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Transformation Rurale : Les Chaînes de valeur agricoles freinées par les défis logistiques

Depuis son lancement en 2017, le Programme de Développement des Chaînes de Valeur Agricoles (PDCVA) a marqué des avancées significatives dans la structuration des filières agricoles stratégiques. Cependant, plusieurs défis entravent encore son plein déploiement. Parmi eux, des retards dans la livraison des équipements, un manque criant d’infrastructures adaptées et des difficultés persistantes en matière d’exportation. Ces obstacles, détaillés dans le rapport de la Banque africaine de développement sur l’état d’exécution et les résultats (EER) du projet publié en décembre 2024, illustrent le chemin qu’il reste à parcourir pour assurer un impact durable.

Le Programme de Développement des Chaînes de Valeur Agricoles (PD-CVA) charrie espoir et renouveau pour des milliers agriculteurs au Cameroun. Soutenue par la Banque africaine de développement (BAD) et bénéficiant d’un financement de plus de 58,5 milliards de FCFA, soit 9,291 millions d’euros, l’initiative, lancée officiellement en 2017 par le gouvernement camerounais sous la houlette de BAD, vise à renforcer la sécurité alimentaire tout en rendant les filières agricoles plus compétitives. Le projet se concentre sur trois filières végétales stratégiques à savoir le plantain, l’ananas et le palmier à huile. Ces filières ont été choisies selon l’institution financière en raison de leur niveau élevé d’intégration et de maturité, de leurs débouchés commerciaux et des opportunités qu’elles offrent en matière de transformation. La Banque estime que leur importance économique, tant en termes de génération de revenus que de création d’emplois, ainsi que leur impact sur la sécurité alimentaire, en font des axes prioritaires du développement agricole.

DES USINES ENCOURS D’INSTALLATION

Dans la filière de l’ananas, les retombées de ce projet, mis en œuvre depuis 2017, se concrétisent déjà sur le terrain. Si en 2023, le Cameroun recule d’une place et se classe au 37ᵉ rang des exportateurs mondiaux d’ananas frais, derrière des concurrents africains comme la Côte d’Ivoire, qui occupe la 19ᵉ position avec 0,4 % de parts de marché, grâce au PD-CVA, la production locale d’ananas connaît un regain d’activité depuis 2024. Les produits sont aujourd’hui commercialisés en grande quantité. Selon les données de cette institution financière multinationale de développement, 3 000 tonnes d’ananas ont récemment trouvé leur chemin vers les marchés de l’Union européenne, tandis que 5 000 tonnes ont été destinées aux pays de la zone de la communauté économique des États de l’Afrique centrale (Cemac). Ce total de 8 000 tonnes témoigne de l’effort concerté pour relancer la filière locale et repart à la conquête du marché mondial.

Le PD-CVA ne s’arrête pas là. Pour la Banque africaine de développement, « le projet contribuera effectivement à l’atteinte de l’objectif de développement à terme. Le projet reste pertinent sur les plans du renforcement de la sécurité alimentaire et de l’amélioration de la compétitivité des filières cibles. La dimension liée au développement des chaînes de valeur permet d’accroître l’implication des producteurs ainsi que des acteurs du secteur privé dans les activités de transformation. Actuellement, trois usines d’extraction d’huile de palme sont en cours d’installation, accompagnées de cinq unités de transformation de bananes plantains et de deux unités de production de jus d’ananas », lit-on dans le rapport sur l’état d’exécution et sur les résultats du PD-CVA.

Cependant, malgré ces avancées significatives, certains défis subsistent. La distribution annuelle d’environ 5 000 000 de graines prégermées pour le palmier à huile, par exemple, reste un chantier en retard selon la Banque africaine de développement. Ce retard témoigne des défis logistiques et techniques auxquels le programme doit encore faire face pour atteindre pleinement ses ambitions. Sur le terrain, les initiatives individuelles se multiplient. Le dynamisme commercial se traduit par la multiplication des liens entre pépiniéristes et agriculteurs.

Ainsi, on compte à la date du 31 décembre 2024, une cohorte de 20 pépiniéristes spécialisés dans l’ananas, 30 pour le palmier à huile, et 64 pour la banane plantain. Ces partenariats stratégiques renforcent non seulement la chaîne de valeur, mais aussi la confiance entre les acteurs du secteur, essentiels à la réussite du programme. Dans le cadre du projet, et afin de renforcer les compétences des acteurs ruraux, l’institution financière rapporte la mise en place des actions de 13 sessions de formation pour la banane plantain, 3 pour le palmier à huile et 4 pour l’ananas. De plus, 8 sessions spécifiques destinées aux femmes ont été organisées, portant sur l’élaboration de business plans et l’alphabétisation bancaire. Enfin, des modules sur la gestion des coopératives, le leadership et l’élaboration d’un guide simplifié pour intégrer la dimension genre dans les coopératives au Cameroun ont également été développés.

LE RETARD DANS L’EXÉCUTION DES ACTIVITÉS

À l’origine, le projet prévoyait la construction d’infrastructures communautaires essentielles, notamment 30 magasins et entrepôts, 15 marchés, 30 petits systèmes d’adduction d’eau potable (AEP), ainsi que 30 km d’extension de réseau électrique triphasé. Il incluait également la construction et l’équipement d’un laboratoire dédié au contrôle de qualité. À la date du 31 décembre 2024, soit un an avant l’échéance prévue du projet PD-CVA, qui arrive à son terme, la BAD observe que « les travaux avancent pour 37 systèmes d’adduction d’eau potable (AEP) dans les localités ciblées au sein des bassins de production. Concernant les magasins, l’analyse des offres des soumissionnaires a été réalisée et le dossier transmis à la Banque africaine de développement (BAD).

 Pour l’extension du réseau électrique, la convention négociée avec ENEO a été soumise à la Banque pour l’approbation (ANO). En ce qui concerne la construction du laboratoire, un contrat avec un bureau d’études techniques (BET) pour les études architecturales et techniques a été signé », précise l’institution africaine tout en soulignant les retards accumulés dans l’exécution du projet. En effet, la Banque africaine de développement explique dans son rapport que le projet connaît un retard dans l’exécution des activités, en raison de la suspension survenue entre le 12 juin 2020 et avril 2022. Cela a entraîné une seconde prolongation des délais d’exécution, désormais fixés au 31 décembre 2025.

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