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Caucus 2020 : Les attentes des gouverneurs africains

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Les rideaux sont tombés sur la 57ème édition du Caucus africain organisé à Yaoundé le 6 août dernier. Tenu sous le format virtuel présidé par Alamine Ousmane Mey, ministre de l’Economie et président du Caucus africain, avait pour thème : « protéger le capital humain de l’Afrique face à la Covid-19 : sauver des vies, préserver le bien-être, sauvegarder la productivité et l’emploi ». Cette réunion a débouché sur l’élaboration d’un mémorandum contenant les attentes des gouverneurs africains du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale (BM). Regroupées en cinq grands axes, ces doléances portent principalement sur l’amélioration de l’aide extérieure, des services sociaux de base, la consolidation macro-budgétaire, le renforcement du secteur privé, l’amélioration de la représentation de l’Afrique au sein du FMI et de la Banque Mondiale.

Aide extérieure : les pays africains veulent plus de ressources

L’amélioration de l’aide extérieure est la première attente formulée par les gouverneurs africains du FMI et de la BM. Dans le détail, les gouverneurs africains « exhortent le FMI et le groupe de la BM à être plus audacieux dans le renforcement des capacités et des ressources financières des pays en vue de contenir la crise et faire face à ses répercussions économiques ». Ils souhaitent à cet effet que la mise en place d’instruments d’intervention à long terme en directions des pays africains. Bien plus, les pays africains attendent des institutions de Bretton Woods de « fournir les ressources nécessaires à tous les pays africains qui en ont besoin, notamment les petits Etats, les Etats en situation de fragilité et de conflit et ceux dont la dette est improductive ou qui sont confrontés à des chocs multiples ». A cet effet, pour éviter que les dettes de ces pays ne constituent un poids insupportable il est demandé au FMI de « rechercher des solutions novatrices permettant de fournir une aide d’urgence aux pays dont l’endettement est insoutenable et d’étendre l’allégement de la dette à un plus grand nombre de pays, tout en mobilisant des ressources supplémentaires pour son fonds fiduciaire ARC ». Dans la même veine, les pays africains demandent au FMI d’harmoniser la liste de ses exigences à l’endroit des pays du continent.

Améliorer les services sociaux de Base

Dans la perspective de l’amélioration des prestations des services sociaux de base, notamment la santé, l’éducation, l’accès à l’eau et à la protection sociale, les gouverneurs demandent au FMI et surtout à la Société Financière Internationale, institution de la BM en charge du secteur privé, « de continuer à soutenir le secteur privé, en vue d’améliorer la production nationale d’équipements médicaux, tout en contribuant à la lutte contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle ». Aussi, en ce qui concerne les réfugiés, les gouverneurs souhaitent que la BM « d’assurer la fourniture de ressources aux réfugiés relevant du guichet IDA pour l’aide aux réfugiés et aux communautés d’accueil ». La BM est également encouragée à « renforcer les capacités institutionnelles pour la mise en œuvre des projets liés au Covid-19, tout en améliorant la gestion des données, le suivi, la coordination et le partage des leçons apprises ». L’imbroglio observé sur le terrain dans le déploiement des institutions spécialisées des Nations Unies, en particulier l’Organisation Mondiale de la Santé semble ne plaire du tout aux Etats africains. A cet effet, les gouverneurs demandent à la BM de « renforcer la coordination de ces différentes institutions, ainsi qu’avec d’autres banques multilatérales de développement et bailleurs de fons bilatéraux, afin de fournir le soutien nécessaire aux pays africains ».

Gestion de la dette : Plus de souplesse attendue de la Part du FMI

En matière de gestion de la dette des pays africains, les gouverneurs attendent du FMI qu’il soit moins rigide dans ses conditions. A ce propos, il est demandé au FMI « de continuer à proposer des procédures simplifiées pour accéder à leurs instruments de prêt, et une assistance en matière d’élaboration de politiques institutionnelles, de gestion de la dette publique et de développement des capacités, en vue de renforcer les cadres macro-budgétaires et la gouvernance, et d’améliorer la mobilisation des ressources intérieures ». Dans la même perspective, les pays africains exhortent le FMI et le groupe de la Banque Mondiale « d’aider les pays à tirer parti de la technologie pour fournir des services. Que ce soit par la mobilisation des recettes, la rationalisation des dépenses ou une plus grande efficacité des dépenses, la numérisation est devenue indispensable. Le FMI et le groupe de la Banque mondiale devraient étendre leurs conseils stratégiques aux initiatives Fintech, notamment en opérationnalisant le Programme Fintech de Bali, et contribuer à développer l’utilisation de la technologie numérique ».

Soutenir la mise en œuvre de la zone de libre échange

Pour booster le secteur privé et créer plus d’emplois dans le continent, les gouverneurs africains demandent au groupe de la BM de tirer parti de l’accord établissant la zone de libre-échange continentale africaine et de soutenir sa mise en œuvre, tout en favorisant la synergie avec la Banque Africaine de Développement. Dans le même sens, les financements en direction des PME africaines sont appelés à augmenter tout comme le soutien de la SFI à l’amélioration du climat des affaires et à la réduction des risques liés à l’investissement. En outre, le groupe de la Banque mondiale devra contribuer au renforcement des capacités institutionnelles et fournir une assistance technique pour structurer et gérer les transactions dans le cadre du partenariat public-privé en Afrique, tout en garantissant la viabilité des finances publiques et de la dette.

FMI et Banque mondiale : les Etats africains exigent plus de places

Dans la déclaration de Yaoundé, les gouverneurs africains du FMI et de la BM souhaitent plus de places au sein des institutions de Bretton Woods. Concrètement, les pays africains demandent au FMI de « donner suite à la demande de longue date concernant un troisième siège pour l’Afrique subsaharienne ». Plus précisément, les pays du continent exigent « une augmentation de la part du personnel provenant des régions sous-représentées grâce à une approche plus proactive et un engagement plus fort à tous les niveaux. Il est essentiel de poursuivre des efforts plus ciblés visant à atteindre les niveaux de référence pour ces régions ».

Par Junior Matock

Dr Aristide Mono : « Pour qui connait le grand Nord, les revendications portées sont légitimes »

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Pour qui connait le grand Nord, les revendications portées sont légitimes voire pertinentes. Si on prend seulement le cas de l’Extrême-Nord qui est la région camerounaise où on trouve plus de mal nourris, plus de sous et non alphabétisés ; la région où la criminalité jouit d’une sanctuarisation historique dans le pays et où depuis l’implosion de la crise de Boko Haram aucun plan de reconstruction n’a été arrêté par les pouvoirs publics. Il est clair qu’on ne peut que créditer les griefs formulés d’une bonne dose de légitimité. J’ai eu la chance de parcourir cette région pendant des mois dans le cadre d’une recherche, la misère décriée est une réalité. Alors, je pense que le plaidoyer que tente de mener ce mouvement ne souffre d’aucun problème de pertinence. Seulement il faut redouter des éventuels écarts entre les ambitions affichées et les calculs finaux des promoteurs, parce que de telles initiatives ont souvent donné lieu à des instrumentalisations à des fins personnelles ou clanistes. Je parle des logiques calculatoires des tenanciers du projet qui peuvent corrompre la légitimité affichée de son objet.

Partagez-vous l’avis de ces acteurs politiques qui assimilent ce mouvement à un groupe visant à favoriser le repli identitaire et renforcer le tribalisme au Cameroun?

La création de ce mouvement porte déjà les gènes du fractionnisme macrosociologique de la nation. C’est un projet qui promeut – probablement de bonne foi – le repli identitaire des ressortissants du complexe nordique par l’entremise de la structuration d’une conscience collective nordique de marginalisés de la nation. Sinon, pourquoi créer un mouvement de défense communautaire si l’on ne se sent pas lésé ? Pourquoi les problèmes répertoriés et posés qui sont loin d’être une exclusivité du grand Nord, ne sont pas fustigés dans le cadre d’une plateforme de défense de tous les marginalisés de la nation ? Ce qui est plutôt en vue c’est la tentative d’extraction de la communauté nordique du nous national dans ce projet de quête et de sécurisation des intérêts des marginalisés nationaux. Une posture communautairement clivante qui, suivant ce que nous avons appelé dans nos récents travaux, «le paradoxe de la stigmatisation», peut avoir pour effet pervers, le renforcement de la conscience ethnique des autres communautés qui pourraient être tentées, pour des besoins de survie dans ce régime de défense communautaire, d’emboiter le pas aux logiques communautaristes du mouvement «10 millions de Nordistes». Il y a dans ce projet, le risque d’un effet de contagion pouvant aggraver les tensions intercommunautaires au Cameroun. Toujours dans la même veine, il faut noter qu’une certaine grammaire mobilisée dans les propos du leadership de ce mouvement peut prêter le flanc à l’ethno-fascisme, par exemple lorsqu’on invoque l’idée de la «grandeur du Grand Nord». Le prétexte implicite dans ce cas étant la présumée domination inacceptable du Grand Nord par une autre communauté ou groupe de communautés. Il y a là l’idée de restauration d’un équilibre national bradé par d’autres communautés qui seraient les plus privilégiées. Bref, quel que soit le niveau d’objectivation de cette initiative, il est clair qu’il s’agit d’un repli identitaire flagrant. Maintenant la question reste celle de sa légitimité (repli positif). Parce que, dans une société affectée considérablement par l’inflation du nombrilisme communautaire, est-ce qu’il n’est pas nécessaire pour le groupe nordique du point de vu de monsieur Guibaï de se doter, par réalisme, d’un instrument de défense communautaire pour mieux faire peser la région dans les prochains partages sociologiques des rentes de l’Etat ? C’est là, ma foi, le vrai débat. Et sur ce point, je pense que la forme peut être discutable, mais le fond du projet semble malheureusement pertinent, parce qu’aujourd’hui l’unité nationale a été devancée par l’arithmétique nationale des communautés villageoises ou primaires. Le partage des ressources du pays se pense plus en termes d’aires sociologiques.

Certains ressortissants du Grand nord ne s’identifient pas nécessairement à ce mouvement. Qu’est-ce qui peut justifier cela?

Je pense qu’il y a trois arguments qui peuvent diversement justifier cette réticence de certains. Il y a d’abord des logiques d’ordre politique dans la mesure où il serait question pour certains sympathisants de la gouvernance actuelle de ne pas céder à cette illusion de marginalisation d’une partie du pays par les pouvoirs publics. Dans cette tendance on note plus les soutiens du pouvoir de Yaoundé qui ne veulent pas, à travers leur adhésion à cette démarche, approuver l’idée de faillite de l’équilibre régional promue par ce mouvement dit nordique. Adhérer à une telle initiative pour cette tendance serait également un cautionnement de l’idée d’un sous-développement alarmiste effectif du Grand Nord. Donc une posture politicienne. Ensuite, il y a une logique qui relèverait de l’éthique républicaine dans la mesure où certains se montreraient allergiques à des initiatives aux relents centrifuges pouvant ramer à contre-courant de l’unité recherchée du Cameroun. En fin, il y a la peur d’un travestissement à terme du projet en instrument privé d’accès au marché des rétributions politiques comme cela fut le cas avec le mémorandum de 2004.

Pourquoi le mouvement «10 millions de nordistes» ferait-il peur ?

Deux facteurs peuvent expliquer la peur entretenue depuis la mise sur pied de ce projet. Il y a d’une part, la dérive communautaire nombriliste qui le guette. Dans le contexte africain hautement marqué par les tensions et conflits interethniques, il est normal de redouter qu’un tel projet ne soit un laboratoire d’exacerbation d’une conscience communautaire voire communautariste Grand-nordique. D’autre part, il y a la peur d’une éventuelle mutation, à terme, de ce mouvement en groupe de pression politique voire en parti politique. Le cas du mouvement 11 millions d’inscrits étant une jurisprudence dans ce sens. Et dans une telle mutation, on pourrait ne pas être loin d’une cristallisation politique nordique nourrie au lait des contentieux politiques historiques qui opposent de façon latente le groupe dit du Grand-Nord à celui dit du Grand-Sud depuis la passation de pouvoir chaotique entre le président Biya et le président Ahidjo. Ce qui pourrait naturellement mettre en difficulté les équilibres politiques communautaires actuels avec des incidences sur la cohésion nationale. Ici, le mouvement «10 millions de Nordistes» pourrait s’affirmer comme l’antichambre des revendications politiques communautaires à venir du Grand Nord, ce d’autant plus que tout est possible en politique. Et c’est dans ce sens que je pense que le caractère apolitique du mouvement clamé par les promoteurs de ce projet n’est pas pertinent. En effet, dès qu’on rentre dans des activités d’influence de la marche de la cité, on est dans la politique qui peut maintenant être soit partisane soit non partisane (parapolitique). Du coup, toutes les craintes observées par rapport à ce mouvement me semblent légitimes.

Menée par Arthur Wandji

«10 millions de Nordistes» : Un mouvement apolitique selon son promoteur

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Meeting du candidat Biya à Maroua en 2018

Initiant le mouvement «10 millions de Nordistes» le 27 juin dernier, Guibaï Gatama savait certainement qu’il n’allait pas échappé à des critiques de tout genre. Surtout dans un contexte marqué par les replis communautaristes et la haine tribale entretenue notamment sur les réseaux sociaux. Mais quand il doit présenter la raison d’être de «son» initiative, le directeur de publique du journal L’Œil du Sahel est catégorique : il ne s’agit ni d’un projet politique, ni d’un outil visant à créer des divisions entre les Camerounais. Mais seulement d’une initiative qui vise à promouvoir et défendre les intérêts des ressortissants du Grand Nord dans un esprit républicain.

L’Œil du Sahel était bien conscient du tollé qui s’en suivrait. Mais quand on l’interroge sur cet entêtement à tribaliser un combat pour l’émancipation sociale il est loin d’en démordre. «Le constat de la double bipolarisation dans le pays tendait à donner l’impression que les Nordistes étaient en train de se soustraire des débats qui engagent le devenir du Cameroun», confiait le journaliste au quotidien Le Jour. Or quand il parle de double bipolarisation, ce patron de presse fait sans doute allusion au fameux face-face entre ressortissants de la région de l’Ouest, et ceux du Centre- Sud qui s’étripent au quotidien sur les réseaux sociaux depuis la dernière élection présidentielle (octobre 2018). A entendre le promoteur de «10 millions de Nordistes», il serait temps que sa communauté fasse elle aussi entendre sa voix dans ce concert de diatribes. «Il y a davantage la situation du Grand Nord. Tous ces problèmes critiques qui touchent au développement de cette partie du pays, notamment l’absence des projets structurants, la question de l’eau, l’éducation…», dit-il. Et d’ajouter : «Nous devons parler, nous devons s’il le faut crier. Crier aussi fort et longtemps pour être entendus dans le cadre de la République parce que nous sommes des patriotes et des républicains».

S’il est question à travers ce mouvement de la défense des intérêts des ressortissants du Septentrion, l’autre enjeu semble se situer dans la réparation du «gâteau national». «Regardez les projets structurants. Il n’y en a qu’un seul dans le Grand Nord : c’est le barrage de Bini à Warak. Aujourd’hui quand on veut nommer des ministres ou des directeurs généraux de sociétés on pense d’abord aux anglophones, aux gens du Centre-Sud, de l’Ouest et le Grand Nord vient juste boucher les trous», a-t-il martelé à Le Jour. Dans sa démarche, l’initiative appelle par exemple le Conseil Supérieur de la Magistrature qui se tient ce lundi 10 août à se «se pencher sur la question de la représentativité du Grand Nord au sein de l’appareil judiciaire». Dénonçant «une sous-représentation des filles et fils du Septentrion qui doivent pourtant avoir le sentiment que la justice est rendue en leur nom par des magistrats qui agissent au nom de l’Etat censé incarner les composantes de la nation». Affaire à suivre.

Par Arthur Wandji

Manœuvres : « 10 millions de Nordistes » : espoirs, craintes et suspicions

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« Promouvoir et défendre les intérêts des ressortissants du Grand Nord dans un esprit républicain». Tel est le leitmotiv du mouvement «10 millions de Nordistes» créé le 27 juin 2020 par Guibaï Gatama. L’initiative, telle que présentée, se veut être une lueur d’espoir pour les Camerounais originaires des régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord. Dans un pays où ces derniers se disent «lésés». «Si nous sommes 10 millions, c’est que nous sommes une force. Nous devons l’affirmer. Nous devons avoir un mot dans les affaires de notre pays. Nous avons un rôle à jouer dans notre pays», affirme le promoteur de l’initiative qui mobilise déjà près de 8 mille personnes sur le réseau social Facebook.

Poids politique

De l’avis de certaines analyses sociopolitiques, le mouvement «10 millions de Nordistes» peut en effet trouver un écho favorable et bénéficier par conséquent d’un poids politique important, dans une société plurale traversée par la résurgence permanente des replis identitaires. Une influence qui, selon le docteur en sciences politiques Aristide Mono, est soutenue dans ce cas spécifique par l’extension géographique et démographique du projet qui entend regrouper les ressortissants de trois des dix régions du Cameroun dont l’une d’entre elles s’affirme comme la plus dense du pays. «Autrement dit, la zone de couverture visée par l’initiative s’étend sur l’un des trois plus grands complexes sociologiques camerounais à savoir le complexe nordique quoi qu’ethniquement très hétérogène. Il est donc clair qu’en cas d’adhésion massive à ce mouvement, ce dernier peut peser considérablement dans les futures configurations politiques au Cameroun», décrypte l’analyste politique. Le Grand Nord c’est en effet un concentré de trois régions qui représentent à elles seules une puissance économique, politique et démographique, objet de toutes les convoitises en période d’élection présidentielle.

Le septentrion, une puissance convoitée

Le Septentrion représente le plus important réservoir de voix du pays (environ 2,3 millions d’électeurs sur près de 6,6 millions d’inscrits). Pas étonnant qu’en marge de la présidentielle de 2018, le candidat au pouvoir, Paul Biya, a dû tenir son unique meeting de campagne à Maroua, chef-lieu de la région de l’Extrême-Nord. Résultat : ce dernier a rempilé à l’issue du scrutin avec notamment des scores sans appel dans l’Adamaoua (79,8 %), le Nord (81,62 %) et l’Extrême-Nord (89,01 %). Or, il faut associer au poids lié aux projections territoriales de l’initiative «10 millions de Nordistes», le profil de son promoteur central qui jouit aujourd’hui d’une certaine notoriété dans la défense des intérêts des ressortissants du Septentrion, avec à sa disposition un instrument de communication nationalement établi, L’œil du sahel, qui ces dernières années, s’est positionné comme l’écho du grand Nord. «On sait d’ailleurs que ce promoteur totalise un background de porteur de cause politique de cette région via un lobbying permanent dont l’une des illustrations la plus flagrante est le Mémorandum du Grand Nord de 2004 qui s’était soldé par la cooptation des fils du Septentrion, signataires dudit document dans le gouvernement», décrypte encore Dr Aristide Mono.

Un mouvement qui divise

Pour le docteur en sciences politiques, le seul handicape à la consolidation du poids potentiel de ce mouvement pourrait résider en la difficile pénétration de la sensibilisation sur le projet dans toutes les communautés nordiques afin que l’initiative puisse recueillir l’adhésion et la mobilisation intra nordique escomptées. Entre temps, l’initiative du journaliste Guibaï Gatama provoque depuis son lancement, un énorme tollé sur les réseaux sociaux. Certains observateurs parmi lesquels des Nordistes, ayant vite fait d’assimiler le mouvement à une «dérive ethno politique». «Ce mouvement, déclare un journaliste originaire de Ngaoundéré, fait la promotion de la division du Cameroun sur la base identitaire nordiste». Quand d’autres le voient comme un «chantage à la République». «Le mouvement 10 millions de Nordistes est un mouvement politique pour le positionnement de Guibaï et ses amis en quête du pouvoir, s’est emporté Hamadou Haminou de l’Alliance Nationale pour le Progrès du Cameroun (Anpc). Ces gens sont méchants et veulent nous diviser». Faux, rétorque un membre de l’initiative créée sur Facebook : «notre mouvement n’est pas le fruit du spontané, de l’opportunisme ou encore de la manœuvre politicienne.  »10 millions de Nordistes » est le résultat d’un engagement acharné pour le développement socio-économique du Grand Nord, et le plein épanouissement de nos frères et sœurs, sans discrimination aucune».

Par Arthur Wandji

Lutte contre le Covid-19 : Quand le port du masque devient facultatif

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Décidément, le port du masque continue à poser un sérieux problème au sein de la société camerounaise. La scène qui s’est déroulée le 5 août dernier au Lycée de Biyem-Assi se passe de tout commentaire. En effet, dans la matinée du 5 août 2020, trois élèves candidats à l’examen du probatoire ont catégoriquement refusé de porter leurs masques, prétextant que ceci leur avait été interdit par le pasteur de leur église. Dans le détail, selon des sources rencontrées aux alentours du lycée, l’incident s’est produit quelques minutes avant le début de la première épreuve de la journée. Une fois rendus au centre d’examen, les trois candidats ont été interpellés par le surveillant qui leur a demandé de porter leurs cache-nez. Le refus catégorique de ces derniers a obligé le surveillant à faire appel aux parents des trois candidats. A leur arrivée, ceux-ci ont confirmé l’argument tenu par leurs progénitures en soutenant que la décision du pasteur restait irrévocable. Sur ces entrefaites, les élèves ont signé un désistement, et accompagnés de leur parent, ils ont rejoint leur domicile.

Ce fait rappelle la question du port du masque dans les milieux publics au Cameroun. Car, force est de constater que dans certaines localités, le phénomène devient préoccupant. Pour certains citoyens rencontrés dans la ville de Yaoundé, le port du masque n’a plus aucune importance. Ceux-ci pensent que le Covid-19 reste une illusion. « Le coronavirus n’est pas une réalité pour moi. Tous les jours on en parle dans les médias mais on n’a jamais montré les cas confirmés. Je ne sais pas à quoi me sert le cache-nez », déclare Marceline T, vendeuse des denrées alimentaires au lieu-dit Total Ngousso, à Yaoundé.

De plus, le refus de porter le masque de protection pour d’autres personnes se justifie par le fait que celui-ci causerait des troubles respiratoires. C’est le cas de Martial Kuetche, étudiant en sciences physiques à l’université de Yaoundé I : « Je suis mal à l’aise quand je mets le masque. Le gaz carbonique que je dois rejeter, je l’absorbe de nouveau et ça m’étouffe », dit-il.

Par Hamed Mounchili (stagiaire)

Cemac : la SNH veut créer un centre de traitement des données sismiques

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Siège de la SNH www.newsducamer.com
Le siège de la SNH www.newsducamer.com

Capter des parts de marché dans le traitement de données sismiques au sein de la Communauté Economique et Monétaire d’Afrique Centrale (Cemac), telle est la préoccupation actuelle de la Société Nationale des Hydrocarbures. L’entreprise publique vient à cet effet de lancer un appel d’offres international ouvert (AOIO) pour la réalisation d’une étude de présentation du potentiel de la sous-région et le coût de mise en œuvre d’un centre de traitement des données sismiques 3D et 2D pour une durée de six mois. D’après l’administrateur-directeur des général de la SNH, Adolphe Moudiki, le traitement des données sismiques 2D et 3D est souvent « effectuée en grande majorité par des firmes étrangères ». Il s’agit en effet d’une méthode géophysique d’observation qui permet d’avoir une image 2D, 3D de surfaces de 1000 km² pour des profondeurs inférieures à 10 km.

Bien plus, en réalité, la SNH veut avoir non seulement, à travers cet appel d’offres, une bonne connaissance des débuchés d’un tel projet temps au sein de la sous-région Cemac, mais aussi prendre connaissance de la zone d’intérêt, d’élaborer les supports cartographiques et illustrations nécessaires à l’appui des observations faites sur le terrain. Parallèlement, le bras séculier de l’État dans la gestion des ressources pétrolières et gazières du domaine minier Camerounais a lancé un appel d’offre international pour l’étude de marché relatif à la création de ce centre. L’adjudicataire de ce marché devra « évaluer les besoins en restauration, transcription, amélioration et traitement des données sismiques 2D et 3D et de sismique de puits (VSP, sismogramme, etc.) existantes et à acquérir à court, moyen et long termes des sociétés nationales et compagnies pétrolières des pays de la Cemac. » Il aura également pour mission d’étudier et analyser le marché cible en mettant notamment en exergue les implications techniques, économiques, financières et juridiques de ce projet. Il devra également mener l’évaluation économique de la création et de l’exploitation du Centre ainsi que les risques identifiés et suggérer des moyens de mitigation de ces risques.

En outre, la société pétrolière indique que la réalisation de ce projet dépend fortement de ses débouchés à l’intérieur de la sous-région Cemac, voire au-delà compte tenu de la spécificité technique de ce projet. C’est d’ailleurs le contexte dans lequel la société navigue avec l’idée d’une innovation certaines et nouvelles.

Par Hamed Mounchili (stagiaire)

Banques : Hausse de 10 milliards du bénéfice net d’Ecobank au 1er semestre

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Au titre du 1er semestre 2020, le groupe panafricain Ecobank enregistre une hausse de 13 % de son bénéfice net. Il passe ainsi de 95,660 milliards de franc CFA au 30 juin 2019 à 106,020 milliards de francs CFA au 30 juin 2020, a récemment révélé le groupe bancaire panafricain basée au Togo. Quant au produit net bancaire, il est en légère progression de 1,95 %, s’établissant à 459,216 milliards contre 450,397 milliards de francs CFA en 2019. Toujours durant la période sous revue, le groupe bancaire a collecté auprès de sa clientèle 9786,705 milliards de FCFA contre 9327,603 milliards de FCFA au 30 juin 2019. De même, il a détenu au niveau de cette même clientèle des prêts et créances de l’ordre de 5049,988 milliards contre 5039,047 milliards de francs CFA au 30 juin 2019. Néanmoins, en ce qui concerne ses charges d’exploitation, elles passent de 299,071 milliards de FCFA au 30 juin 2019 à 294,320 milliards pour une maîtrise de (-1,58 %). S’agissant du coût, il connait une évolution de 2,59 % se situant à 34,113 milliards contre 33,250 milliards. De même, le résultat d’exploitation hausse de 10,76 % passant de 130,693 milliards de contre 118,076 un an auparavant. Dans ce processus d’accroissement semestriel, les capitaux propres du groupe sont passés de 1041,607 milliards au 30 juin 2019 à 1124,964 milliards de francs CFA un an plus tard, soit une augmentation de 83,357 milliards. Bien plus, ses emprunts ont été comprimés de 103,786 milliards, passant de 1297,786 milliards de FCFA au premier semestre 2019 à 1194,030 milliards de FCFA durant la période sous revue.

De son nom de genèse Ecobank Transnational Incorporated (ETI) c’est une société anonyme créée en 1985 comme holding bancaire à l’initiative de la Fédération des chambres de commerce d’Afrique de l’Ouest avec le soutien de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Le déterminisme de cette Entreprise est à prendre en considération car, la fin de ce premier semestre de l’année 2020, est marquée par l’expansion de la pandémie de coronavirus et l’ensemble du secteur économique a été affecté, d’où un ralentissement des activités des entreprises à l’échelle mondiale. En revanche, c’est dans ce contexte de crise sanitaire, qu’Ecobank a réussi à hausser son Produit Net Bancaire (PNB).

Par Hamed Mounchili (stagiaire)

Mondial 90 : Le cadeau de Paul Biya divise

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Trente ans après l’annonce, Paul Biya a enfin donné une suite à la promesse qu’il a faite aux Lions indomptables après leur épopée de la coupe du monde 1990. Le président de la République a ordonné à la Société immobilière du Cameroun (SIC) d’offrir 22 logements aux ambassadeurs du Cameroun à l’expédition italienne. Une lettre du ministre des Sports et de l’éducation physique (Minsep) Narcisse Mouelle Kombi aux joueurs ayant pris part à cette compétition, les en informe. Un ouf de soulagement pour les fauves d’Afrique centrale qui avaient forcé le respect du monde du football en terre italienne en neutralisant l’Argentine championne du monde d’entrée (1-0) sur un but de François Omam Biyik, avant de terminer sa marche en quarts de finale face à l’Angleterre (3-2). Paul Biya qui avait assisté à l’étouffement de Diégo Maradona en match d’ouverture, retournait dans un pays qu’il a laissé à feu et à sang. Le ballon rond ayant en partie réconcilié le pays en proies aux revendications politiques de la mouvance démocratique. Les héros d’Italie 90 seront reçus au Palais présidentiel pour être décorés, avec la promesse d’une maison pour chacun. Il aura fallu attendre trente ans. C’est une récompense qui arrive trente ans après, alors que nombre de ces héros sombrent dans la misère. Trois sont déjà décédés : Louis Paul Mfédé, Benjamin Massing et Stephen Tataw quelques jours après l’aboutissement du dossier. Alors qu’au sein de l’opinion, l’on dénonce cet « oubli », les bénéficiaires n’y voit que du positif : « Nous ne pouvons qu’être contents, c’est une reconnaissance suprême», a salué Roger Milla qui était de l’expédition. « Nous savions que le chef de l’Etat allait tenir cette promesse qu’il avait faite. Le chef de l’Etat n’oublie jamais de répondre quand un dossier est sur sa table», croit l’ambassadeur itinérant à la présidence de la République. L’auteur des deux doublés qui ont qualifié le Cameroun pour le second tour et pour les quarts de finale au micro d’Olympia sports, une émission produite et présentée par Bonney Philippe, sauvé déjà il y a une vingtaine d’années par Paul Biya, reconnaît tout de même sur le poste national que « nous avons profité de le 30ème anniversaire de cette Coupe du monde pour lui écrire afin de relancer le dossier».

Les entraîneurs à la touche

Entre temps, les entraîneurs sont abandonnés dans les annales de l’oubli. Les techniciens locaux qui ont accompagné Valeri Nepomniashchi n’auront rien. « On ne peut pas récompenser les joueurs en oubliant les entraîneurs qui ont contribué au succès de l’expédition », regrette un chroniqueur sportif. « En son temps, le ministre Joseph Fofé voulait que les entraîneurs soient aussi récompensés, mais certains au sommet de l’Etat n’étaient pas d’accord. Sauf qu’après le Mondial le ministre Fofé a été affecté comme ambassadeur en Centrafrique, et après il est décédé. Le dossier a été enterré…», rapporte cet ancien reporter de la radio nationale. Michel Kaham, Jules Frédéric Nyongha et Jean Pierre Sadi n’auront donc rien. Des sources ont attribué à Jules Nyongha et Michel Kaham une lettre adressée au président de la République pour solliciter réparation du tort. «C’est faux ! », crache Michel Kaham joint au téléphone. Avant de philosopher : « je ne confirme pas et je n’infirme pas. Comment a-t-on pu faire une telle division entre les acteurs d’une victoire ? On ne revient pas sur ce dossier. Nous sommes des adultes et nous sommes passés à autre chose».

Les médaillés d’or de Sydney aux abois

Si les techniciens de l’épopée italienne minimisent la portée de la discrimination, les autres générations de Lions indomptables s’y accrochent. Parmi les champions d’Afrique 2000 et 2002, et surtout les médaillés d’or olympiques. « Ça nous fait penser qu’il faut que nous aussi, nous attendions trente ou quarante ans quand certains d’entre nous seront déjà morts, pour pouvoir recevoir quoi que ce soit, comme reconnaissance de l’Etat», redoute Serge Branco, médaillé d’or des Jeux olympiques. « Quand je pense que notre consœur championne olympique Françoise Mbango a reçu une maison et une voiture de fonction pour sa médaille olympique, je me demande, pourquoi ce ‘’deux poids, deux mesures’’ ?», condamne celui qui salue pourtant le geste de Paul Biya. « S’il en est ainsi, moi j’aurais trois maisons ! Tous les anciens Lions n’ont pas eu le même parcours». Roger Milla intervient : «Qu’ils fassent leurs demandes. Les jeux olympiques c’était en 2000 ». En face, on essaie de calmer le jeu. Nul ne se risque à riposter à l’attaque du Vieux Lion. De toutes les façons, Serge Branco qui n’a pas voulu laisser le fer se refroidir avant de le battre a vite trouvé le moyen de trouver des accointances entre sa génération et celle des héros de 90. « Il n’y a pas de conflit entre générations. Nous respectons les aînés ; ils ont créé le Calif pour défendre leurs droits. C’est tout à fait légitime. On est content pour eux, on est d’accord avec eux. Nous aussi avons le droit de défendre les nôtres», reconnaît le porte-parole officieux des héros de Sydney 200. « C’est un problème d’après-carrières. Certains d’entre nous sont dans la précarité et dans dix ou quinze ans, nous serons dans la même situation que celles de certains de nos aînés de 1990 », recadre-t-il. «J’aimerais plutôt qu’on ait ce débat pour voir comment nos héros, les héros nationaux, après leurs fins de carrières, à leurs fins de vie, ne se retrouvent dans la précarité et ne meurent pas comme de petits chiens ? », tempère-t-il en rejetant la question de la reconnaissance de la nation.

Justice : Paul Biya intègre les magistrats du Common law au corps de la magistrature

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Désormais, les auditeurs de justice issus de la première promotion de la section Common law font partie intégrante du corps de la magistrature du Cameroun. Un décret du président de la République a été signé ce jour pour les besoins de la cause. Il s’agit de la première promotion de ce corps formé par l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam). C’était l’un des points importants du Conseil supérieur de la magistrature qui s’est tenu ce 10 août 2020.

C’est une réponse à la crise anglophone qui sévit depuis 2016 dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. D’autant plus que parmi les problèmes posés par les syndicats d’enseignants et avocats d’obédience anglo-saxonne figurait en bonne place l’étouffement du système judiciaire anglo-saxon par le système francophone. Après avoir fourni la traduction anglaise du traité de l’Ohada aux avocats, le gouvernement a ouvert une section du Common law tant à l’Enam qu’à la Cour suprême du Cameroun en 2018.

Par la même occasion, tous les autres magistrats formés à l’Enam et qui n’avaient pas encore été pris en solde, ont rejoint le corps de leur profession.

Investissements: le marché financier de la Cemac victime de ses coût élevés

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Le marché financier de la Cemac victime de ses coût élevés

L’évolution des activités des marchés de la dette souveraine dans la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (Cemac) affiche une domination écrasante du marché monétaire sur le marché financier. Selon les statistiques de la Banque des États de l’Afrique Centrale (Beac), on note l’essor des émissions de titres de dette souveraine sur le marché monétaire. On observe aussi un allongement de la maturité des Obligations du Trésor Assimilables (OTA) qui se rapproche de celles des Obligations émises sur le marché financier régional. En 2019, les États membres de la Cemac ont mobilisé 3 121, 48 milliards de FCFA par adjudications organisées par la BEAC (marché monétaire) et 126, 34 milliards de FCFA par syndication sur le marché financier régional. (Figure histogramme). L’aversion au marché financier manifestée par les États de la CEMAC s’explique par la recherche des capitaux à moindre coût. En tant qu’agent économique et compte tenu de la conjoncture économique actuelle, les États se doivent de trouver des ressources financières à bas coût et rapidement disponibles pour faire face à d’importants besoins de trésorerie. Le marché des titres publics organisé par la Beac offre aux États un guichet adapté à leurs besoins de trésorerie. En effet, le cadre réglementaire y autorise des émissions de longues maturités, la célérité de traitement et de réponse aux besoins de financement s’étendent généralement sur quelques jours contre plusieurs semaines sur le marché financier. L’existence d’une contrepartie certaine, essentiellement les banques réduit le risque de l’assèchement des liquidités. On comprend alors mieux, le choix du Cameroun, premier émetteur de la CEMAC de se recentrer sur le marché monétaire. Les autres États de la sousrégion ont suivi la même démarche. L’État du Cameroun a préféré le marché monétaire de la CEMAC pour réaliser des émissions d’OTA d’un montant de 240 milliards de FCFA relatifs au financement des projets d’investissement de l’exercice 2019. Selon Samuel Tela, Directeur de la Trésorerie, la structuration faite par des fonctionnaires du ministère des finances et le recours au marché monétaire a permis à l’État de réaliser une économie de 4,8 milliards de FCFA. Cette performance a d’ailleurs été récompensée par l’octroi de la médaille de Chevalier de l’Ordre de la Valeur à l’équipe des fonctionnaires du ministère des finances l’ayant réalisé. Les États justifient l’abandon du recours au marché financier régional pour financer leurs investissements par le coût élevé d’accès aux capitaux et la durée de la mise à disposition des fonds sollicités. On apprend du Directeur de la Trésorerie du Cameroun qu’en s’adressant au marché financier et en confiant l’arrangement des émissions sus citées à des intermédiaires boursiers, l’État aurait payé en frais financiers, 2,2% du montant global des émissions. Le calcul économique fait par les États de la CEMAC met en évidence le coût élevé des opérations sur le marché financier régional. Les agents économiques s’accordent pour dire que la nouvelle grille tarifaire publié le 10 Mars 2020 par la Commission de Surveillance du Marché Financier de l’Afrique Centrale (Cosumaf) reste dissuasive pour le recours au marché financier régional. Pour preuve, l’atonie qui caractérise ce marché, que ce soit pour les émissions (marché primaire) ou pour les transactions boursières (marché secondaire). En 2019, le marché financier régional n’a enregistré que deux émissions obligataires pour un montant total de 128,34 milliards de FCFA. Il s’agissait d’une émission de dette souveraine du Gabon dénommé « EOG 6,25% net 2019-2024 » d’un montant 126,34 milliards de FCFA et d’une émission obligataire de l’entreprise SAFACAM « SAFACAM 6% HT 2019-2022 » d’un montant de 2 milliards de FCFA. Selon certains experts, l’élaboration de cette grille tarifaire ne s’est pas appuyée sur le calcul du coût de revient d’une émission sur le marché financier qui devrait être plus bas que celui du financement bancaire. On y note aussi la multiplication des coûts liés à des prestations qui pourraient être agrégées pour diminuer les lignes de dépenses à la charge de l’émetteur. Les proportions des taux indiqués par la grille tarifaire du marché financier régional devraient inciter les agents économiques à recourir au marché financier pour leurs besoins en financement, et mettre les intermédiaires boursiers au travail dans la recherche et la réalisation de plusieurs émissions. Au moment où la deuxième phase du projet de fusion des marchés financiers de la Cemac est engagée, et dont l’objet porte sur le développement et la promotion du marché financier régional unifié, il nous semble impérieux d’examiner sérieusement les coûts d’accès aux capitaux sur la place boursière. On pourrait citer l’exemple du marché financier de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (Ueoma qui, malgré son dynamisme, continue de travailler à la réduction des coûts d’accès aux capitaux.

Par Junior Matock ( Défis Actuels 501)

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