrat de concession liant l’entreprise au gouvernement camerounais et vise à établir une valorisation objective des investissements concernés.

 UN DIFFÉREND TECHNIQUE, MAIS PAS UNE ACTION EN JUSTICE

Contrairement à certaines interprétations, il ne s’agit pas d’une action en justice intentée par Actis contre l’État du Cameroun. Les parties impliquées dans cette procédure sont Eneo et l’ARSEL, et non pas Actis et le gouvernement camerounais. L’objectif de cette expertise est d’obtenir une évaluation impartiale des investissements contestés et de faciliter leur reconnaissance officielle. “Solliciter une expertise technique auprès d’une instance internationale comme la CCI de Paris n’est pas un événement exceptionnel », assure un responsable d’Eneo. Il s’agit d’un mécanisme prévu dans le contrat de concession, permettant de résoudre les désaccords sur la validation des investissements sans recourir à un arbitrage judiciaire ou à des sanctions financières”, explique-t-il.

IMPACT FINANCIER

 En attendant une issue à cette procédure, la situation financière d’Eneo se tend. L’entreprise qui affiche une dette estimée autour de 500 milliards de FCFA à fin 2024 avec des créances de l’ordre 400 milliards de Francs CFA, voit ses capacités d’investissement directement affectées. Malgré ce contexte, Eneo a opté pour une dynamisation des investissements. Elle revendique 59 milliards d’investissements en 2024 contre 36, 6 milliards en 2023 (voir tableau). En parallèle, les négociations autour de la sortie d’Actis du capital d’Eneo suivent leur cours. Avant de finaliser cette opération, les autorités camerounaises ont lancé un inventaire physique des actifs de distribution d’Eneo, principalement dans les régions du Centre et du Littoral. Cet audit vise à évaluer l’état des infrastructures, préciser les caractéristiques techniques des installations, déterminer leur valeur comptable, vérifier le respect du cahier des charges de l’entreprise. Ce processus est essentiel pour établir une base de négociation équilibrée et éviter tout litige ultérieur sur la valorisation des actifs.

INCERTITUDES

Avec le départ envisagé d’Actis et les négociations en cours autour de la reconnaissance des investissements en attente, l’avenir d’Eneo reste marqué par plusieurs incertitudes. Toutefois, la question de la relève d’Actis au capital d’Eneo reste ouverte. L’État camerounais, qui possède 44% des parts de l’entreprise, pourrait être amené à jouer un rôle plus important dans la transition, à moins qu’un nouvel investisseur stratégique ne vienne reprendre les parts du fonds britannique. En attendant, Eneo continue d’assurer la fourniture d’électricité à des millions de Camerounais, dans un contexte où la modernisation des réseaux (transport et distribution) et l’amélioration de la qualité du service restent des enjeux majeurs pour le secteur énergétique national.

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