La semaine dernière, un brûlot mensonger colporté par un lanceur d’alertes en mal de sensationnel, ancien journaliste installé hors du Cameroun, a fait son apparition sur internet. Dans ce pamphlet où la calomnie frise le ridicule, il peignait un visage hideux de la Trésorerie générale de Yaoundé I, devenue, selon lui, le nid de la corruption, du népotisme, du clientélisme et du rançonnement des prestataires venus quérir leur paiement. Pour tromper ses lecteurs, il prétend que ces mots sévères sont ceux d’un opérateur économique qui l’aurait contacté pour s’en plaindre. Courroucé, le plaignant, dans sa dénonciation, aurait également présenté le trésorier payeur général (TPG) actuellement en poste, comme le principal promoteur de ces pratiques fortement combattues au sein du gouvernement, et plus particulièrement au ministère des Finances.
Ces accusations ont laissé béat les personnels de la trésorerie susmentionnée qui, pour certains, les cantonnent tout simplement au rang de simples tentatives de déstabilisation orchestrées de l’intérieur. «C’est sûrement l’œuvre de collègues aigris qui ne parviennent plus à piétiner la réglementation et l’éthique comme par le passé. Certainement parce que les prébendes qu’ils percevaient indument en rançonnant les usagers ont été supprimés», lâche, dégoûté, une source qui a requis l’anonymat.
Pour nombre d’employés de la trésorerie, c’est la rigueur et l’orthodoxie prônées par l’actuel Trésorier payeur général qui lui créent des inimitiés. «Il est arrivé avec une philosophie. C’est de ne plus accumuler les arriérés et d’apurer de manière progressive et systématique les restes à payer afin d’éviter les stockages massifs d’argent. Son véritable objectif, c’est la gestion et le plan de la trésorerie. C’est aussi la programmation de la dépense, qui doit vraiment suivre l’orthodoxie», indique notre interlocuteur qui souligne en sus que, le TPG «n’a jamais eu d’altercations, ni de plaintes formulées à son encontre par un prestataire».
Diligence dans les paiements
A en croire une autre source, documents officiels à l’appui, les relations apaisées que le TPG entretient avec les usagers sont le résultat de la célérité qu’il a insufflée dans les processus de paiements afin de limiter l’accumulation des impayés. Ce credo est valable pour l’administration publique, mais également pour les prestataires privés. «En ce qui concerne les bons de commande, quand on prenait le service ici, on avait trouvé des restes à payer de plus de 4 milliards pour l’exercice 2023 et antérieur. A ce jour, nous sommes à 75 millions de restes à payer. Nous n’avons pas ce problème de retard. Le nouveau TPG a également trouvé presque deux ans d’arriérés de paiement des émoluments des juridictions. Aujourd’hui, à l’heure où nous parlons, ils sont en train d’attendre le paiement de leur deuxième trimestre 2024. Nous avons payé six trimestres. Quand il est arrivé en début d’année, nous avons finalisé tout ça. Nous avons payé le premier trimestre et là nous sommes en train de nous battre pour payer les autres trimestres également», révèle notre informateur.
Une machination ourdie de l’intérieur
Hésitante, car ne voulant pas donner du poids aux accusations évoquées supra, une autre source indique qu’une machination se tramait en sourdine contre l’actuel TPG. Plusieurs jours avant la sortie de ce prétendu lanceur d’alertes, elle affirme que de sombres confidences, au relent tribaliste sont parvenues à ses oreilles. «Il y a deux ou trois semaines avant ça, un collègue répandait le bruit selon lequel les contempteurs du TPG avaient aussi des mobiles tribalistes. C’était dit, mais je ne savais pas qu’on devait pousser le bouchon pour que ça arrive à ce niveau-là», s’étonne-t-elle. Cette hypothèse est corroborée par l’attitude étrange affichée par l’auteur des accusations contre le TPG. Contacté pour avoir de plus amples détails sur ses incriminations, cet ancien journaliste a préféré les supprimer.
Il les a remplacées quelques heures plus tard, par un texte laudateur, vantant le management du TPG. Toutefois, ajoute notre source, le Trésorier payeur général de Yaoundé I qui a eu connaissance des accusations mentionnées plus haut, n’a pas laissé échapper la moindre inquiétude. Il a même pris cela avec philosophie «Nous sommes au service du Cameroun. Quand on a sert les intérêts de son pays avec sérieux et orthodoxie, les embûches que l’on place sur notre chemin ne doivent pas nous décourager. Au contraire, elles doivent renforcer notre détermination», aurait-il laissé entendre, a ses collaborateurs.