«Nous souhaitons investir davantage dans la production de contenus camerounais. C’est une orientation que le groupe a prise il y a quelques années», a déclaré Jacques Du Puy après sa rencontre avec le chef du gouvernement. Il a exprimé le désir de voir Canal+ intensifier ses investissements dans ce domaine, soulignant que le groupe produit, soutient, et finance déjà des contenus locaux, mais qu’il reste encore beaucoup à faire. La démarche de Canal+ s’inscrit dans une stratégie visant à enrichir l’offre de contenus destinés aux téléspectateurs camerounais, tout en dynamisant l’industrie locale du divertissement. En outre, le groupe envisage des investissements dans des secteurs adjacents à la télévision, ce qui pourrait renforcer encore davantage sa présence au Cameroun.
Une opportunité ou une menace Pour la culture Camerounaise ?
Malgré ces ambitions louables, Canal+ doit également faire face à des défis importants, notamment en ce qui concerne la conformité de ses programmes avec les normes et valeurs locales. En septembre 2023, le Conseil national de la communication (CNC) avait suspendu la diffusion de la chaîne Canal+ Elles, accusée de promouvoir l’homosexualité, une décision qui avait soulevé de vifs débats. Bien que cette suspension ait été levée en octobre 2023, Canal+ a dû prendre des engagements fermes pour éviter de telles situations à l’avenir.
Jacques Du Puy a précisé que Canal+ a renforcé ses efforts pour garantir que ses contenus respectent les valeurs locales, en mettant notamment l’accent sur le contrôle parental et une sélection rigoureuse des chaînes diffusées. Toutefois, il a également rappelé que de nombreux contenus diffusés par Canal+ ne sont pas produits par le groupe, mais proviennent de diverses sources internationales. L’investissement accru de Canal+ dans la production locale suscite des réactions contrastées. Pour certains observateurs, ces investissements représentent une opportunité unique pour le cinéma camerounais, offrant des ressources financières et un savoir-faire indispensables pour propulser l’industrie à un niveau supérieur.
Cependant, d’autres craignent que cette influence ne soit le vecteur d’une « colonisation culturelle », où les contenus proposés par Canal+ pourraient entrer en conflit avec les valeurs traditionnelles camerounaises, notamment en ce qui concerne des sujets sensibles comme la promotion de l’homosexualité. Cette problématique est d’ailleurs abordée par l’universitaire camerounais Michel Njankou dans une production scientifique publiée en 2018. Intitulée «Homosexualité et séries télévisées au Cameroun : Étude de cas du paradoxe des chaînes télévisées au Cameroun», cette analyse a été publiée alors qu’il était membre de la Faculté des sciences, économiques, sociales politiques et de communication de l’Université catholique de Louvain, en Belgique.
En s’appuyant sur des études de cas spécifiques de séries populaires, Michel montre comment ces programmes peuvent à la fois renforcer et contester les normes culturelles en place. Il souligne également les tensions entre le contenu local et international, illustrant comment les influences extérieures peuvent entrer en conflit avec les valeurs traditionnelles. «Face à ces défis, la nécessité pour le gouvernement camerounais de maintenir une vigilance accrue sur la qualité des contenus diffusés par Canal+ se fait plus pressante. Si l’engagement de Canal+ à soutenir la production locale est à saluer, il est impératif que ces contenus reflètent fidèlement les valeurs et les réalités du pays», suggère un expert contacté par News du Camer.