Une vingtaine de personnes, hommes et femmes, ont été interpellées ce matin dans le village Mbalda, dans l’arrondissement de Souledé-Roua, département du Mayo-Tsanaga. La gendarmerie qui a bouclé le village dès les premières heures du jour, et a engagé les interpellations des personnes soupçonnées d’avoir participé à la torture et au meurtre des deux chercheurs et leur guide, dans ce village. C’est ainsi le début des enquêtes au sujet de ce drame survenu le 2 mars dernier, et qui a suscité l’émoi du monde entier.
Cela survient au lendemain d’un sit-in des familles et proches des trois victimes, dans les Services du gouverneur de la région de l’Extrême-Nord. Ils sont venus réclamer les restes des leurs, et surtout exiger que justice soit rendue. Reçus par Evariste Atangana Zoua, le secrétaire général des Services du gouverneur, les familles ont reçu la promesse que l’Etat ne les abandonnera pas. Entre temps, une procédure judiciaire est en cours pour l’exhumation des cours, du moins ce qu’il en reste, afin de les remettre aux familles. Le préfet du Mayo-Tsanaga, lui, est annoncé sur les lieux et dans les familles des victimes, ce jour.
Pour mieux comprendre: Trois personnes brûlées par les populations dans le Mayo-Tsanaga
Ce jour-là, Frédéric Mounsi et son accompagnateur Dr Bello Bienvenue, à bord d’une moto conduite par Oumarou Kabalay, débarquent dans le village Mbaldé, pour les besoins de recherche. Ils sont vite confondus à des éléments de Boko Haram, dans un contexte où quelques jours avant, des individus non identifiés, étaient déjà arrivés nuitamment dans le village, et prenaient des renseignements sur des personnes « nanties », avant de fondre dans la nature. Alors que la rumeur annonçant des personnes suspectes enflait, Frédéric Mounsi et ses compagnons vont ainsi être pris pour des éléments de Boko Haram et capturés par des populations qui ont déserté le marché. Des sources indiquent que cinq autres personnes qui devaient faire partie du groupe d’accompagnateurs du chercheur, ont réussi à s’échapper. Les chercheurs seront torturés sur la place publique, alors qu’un notable et un responsable du Comité de développement du village vont s’activer à saisir la gendarmerie. Laquelle enverra cinq éléments qui ne parviendront pas à sauver Frédéric Mounsi et ses accompagnateurs. «Les gendarmes sont arrivés pendant qu’on les torturait, mais ont eu peur de la foule et sont restés à quelques dizaines de mètres pour observer la scène», renseigne une source. Le sous-préfet qui s’y est déporté par la suite, trouvera déjà le bûcher. Les trois hommes brûlés seront inhumés.