L’audience du 16 octobre dernier s’est ouverte sur une requête de Maurice Kamto demandant la récusation de six membres du Conseil Constitutionnel accusés d’avoir des « affinités avec le Rdpc », le parti politique du chef de l’Etat, candidat à sa propre succession. Selon les avocats du candidat du MRC, Emmanuel Bondé, l’un des membres de cet illustre organe « fait partie du Comité central du Rdpc, il est membre du bureau politique », a affirmé Me Sylvain Souop. Jean Foumane Akam, autre membre de cette juridiction « a appelé à voter pour M. Biya », a-t-il ajouté. « Personne n’ignore que dans votre cas, votre épouse est députée du Rdpc », a-t-il poursuivi, s’adressant à Clément Atangana, le président du Conseil Constitutionnel. Les avocats de Kamto se sont notamment référés à la Loi N° 2004/005 du 21 avril 2004 fixant le statut des membres du Conseil Constitutionnel, notamment son article 5 qui dispose en substance que les membres du Conseil Constitutionnel doivent s’abstenir de tout ce qui pourrait compromettre l’indépendance et la dignité de leurs fonctions. Ils s’interdisent, en particulier pendant la durée de leur fonction : de prendre une position publique ou de consulter sur des questions ayant fait ou étant susceptibles de faire l’objet de décisions du Conseil Constitutionnel ; d’occuper au sein d’un parti ou d’une formation politique, d’une association partisane ou syndicale, tout poste de responsabilité ou de direction et, de façon plus générale, de faire apparaître de quelque manière que ce soit leur appartenance politique ou syndicale etc. Un argument botté en touche par l’équipe de Clément Atangana qui a jugé « irrecevable » la requête au motif que « Maurice Kamto n’a pas qualité à demander la récusation du Conseil ».
Cabral Libii : Hors jeu ou double jeu?
Où est passé le plus jeune candidat à l’élection présidentielle du 7 octobre dernier ? Cabral Libii était absent de la salle des audiences mardi et mercredi. S’il est vrai qu’il aurait visiblement choisi de laissé son avocat et le président du parti Univers qu’il a représenté à ce scrutin, l’absence de l’ancien analyste politique a été mal interprétée par bon nombre d’observateurs et de curieux ayant effectué le déplacement du Palais des Congrès de Yaoundé. Si certains l’ont compris comme une sorte de « résignation », un « aveu d’échec », d’autres ont vite fait de conclure que « c’est la preuve flagrante qu’il a a été à cette élection pour faire diversion au profit du candidat Biya » avec qui d’aucuns seraient prêts à jurer qu’il est en contact. Pas moyen, en revanche, de prouver l’une ou l’autre interprétation.
Scandale dans la salle d’audience
La scène la plus inattendue de ce contentieux a certainement été vécue ce 17 octobre. Alors que Grégoire Owona, en sa qualité de secrétaire général adjoint du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) vantait les mérites du chef de l’Etat, président du parti au pouvoir qui a « demandé à la jeunesse d’oser », toute chose « qu’ont fait Cabral Libii et Serge Espoir Matomba », à mettre à l’actif d’un Paul Biya qui nomme des jeunes Président de conseils d’administration d’entreprises, des femmes dans chaque municipalité, etc. Soudain, une dame, toge sur le bras, a fait irruption et s’est mise à crier, disant qu’elle conteste les propos tenus par le ministre Grégoire Owona, indiquant qu’elle a été emprisonnée et séquestrée par le régime Biya alors qu’elle n’avait que 18 ans. Une scène qui a eu le mérite de provoquer le courroux du président du Conseil Constitutionnel qui ordonnait ensuite qu’elle soit conduite hors de la salle d’audience. L’on apprenait alors que la dame en question se nommerait Me Nicole Tsanga, emprisonnée en 1976 pour « soutien à l’UPC ».
Par Arthur Wandji