Malgré la prise en charge du traitement par l’Etat, d’autres frais connexes à la maladie restent difficiles à supporter pour les parents d’enfants malades.
Pour bénéficier d’un traitement de la tuberculose, la moyenne des frais journaliers d’hospitalisation est de 10.000 francs CFA. Quand on sait que la durée de l’isolement est généralement de 21 jours, il faut débourser au moins 210.000 francs CFA pour l’hospitalisation d’un enfant diagnostiqué de cette maladie. En plus des frais d’hospitalisation, d’autres coûts sont un poids pour les parents. La grand-mère de Zénabou, une fillette de 11 ans n’en peut plus des charges financières. « Il faut que je parte au village, je cherche de la nourriture pour venir manger avec l’enfant. J’ai déjà pris le crédit à la tontine et on me demande encore plus de 250 000. Elle prend les remèdes, elle vomit parce qu’elle n’a pas mangé. » Nous dit-elle, indignée. Comme elle, de nombreuses mamans sont obligées de quitter la campagne pour s’installer en ville. Les centres de prise en charge étant concentrés dans les grandes villes. Ce qui engendre d’autres coûts qui doivent être supportés par les parents. Ajouté à cela, certains enfants souffrant de tuberculose sont sujets à des infections mais ceux-ci ne peuvent être pris en charge par l’Etat qui supporte uniquement le traitement de la tuberculose. Au Programme National de Lutte Contre la Tuberculose (Pnlt), l’on dit être conscient de cette problématique. Dr Christel Ebo, responsable de la tuberculose pédiatrique au Pnlt affirme que pour amortir le coût de la pris en charge, le programme a prévu de « rembourser les frais d’examen des crachats et nous envisageons aussi l’extension des centres de traitement et de traitement de la tuberculose pour faciliter l’accès aux malades. D’ici 2024 environ 124 centres supplémentaires seront créés. »
Plaidoyer pour le diagnostic
En plus du coût, la tuberculose pédiatrique fait face à un problème de diagnostic au Cameroun. L’organisation mondiale de la Santé estime que plus de 50% des enfants de 0 à 14 ans ne sont pas diagnostiqués. «C’est parce qu’au niveau de la porte d’entrée dans les formations sanitaires les guides ne prennent pas en compte la tuberculose chez l’enfant. Notre objectif c’est de faire un plaidoyer pour que le ministère de la santé intègre la recherche systématique de la tuberculose chez l’enfant dans les directives de la prise en charge des maladies de l’enfant et du nouveau-né à partir de six mois », déclare Bertrand Kampoer, le directeur exécutif de Fis Cameroun. Cette ONG vient de lancer une campagne dénommée Voix des femmes qui mobilise près de 1000 femmes pour dénoncer les problématiques relatives à la tuberculose pédiatrique au Cameroun.
Par Tatiana Meliedje