C’est une fin en ré mineur pour Aïjo Mamadou ce 20 septembre 2024. L’artiste musicien du bikutsi s’en est allé. Finalement ! Une semaine durant, le Lion blanc a fait l’actualité tant dans les réseaux sociaux que dans les médias. Tantôt l’artiste est annoncé mort, tantôt la rumeur est démentie. A renfort de vidéos, comme celle qui présente l’homme dans une situation inconfortable dans un refuge qui ne rappelle pas un établissement hospitalier.
La famille et des proches se sont évertués à rassurer. Malgré la réticence de l’artiste à accepter des soutiens populaires, des initiatives seront engagées pour tenter de sauver le malade qui a finalement été interné au CHU de Yaoundé. Mais « il est difficile de croire qu’il va se relever », avait déjà pronostiqué un animateur radio qui a connu l’homme dans le passé. Ajoutant son son à celles qui voyaient en Aïjo Mamadou, une maladie aux causes surnaturelles.
Il aura finalement raison. Aïjo Mamadou a finalement rangé, mieux cassé sa guitare. Laissant à la postérité, un répertoire comprenant des titres retentissants comme « Amour à 100%», « Amour et espoir», « Levez les doigts». L’homme qui essayait de sortir le bikutsi du fonds du bas ventre où l’ont confiné nombre d’artistes de ce rythme, s’en est allé sans avoir réussi cette mission d’épuration tant appelé de leurs vœux par des puristes mélomanes.
De son vrai nom Meva’a Martin Magloire, Aïjo Mamadou est né le 28 juillet 1962 à Nanga Eboko dans la région du Centre, de Zepong Moni et de Julienne Abomo. Il avait au départ un penchant pour la boxe. Discipline sportive que l’homme a tenté de jumeler à la musique ; d’où son premier pseudonyme de Mevio le boxeur, connu des habitués du cabaret Le Parisien sis au lieu-dit Montée Caveau, au quartier Mvog-Ada. L’homme qui fait ses classes auprès des Zombies de la capitale, séduit vite ses maîtres et enchante les noctambules. Le succès étouffe la passion de départ et la boxe n’est plus qu’un souvenir que rappelle par moments la gestuelle de l’artiste dans ses pas de danse.