Au 31 octobre 2024, la Société Nationale des Hydrocarbures (SNH) a transféré au Trésor public 440,350 milliards FCFA, après déduction des charges, au titre des ventes de pétrole brut et de gaz. Cette performance marque une augmentation de 175,034 milliards FCFA par rapport au montant transféré à fin juin 2024, qui était de 265,316 milliards FCFA. En valeur relative, cela représente une hausse de 65,96 %. La SNH a également versé à l’État un dividende de 25 milliards FCFA, 22,855 milliards de FCFA d’impôts sur les sociétés, ainsi que 8,391 milliards FCFA au titre d’autres impôts et taxes.
Pour 2024, la loi de finances rectificative prévoit des recettes pétrolières et gazières de 801,6 milliards FCFA. À ce jour, la somme totale collectée s’élève à environ 496,596 milliards FCFA, incluant les transferts financiers au Trésor et les contributions fiscales. Cela laisse un écart de 305,004 milliards FCFA à combler d’ici la fin de l’année. Si les tendances actuelles persistent, les recettes annuelles pourraient plafonner à environ 700 milliards FCFA, soit un déficit de plus de 100 milliards FCFA par rapport à l’objectif.
UNE LÉGÈRE PROGRESSION POUR LA PRODUCTION
La production nationale de pétrole brut au 31 octobre 2024 s’élève à 18,13 millions de barils. Par rapport aux 11,104 millions de barils enregistrés à fin juin, cela représente une hausse de 7,026 millions de barils en valeur absolue, soit une augmentation de 63,26 % en valeur relative. En revanche, la production nationale de gaz naturel, estimée à 2 043,27 millions de m³ au 31 octobre, semble se maintenir à un niveau comparable à celui du premier semestre, sans variations significatives indiquées dans les données disponibles.
Malgré une production stable, voire croissante pour le pétrole, les recettes enregistrées restent freinées par les fluctuations des cours internationaux. Entre janvier et juin 2024, une baisse notable des revenus avait déjà été observée, avec une diminution de 85,944 milliards FCFA par rapport à la même période en 2023. La fin d’année s’annonce décisive pour la SNH et le gouvernement camerounais. L’objectif de 801,6 milliards FCFA fixé dans la loi de finances rectificative paraît difficile à atteindre sans un rebond significatif des prix ou une augmentation inattendue des volumes vendus.
DES PRÉVISIONS EN BAISSE
Après une prévision optimiste de 828,3 milliards de FCFA pour 2025, en hausse par rapport aux 801,6 milliards de FCFA espérés en 2024, les recettes pétrolières du Cameroun vont s’engager sur une pente descendante. Le Document de programmation économique et budgétaire à moyen terme 2025-2027 anticipe un recul significatif dès 2026, où elles devraient chuter à 612,5 milliards de FCFA, avant de tomber sous la barre des 600 milliards en 2027, à 580,6 milliards de FCFA.
Ces estimations pessimistes, bien que non explicitement justifiées dans le document élaboré par le ministère des Finances, trouvent un écho dans la tendance baissière de la production pétrolière observée ces dernières années. Selon la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), la production de pétrole brut du Cameroun devrait atteindre un peu plus de 3 millions de tonnes en 2024, confirmant une baisse continue amorcée il y a plusieurs années. Entre 2021 et 2024, cette production aurait enregistré une chute globale de 11,4 %.
En plus de la diminution des volumes de production, les recettes pétrolières pâtissent également de facteurs externes. La loi de finances 2025, revoit d’ailleurs à la baisse les prévisions de mobilisation des revenus pétroliers initialement établies à 828,3 milliards de FCFA. Désormais, l’État table sur 734,8 milliards de FCFA, soit une contraction de 66,8 milliards (-8,3 %) par rapport à l’objectif de 2024.
Ce réajustement est principalement attribué à la baisse des cours mondiaux du baril, combinée à une dépréciation du dollar face au franc CFA. À ces difficultés s’ajoute une situation peu favorable pour le secteur pétrolier camerounais. Après une contraction de -2,6 % prévue pour 2024, la décroissance devrait se poursuivre en 2025, avec un recul estimé à -1 %.
A titre de rappel, les recettes pétrolières regroupent les revenus issus de la vente de pétrole brut, de gaz naturel liquéfié, ainsi que de l’impôt sur les sociétés pétrolières.