C’est un projet qui vise à accompagner les PME ainsi que les exploitants agro-pastoraux en milieu rural », a rappelé Remon Fohopa Kue, chef de la cellule d’appui à la coordination du projet Secal, à la sortie de la session du Comité de Pilotage du projet vendredi dernier à Yaoundé. Pour l’exercice 2024, une enveloppe budgétaire de 3,7 milliards de FCFA a été allouée au projet. Ces fonds permettront de renforcer les interventions en faveur du secteur rural, en se concentrant sur trois composantes principales : le renforcement des capacités des « accompagnants » pour répondre aux enjeux de sécurité alimentaire, l’accompagnement des entreprises rurales dans l’identification, l’élaboration et la mise en œuvre de projets, ainsi que la facilitation de l’accès des bénéficiaires aux services financiers adaptés.
« Le projet Secal est l’une des réponses aux crises sécuritaires et tensions inflationnistes induites par les conséquences de la pandémie de Covid-19 et de la guerre russo-ukrainienne, qui ont fortement érodé les acquis de certaines actions menées par le gouvernement dans la lutte contre l’insécurité alimentaire au Cameroun. Ses interventions ont pour objectif d’accompagner les pouvoirs publics dans la mise en œuvre réussie de la stratégie de développement du secteur rural adossée à la SND30 », avait expliqué le ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), Alamine Ousmane Mey, lors du lancement en décembre 2023. L’AFD, partenaire financier, a octroyé une subvention supplémentaire d’environ 3,3 milliards de FCFA. L’enveloppe du projet qui s’étale de 2024 à 2026, va passer de 10,5 milliards à 13,8 milliards de FCFA et le projet est financé au titre du troisième Contrat de désendettement et de développement (C2D).
Pour la directrice de l’AFD au Cameroun, Virginie Dago, cette augmentation de fonds permettra d’étendre géographiquement le projet, ajoutant le bassin de production du Fako dans la région du Sud-Ouest aux cinq bassins initiaux, à savoir : la Bénoué, Lekié, Mayo-Kani, Moungo et Mifi. Les ressources supplémentaires serviront également à renforcer les activités d’accompagnement des bénéficiaires, notamment par la fourniture de petits équipements et l’octroi de « prêts d’honneur » à taux zéro et sans garantie. « Ce financement va permettre de renforcer les capacités de ces personnes, d’accroître leur niveau de revenu et de réduire l’incidence de l’insécurité alimentaire. Ce qu’on peut retenir, c’est que le gouvernement du Cameroun est aux côtés des populations pour apporter des solutions à leurs difficultés et essayer de réduire le taux de pauvreté », a conclu Remon Fohopa Kue.
La mise en œuvre de ce projet intervient dans un contexte où le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) estimait en avril dernier que 2,5 millions de personnes seront encore confrontées à une insécurité alimentaire aiguë en 2024. L’assistance vitale et les services de protection étaient évalués à plus de 223,8 milliards de FCFA (soit 371,4 millions de dollars). Le même mois, le gouvernement camerounais et la FAO ont signé un document relatif au Projet d’urgence de lutte contre la crise alimentaire au Cameroun (Pulcca).
Le projet vise aussi à renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle et à augmenter la résilience des ménages et des producteurs face aux chocs climatiques. Implanté dans les régions de l’Extrême-Nord, de l’Adamaoua, de l’Est, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, le Pulcca vise à accompagner 265 490 personnes en situation d’insécurité alimentaire et de vulnérabilité, dont au moins 60 % de femmes et 30 % de réfugiés et déplacés internes, ainsi que 159 000 agriculteurs, éleveurs et pêcheurs, informe le Minader.