Remise de peines : Mamadou Mota, Sisuku Ayuk, Mendo Ze… ne seront pas libérés

Ces leaders politiques ne répondent pas aux critères édictés par le décret présidentiel.

Si aucun chiffre n’est donné au sujet du nombre de détenus qui seront libérés à la faveur de la commutation et des remises de peines décidée hier, apparaît à priori que les prisonniers politiques resteront en prison. A première vue, aucun détenu de poids ne bénéficiera de la clémence du président de la République. En effet, l’article 4 dudit décret restreint le bénéfice des mesures à ceux condamnés pour des peines autres que celles des prisonniers jusqu’ici considérés comme politiques et assimilés.
En commençant par les militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) encore détenus dans des geôles. Notamment Mamadou Mota et ceux qui ont été condamnés avec lui lors de la mutinerie de juillet 2019 à la prison centrale de Yaoundé. Le premier vice-président du Mrc et ses acolytes font partie des personnes « condamnées pour des pour une infraction commise pendant qu’elles se trouvaient en détention ». Ces militants du Mrc n’avaient pas déjà été libérés en même temps que Maurice Kamto, pour les mêmes raisons.

Le second groupe de détenus qui ne bénéficieront pas de la remise des peines, est constitué des leaders de la crise dite anglophone. L’article 4 du décret présidentiel n’accorde pas de faveur aux personnes détenues pour « atteinte à la sûreté de l’Etat, pour infractions prévues au chapitre 2 de la Loi N°2014/028 du 23 décembre 2014 portant répression des actes de terrorisme,… » Les chefs d’accusation retenus contre Ayuk Tabe et ses compagnons d’infortune appartiennent à ce groupe. Pour la 3ème occasion, les leaders de la cause anglophone arrêtés au Nigeria en janvier 2018 manquent à l’appel de la libération de prisonniers.

Remise de peines taillées sur mesure

Enfin, il y a le groupe des clients de l’Opération Epervier. Si Polycarpe Abah Abah a déjà purgé sa peine de six mois pour tentative d’évasion, il devra rester en prison comme Jean Marie Atangana Mebara, Gervais Mendo Ze, Urbain Olanguena Awono, Edgard Alain Mebe Ngo’o, Atangana Kouna,… Ils ont en commun et diversement cumulés contre eux les condamnations pour « corruption, détournement de deniers publics,…».

Ainsi, Paul Biya qui a tardé à prendre la locomotive de la décongestion des prisons qu’avaient tôt emprunté beaucoup de présidents africains, dans le cadre de la lutte contre le coronavirus qui impose parmi les mesures barrières la distanciation sociale, travaillait à tailler les mesures à la dimension des prisonniers les plus ordinaires. A priori donc, aucune grosse plume ne sera élargie. Et même, la liste des critères restrictifs est si longue que le décret présidentiel risque de ne pas avoir l’effet escompté. La surpopulation carcérale au Cameroun est un secret de polichinelle. Selon des chiffres annoncés à titre indicatif par la radio nationale, le pays de Paul Biya compte un peu plus de 30 mille détenus, contenus sur moins du tiers de l’espace prévu. En cas d’infection à coronavirus dans le pénitencier de Kondengui par exemple, ce serait une hécatombe.

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