Pouvez-vous nous raconter comment l’idée de créer l’application « Ndemri » est née ?
L’idée de créer « Ndemri » est née d’un constat alarmant : les agriculteurs de l’Extrême-Nord du Cameroun sont confrontés à de nombreux défis, notamment la baisse des rendements agricoles due à la dégradation des sols, aux maladies des plantes et aux changements climatiques. En tant que chercheur en intelligence artificielle et passionné d’innovation, j’ai voulu apporter une solution technologique accessible et adaptée à leurs réalités.
Quel est le mode opératoire de l’application « Ndemri » ?
« Ndemri » fonctionne de manière intuitive. L’utilisateur capture une image de sa culture ou de son sol via son smartphone. Grâce à l’intelligence artificielle, l’application analyse l’image pour détecter d’éventuelles maladies et évaluer la qualité du sol. Elle fournit ensuite des recommandations adaptées en temps réel, permettant aux agriculteurs de prendre des décisions éclairées. De plus, nous avons développé un kit d’analyse qui permet aux agriculteurs d’effectuer des tests de sol sur le terrain. Les données du kit sont ensuite intégrées dans l’application pour une analyse plus approfondie et des recommandations encore plus précises.
Comment l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique sont-ils utilisés dans l’application pour analyser la qualité des sols et détecter les maladies des plantes ?
Nous utilisons des modèles d’apprentissage automatique et de vision par ordinateur basés sur TensorFlow pour analyser les images des cultures. L’application combine également des données météorologiques et des analyses de sol en temps réel afin d’optimiser les conseils fournis aux agriculteurs. Ces technologies permettent une détection rapide des maladies et une meilleure gestion des ressources agricoles. En complément, le kit d’analyse composé des capteurs permet d’obtenir des paramètres physico-chimiques du sol, qui sont traités par notre algorithme pour fournir des recommandations adaptées aux cultures locales.
Quels premiers retours avez-vous reçus de la part des agriculteurs et des coopératives agricoles, et en quoi ces retours ont-ils influencé l’évolution de l’application ?
Les premiers retours des agriculteurs sont très encourageants. Beaucoup d’entre eux ont constaté une amélioration de leurs rendements et une réduction des pertes. Ces retours nous ont permis d’améliorer l’ergonomie de l’application et d’intégrer de nouvelles fonctionnalités, comme des alertes précoces en cas de conditions climatiques défavorables. Nous avons conçu « Ndemri » pour qu’elle fonctionne même dans des zones à faible connectivité, en proposant une version accessible par SMS et via des interfaces simplifiées. Cette approche garantit que les agriculteurs, même ceux ne disposant pas de smartphones avancés, puissent bénéficier de la technologie.
Quelles méthodes ou indicateurs utilisez-vous pour mesurer l’impact de « Ndemri » sur l’amélioration des rendements agricoles et la gestion des ressources naturelles ?

Nous utilisons plusieurs indicateurs pour évaluer l’impact de « Ndemri », notamment l’augmentation des rendements agricoles, la réduction des pertes dues aux maladies, et l’adoption des pratiques recommandées par l’application. Nous collaborons également avec des institutions locales pour affiner nos métriques. Le principal défi reste le financement du projet afin d’assurer son déploiement à grande échelle. Nous avons entamé des démarches pour obtenir des brevets et cherchons à établir des partenariats avec des institutions agricoles et des ONG. L’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI) fait partie des organismes avec lesquels nous envisageons de collaborer pour protéger et valoriser cette innovation.
Quelles sont vos ambitions pour « Ndemri » à moyen et long terme, et envisagez-vous de nouer des partenariats avec d’autres acteurs du secteur agricole pour étendre son impact ?
À moyen et long terme, nous souhaitons élargir l’usage de « Ndemri » à d’autres régions du Cameroun et à d’autres pays africains confrontés aux mêmes défis agricoles. Nous travaillons également à intégrer davantage de langues locales pour améliorer l’accessibilité de l’application et à nouer des collaborations avec des acteurs du secteur agroalimentaire pour un impact encore plus large.