Prendre en compte l’informel dans les politiques publiques, intégrer les chaines de valeurs africaines et européennes, accorder plus de financement pour les infrastructures sont entre autres suggestions formulées par le think do thank, the Okwelians.
Il faut changer de paradigme dans les relations entre l’Afrique et l’Europe. La position est celle du do think thank the Okwelians. Ce groupe de réflexion crée par Jacques Jonathan Nyemb qui réunit plus de 400 personnes. Il vient de défendre sa réflexion au sommet Union Européenne (UE)-Union Africaine (UA) qui s’est tenue le 17 et 18 février 2022 dernier à Bruxelles. Dans un document, ce groupe consigne les volets qui doivent constituer, selon lui, les nouveaux axes de coopération entre l’Afrique et l’Europe. Notamment des axes de la coopération économique, suivant les programmes indicatifs bilatéraux entre l’UE et les pays africains.
Au sujet des emplois, par exemple, la note suggère l’adoption d’une approche d’optimisation qui maximiserait à la fois leur création et leur revalorisation. Il est en effet indispensable dit- elle de trouver des mécanismes pour réduire l’emploi vulnérable en Afrique qui se situe en 2022 à 66% tandis que L’UA s’était fixée pour objectif de réduire de moins 41 % d’emplois vulnérables en 2023. Il demande aussi la prise en compte de l’informel qui occupe 60% à 80% de la force de travail africaine et génère plus de la moitié du PIB (52,4% en Afrique subsaharienne), ainsi que l’essentiel des nouveaux emplois chaque année. Soit entre 80% et 94% selon la Banque mondiale.
Intégrer les chaînes de valeur africaines et européennes
Les penseurs du groupe suggèrent de renforcer les délocalisations en Afrique des segments de bout de chaine d’activités pertinentes comme dans le secteur automobile (montage) et soutenir les technopoles d’Afrique. Ce qui permettrait de réduire les coûts de certaines exportations européennes en Afrique et accélérer l’élévation du niveau de qualification de la main d’œuvre africaine. Il est aussi question d’accompagner la formalisation et la mise en compétitivité des Micros, petites et moyennes entreprises africaines pour améliorer leur capacité. « Tout d’abord, à répondre à la demande locale en biens sophistiqués, et donc, par effet mécanique, à créer de la valeur ajoutée et des emplois formels à tous les étages du processus. Cette démarche aurait aussi l’avantage de rendre plus aisé l’accès à des services financiers adaptés aux besoins pluriels des entreprises, et de leur permettre de tirer le meilleur parti de l’ouverture croissante des marchés dans le cadre des APE et de la ZLECAF », renseigne la note.
S’agissant du financement, pour une croissance de l’Afrique, il est proposé entre autres, de « soutenir les gouvernements africains via la prorogation ou le renouvellement de la suspension temporaire du service de la dette décidée au titre du soutien budgétaire en 2020-2021. Ces mesures seraient avantageusement assorties d’incitations fortes pour la réorientation d’une partie des fonds destinés au service de la dette vers les infrastructures de soutien à la production et la construction des CV. D’autres mesures pourraient concerner l’allègement pur et simple du fardeau de la dette avec le même concept de réorientation des fonds, comme cela fut par exemple mis en œuvre de façon expérimentale dans le cadre des Contrats de C2D conclus par la France avec le Cameroun.» Il est par ailleurs recommandé de privilégier les PPP pour éviter l’échec des projets. En plus d’encourager les entreprises européennes à investir dans la coproduction avec les entreprises africaines dans des domaines prioritaires comme l’agriculture et l’agroalimentaire. Surtout pour les MPME africaines.
Infrastructures, connectivité et énergie soutenable
Les nouveaux axes de coopération économique UA-UE devront inscrire sur la liste des priorités, le soutien à la mise en place d’infrastructures de soutien à la production et l’innovation en Afrique. La note souligne par exemple le renforcement de l’accès à l’énergie. Ce qui impliquerait le soutien à l’accès des ménages pauvres et des PME agricoles et autres aux énergies renouvelables (en particulier le solaire) et à l’autonomie énergétique. « Il serait aussi judicieux d’affecter en priorité l’énergie produite par les grandes infrastructures (barrages hydroélectriques, centrales) aux unités de production de profil industriel, ce qui implique la déconnexion des ménages des réseaux électriques majeurs », écrit les meneurs de cette réflexion. Il faudra aussi investir dans la pénétration d’internet et la distribution de l’internet haut débit dans les villes avec des cibles ambitieuses de taux de pénétration, notamment au moins le doublement à moyen terme (2027) pour l’Afrique centrale et l’Afrique orientale qui se situent respectivement à 24% et 26% en 2022.