jeudi, mars 27, 2025
spot_img
spot_img
AccueilFinancesDigitalisation des titres publics : la solution qui vient des fintech

Digitalisation des titres publics : la solution qui vient des fintech

 Ejara, une application d’investissement et d’épargne propose un modèle de souscription adossé au mobile money mais aussi à la crypto monnaie à partir de 1000 francs FCFA minimum.

Moins de 0,01% de la population camerounaise investit dans les titres publics. 80% de ces titres sont  en effet détenus par les banques. Ce qui exclut une bonne franche de la population. Or, plus de 10 millions de comptes Mobile Money sont identifiés dans le pays avec un volume mensuel de transactions estimé à 2 000 milliards de FCFA. Une épargne colossale que l’Etat compte désormais capter pour faire face notamment  à une capacité limitée des banques locales à financer la dette publique en raison des contraintes prudentielles.

Présentant son plan de financement pour l’année 2025, le gouvernement s’est montré favorable à intégrer les solutions innovantes pour diversifier ses sources de financement et augmenter la part de l’épargne locale. Il est question de faire recours aux solutions de finance digitale pour  mettre la main sur 1 000 milliards  de FCFA d’épargne informelle qui restent  encore inexploitables faute de mécanismes adaptés. La Fintech camerounaise Ejara a déjà sa solution. Sa fondatrice Nellly  Chatue Diop propose une application grand public pour l’achat des titres. Cette application  sera dotée d’une technologie blockchain (système utilisé pour les crypto actifs) et va permettre l’inter opérabilité avec les systèmes existants. Une liaison est par exemple prévue avec les opérateurs de mobile money. L’investissement sera possible à partir de la modique somme de 1000 francs CFA. Ce qui vient lever un obstacle financier majeur car, actuellement les investissements sont souvent compris entre 100 000 et 1 million de FCFA. L’application va aussi briser les barrières administratives et favoriser l’éducation financière. Car, l’utilisateur pourra gérer ses placements tout seul sans aucune démarche administrative. Pourtant, avec les banques, les procédures d’acquisition  sont jugées complexes et il faut débourser des frais d’intermédiation prohibitifs, atteignant parfois 2,5% du montant investi.

La solution d’Ejara adressée aux petits épargnants est proposée comme plateforme de digitalisation du mode de souscription des titres publics. Nelly Chatue Diop est perçue comme l’une des défenseurs de la crypto monnaie en Afrique et de la démocratisation de l’investissement.  L’ingénieure en informatique et télécommunications  a obtenu  plusieurs récompenses  pour son combat en faveur de l’inclusion financière sur le continent.

Interview

Nelly CHATUE DIOP, fondatrice Ejara

 « Nos banques sont saturées. Chacun peut contribuer à l’effort de financement »

 La techwoman déroule le potentiel de la fintech dans un contexte de digitalisation du mode de souscription des titres publics et l’accompagnement que peut apporter l’Etat.

Vous avez pris part aux échanges organisés par la direction du Trésor du ministère des Finances à Douala à l’occasion de la présentation du plan de financement de l’Etat. Et vous avez souligné la contribution de la fintech à la mobilisation de l’épargne locale. Quel est l’enjeu ?

 Oui nous avons eu beaucoup de chance d’être invité à la session de réflexion autour de la mobilisation de l’épargne populaire organisée par le trésor du Cameroun. Il était question de réfléchir à une digitalisation des souscriptions et  à la mobilisation de l’épargne des petits épargnants. Nous avons évoqué énormément le potentiel, l’importance de donner la confiance, de produire la transparence, la traçabilité pour les petits épargnants, mais aussi de s’appuyer finalement sur des plateformes déjà existantes, les mobiles money notamment, pour pouvoir fluidifier tout le processus de souscription, de dépôts et de retrait de manière instantanée.

Vous proposez des solutions adaptées à la réalité, de sorte à faire participer  même la petite revendeuse communément appelée bayam selam. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Nous avons créé l’association camerounaise des Fintech depuis l’année dernière et nous souhaitons, et je suis là fondatrice de fintech Ejara qui démocratise justement l’accès à cet investissement des titres public en fractionnant les titres publics en bouts de 1000F. Ce qui permet à tout un chacun, aux bayam selam, benskineurs aux mamans qui font le poisson braisé en route, des menuisiers qui tous les deux jours viennent sur la plateforme et épargnent 1000 FCFA pour pouvoir fructifier finalement aussi leurs épargnes, mais aussi contribuer au financement des Etats de la zone CEMAC. On a projeté une vidéo de 05 minutes où les clients nous parlent de leurs expériences et nous indiquent à quel point ça leur a inculqué la discipline d’épargne premièrement, et deuxièmement leur facilite la vie. Parce que lorsqu’on est une bayam sellam et qu’on vend au marché on n’ a pas le temps de se lever aller à la banque faire la queue et essayer de discuter avec son banquier qui ne connais pas forcément les titres publics disponibles alors que devant son étal au travers son  application mobile en interagissant avec les agents Ejara qui passe souvent dans les marchés elle peut le faire tout toute seule.

Que peuvent faire les gouvernants pour encourager cette dynamique ?

Il faudrait qu’on ait beaucoup plus d’accompagnement côté règlementation, je pense qu’il est temps que tous les aspects règlementaires, que ce soit la Beac, la Cobac et la Cosumaf s’asseyent pour comprendre l’importance que cela représente  aujourd’hui, de mobiliser de l’épargne en dehors des ressources bancaires. Nos banques sont saturées par le titre public, elles ont besoin de respirer, elles ont besoin que les concitoyens contribuent finalement aussi à l’effort de financement de l’État. Par ce que je le dis souvent à nos clients, que quand vous contribuez lors d’une émission de titre public vous permettez à l’état de financer les routes sur lesquelles vous circulez, les hôpitaux dans lesquels vous soignez vos enfants, les écoles où vous envoyez vos enfants. Donc, c’est vraiment un enjeu majeur et le directeur de la CNPS a noté notamment cette composante de souveraineté économique. Est ce qu’on a envie que finalement nos émissions soient financées par des fonds internationaux qui viennent nous imposer leurs cultures et leurs façons de voir les choses et des projets sur lesquels on doit réorienter nos fonds ? Ou alors, on veut prendre en main notre destin et nous même cofinancer nos projets pour l’avenir de nos enfants ?

spot_img
LIRE AUSSI

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

EN KIOSQUE

spot_img

LES PLUS RECENTS