Le Groupe d’Action Financière (GAFI), organisme international chargé de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, se trouve malgré lui au cœur d’une affaire de falsification documentaire aux relents de manipulation politique. Un prétendu « Rapport 2024 », largement partagé sur les réseaux sociaux et certains médias, tente d’imiter les publications officielles de l’institution. À y regarder de près, pourtant, le document s’avère truffé d’incohérences et d’éléments apocryphes.
Une fausse signature du GAFI
Dès la couverture et les premières pages, le document donne le ton : une mise en page désuète, des tournures maladroites, des fautes de style et des erreurs factuelles (telles qu’un rapport d’évaluation mutuelle daté de 2021 mais présenté comme un rapport 2024) sèment le doute sur l’authenticité du texte. Plus troublant encore, à la page 53, le document liste nommément des personnalités camerounaises prétendument « placées sur liste noire » — une pratique formellement exclue des méthodes et principes du GAFI.
Le GAFI ne cible jamais les individus
Comme le rappelle son site officiel, le GAFI travaille exclusivement sur les juridictions étatiques et ne publie jamais de listes nominatives d’individus. Ses évaluations mutuelles, ses listes grises ou noires, ainsi que ses plans d’action, ne concernent que les États et sont rédigés selon une méthodologie rigoureuse et standardisée, validée en plénière par ses membres. Aucune mention de personnes physiques ou de soupçons individuels n’y figure jamais, pour éviter toute forme d’arbitraire ou de diffamation.
Une manipulation ciblée et dangereuse
Le passage incriminé du faux rapport évoque une prétendue traque de fonds publics détournés, transitant par une « valise diplomatique » ou vers la ville israélienne de Herzliya, et accuse même un haut fonctionnaire proche du président Paul Biya d’avoir utilisé la signature présidentielle pour des opérations de blanchiment. De telles allégations, formulées sans preuve et en marge de tout cadre judiciaire ou institutionnel, relèvent clairement d’une entreprise de déstabilisation.
Le vrai rapport est accessible au public
Le véritable rapport du GAFI sur le Cameroun, fruit d’une évaluation mutuelle menée en 2021 et publié via le GABAC, est librement consultable sur le site www.fatf-gafi.org. Il ne comporte aucune accusation nominative, ni évocation de valises diplomatiques, encore moins de « personnalités ciblées ». Le document officiel se contente d’analyser la conformité technique du Cameroun aux 40 recommandations du GAFI, et d’indiquer les axes d’amélioration attendus.
La vigilance s’impose
La diffusion de ce faux rapport est une tentative manifeste de manipulation de l’opinion publique et de discrédit de certaines figures publiques, sous le couvert d’un rapport international. Elle démontre l’urgence d’un travail de vérification rigoureux face aux documents circulant en ligne. À l’heure de la désinformation numérique, il est vital de rappeler que seule la consultation des sources officielles garantit l’intégrité de l’information.