L’institut agricole d’Obala, dans le département de la Lékié, région du Centre, a servi de cadre à une cérémonie qu’on évoquera peut-être, dans les années à venir, comme un évènement fondateur de la vulgarisation de l’entreprenariat dans cette circonscription administrative. 17 petites et très petites entreprises agropastorales évoluant dans les secteurs prioritaires de la Stratégie nationale de développement à l’horizon 2030, à savoir l’agriculture, l’élevage et l’agroalimentaire ont été réunis dans la salle de conférence de cette école afin de recevoir des financements qui devraient leur permettre de développer davantage leurs activités.
Cette opération porte la signature des associations initiatives d’Obala et de Bafoussam, qui font partie du Réseau Initiative France, composé de plusieurs organisations similaires à travers différents pays qui apportent un accompagnement technique et financier sur mesure, incluant un prêt d’honneur sans intérêt ni garantie aux entrepreneurs.
CONSISTANCE DU PROJET
C’est également une déclinaison du Programme Intégré de Valorisation et Transformation des Produits Agricoles et Agro-alimentaires (Transfagri), soutenu et financé par l’Agence française de développement (AFD) avec des fonds du Contrat de Désendettement et de Développement (C2D), un mécanisme qui permet de réorienter les fonds issus de l’annulation de la dette bilatérale du Cameroun vers des projets de développement. La délégation de l’Union européenne au Cameroun y a également apporté sa contribution financière, qui s’inscrit selon elle, dans le cadre de l’initiative Global Gateway.
Certainement pour témoigner de la vigueur de la coopération entre le Cameroun et la Team Europe, les ambassadeurs de France et de la délégation de l’Union Européenne au Cameroun, ainsi que la Directrice de l’Agence Française de Développement (AFD), Virginie Dago, étaient présents à cette cérémonie qui était présidée par Alamine Ousmane Mey, ministre de l’Economie de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (Minepat).
C’est de leurs mains que les bénéficiaires ont reçu des chèques variant de un à 5 millions de FCFA, soit un montant total de 40 millions de FCFA. Marie, entrepreneure dans le secteur agroalimentaire à Bafoussam, confie que ce financement est un véritable « coup de pouce» pour développer sa petite entreprise de transformation de manioc. « Sans ce prêt, je n’aurais jamais pu acheter les équipements nécessaires pour augmenter ma production. aujourd’hui, je peux employer trois personnes et mes produits commencent à se faire connaître dans la région», explique-t-elle avec enthousiasme.
Paul, éleveur à Obala, partage également son expérience : «Le prêt d’honneur m’a permis d’agrandir mon cheptel. Avant, je n’avais que quelques têtes de bétail. Grâce à ce financement, j’ai pu acheter du matériel pour moderniser mon exploitation et je prévois même de commencer à exporter d’ici l’année prochaine. »
EXTENSION DE L’INITIATIVE
Les « Associations Initiative » constituent une approche révolutionnaire dans l’accompagnement des entrepreneurs camerounais, notamment dans les secteurs de l’agriculture, l’agroalimentaire et l’élevage. Elles sont conçues pour répondre aux difficultés rencontrées par les PME rurales, particulièrement en matière d’accès au financement. Selon le Ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire, ce dispositif permet de lever plusieurs contraintes majeures, comme l’exigence de garanties souvent hors de portée des PME, ou encore les taux d’intérêt élevés pratiqués par les institutions de crédit classiques. Le prêt d’honneur, cœur du dispositif, est un outil clé pour encourager l’entrepreneuriat. Ce prêt, accordé sans garantie, à taux zéro, et avec des maturités longues pouvant atteindre cinq ans, est basé sur la confiance entre les parties.
Avec un différé de remboursement de 12 mois, il permet aux entrepreneurs de disposer du temps nécessaire pour développer leurs activités avant de commencer à rembourser. Fortes du succès des deux premières « Associations Initiative » à Obala et à Bafoussam, les autorités camerounaises prévoient de créer de nouvelles associations à Garoua et à Nkongsamba. Cette expansion géographique s’inscrit dans une volonté de toucher un plus grand nombre de bénéficiaires et de contribuer au développement équilibré des territoires. Le ministre de l’Economie a également annoncé la mise en place d’une instance faîtière des « Associations Initiative » au niveau national. Cette structure aura pour mission de coordonner et de superviser l’ensemble des associations à travers le pays, afin d’assurer une gestion harmonieuse et une pérennité du dispositif