Le pourtour encore boueux du Stade d'Olembe. Des images que-le-gouvernement-voulait cacher

Le match Cameroun-Malawi est passé, mais les vagues de l’ostracisme dont été victimes les journalistes lors de ce match ne se sont pas essoufflées. Toutes les parties prenantes se sont jetées à l’eau pour sauver chacune son honneur. Et c’est la Confédération africaine de football (CAF), que le ministère des Sports et de l’éducation physique (Minsep) et la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) avaient affichée comme la source des malheurs des journalistes privés, qui anime la « guerre ». Dans une correspondance adressée à la Fécafoot, l’instance faîtière du football africain dit que « l’autorisation de jouer le match en question au stade d’Olembe a été donnée sur la base d’informations tronquées, qui ne rendaient pas compte du fait que le stade en question est encore à ce point en chantier que l’accueil d’un match international comptant pour les éliminatoires de la Coupe du monde de la FIFA, n’est en principe pas possible». Poursuivant que « les responsabilités seront évaluées et la CAF en tirera les conclusions utiles, mais dans l’immédiat et au vu de l’urgence, elle vous communiquera sa décision», signe Véron-Mosengo Omba, le secrétaire général.

Chantier à l’arrêt

La CAF y fait un état des lieux sommaire de l’ouvrage : « l’état du terrain de jeu du stade d’Olembe est conforme aux exigences de la FIFA et de la CAF», salue le patron de l’administration de la CAF ; mais « l’état d’avancement dudit stade ne permet pas encore d’assurer comme il se doit le bien-être et la sécurité des supporters en principe attendus pour un tel match», déplore-t-il. Alors « la Caf décide : plutôt qu’une mesure plus radicale, elle prononce le huis-clos pour le match Cameroun-Mali…qui ne pourra se jouer qu’en présence d’un minimum de 50 spectateurs à recevoir dans le carré VIP du stade». Exigent le « respect absolu de cette jauge».

De quoi conforter la presse (privée) qui est convaincue d’avoir été éloignée du stade pour mieux cacher l’état du stade annoncé depuis plus d’une semaine « prêt pour le match», alors que des travaux y sont encore en cours. La CAF évoque une question de sécurité, les autorités camerounaises avancent la thèse sanitaire. La Fécafoot et le Minsep avaient attribué à la CAF le motif de la pandémie du Covid-19 pour justifier le huis-clos. Le ministre l’appliquait aux « spectateurs, toutes catégories confondues», et la Fécafoot citait spécifiquement les médias ; alors que les journalistes attendaient les accréditations pour pouvoir couvrir le match.

Abel Mbengue contre Alex Siewe, Fécafoot contre Minsep

Avant Veron Mosengo, Alexandre Siewe, le chef du département communication de la CAF, avait déjà recadré les choses : « Le protocole Covid de la Caf est très clair en la matière. Après, c’est chaque Etat qui est responsable de sa règlementation sanitaire. Raison pour laquelle, d’un match à un autre, les schémas varient. Quand un pays veut autoriser la couverture médiatique, il peut s’appuyer sur les détails opérationnels du protocole clair de la CAF ». Citant en exemple le Maroc et l’Algérie. En réaction, Abel Mbengue, président de la commission Communication du Comité local d’organisation de la CAN 2021, essaie de défendre la cause de son pays, en égratignant la Fécafoot : « Il me semble opportun de relever à votre intention ainsi qu’à certains esprits mal intentionné que dans la tradition des Cocan ou LOC, l’harmonie a été partagée partout ailleurs, dans une conjugaison des intelligences». Des proches du ministère ont brandi une conférence de presse donnée à Yaoundé par Veron-Mosengo qui saluait l’avancée des travaux d’Olembe. Sans y trouver une déclaration annonçant la fin des travaux. Au sujet des accréditations, le vieux journaliste et chef du cabinet de l’ancien président de la CAF à Yaoundé, rappelle que « l’exclusion des médias n’a jamais été encouragée, même en temps de guerre». Cependant, « il appartenait à la Fécafoot, à l’instar de toutes ses autres consœurs demanderesses de solliciter auprès de la CAF [la présence des médias] qui participe à la promotion des événements sportifs». Et la Fécafoot de rebondir : «Le huis-clos a un sens ; et quand on dit huis-clos total, c’est encore plus strict », réagit Parfait Siki, le secrétaire général de la Fécafoot. « La lettre de la CAF exclut tout le monde. Les 50 personnes admises, c’est en dehors du producteur (TV) et des opérationnels que sont les deux équipes, les officies, les ramasseurs de balle », explique-t-il. Dans ce flou, le ministre a trouvé nuitamment quelques journalistes du secteur privé, parmi ceux qui l’ont souvent accompagné lors de ses visites, afin de tenter de réparer le tort.

La dissonance entre les parties trahit le manque de confiance et le climat de suspicion qui règnent entre ces acteurs qui fonctionnent sur différentes longueurs d’ondes, pour un sujet commun : la CAN 2021 dont l’Accord-cadre n’est pas encore signé. A cinq mois de l’échéance. Le stade d’Olembe en constituant l’enjeu des batailles. Ici sont prévus les matchs d’ouverture et la finale du tournoi. Quant à la presse, elle est restée au créneau pour dénoncer une tentative de musellement et différentes associations de défense des intérêts des journalistes ont servi des lettres de condamnations aux différents acteurs de l’incident.

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