Comment le projet s’intégrera-t-il aux politiques et stratégies nationales de développement de l’élevage ?
Je voudrais aborder cette question en soulignant que c’est le Gouvernement qui élabore les politiques publiques. Il les met en œuvre à travers des structures créées à cet effet. La Chambre d’Agriculture est donc l’une de ces structures, dont le rôle est d’assurer la mise en œuvre desdites politiques, dans les secteurs qui sont les nôtres, à savoir les secteurs agro-sylvo pastoral et halieutique. A travers ce rôle, notre travail à la Chambre est de rechercher au quotidien, pour nos membres et ressortissants, des opportunités diverses pour le développement de leurs activités, en s’appuyant sur les politiques en place. C’est dans ce cadre que s’inscrit le projet Proporc. Sa finalité est donc de permettre aux membres et ressortissants de la filière porcine de la Chambre, de saisir les opportunités qu’offre la politique actuelle du gouvernement pour développer et moderniser leurs exploitations et ainsi contribuer à une offre de protéines alimentaires en quantité et en qualité.
Par quel moyen le projet va-t-il contribuer à la modernisation de la filière porcine au Cameroun ?
Relativement à la modernisation de la filière porcine, il convient tout d’abord de rappeler que l’activité dans cette filière reste jusqu’à présent traditionnelle. Les exploitations sont encore le fait de petits fermiers dont l’activité d’élevage porcin n’est pas la principale. Il s’agit, comme on peut le voir sur le terrain, d’une filière aux pratiques archaïques, laquelle ne profite pas de tout le potentiel dont dispose notre pays en termes d’environnement naturel, de savoir-faire moderne et de marché. Sa modernisation apparaît donc indispensable et la contribution du projet est d’aider à sa structuration et à son développement, à l’effet d’y promouvoir des acteurs, qui sont nos membres et ressortissants, capables de créer et de gérer des fermes modernes, de même niveau de technologie que ce que nous voyons dans les pays évolués.
Notre action, à travers le projet, portera à cet effet, sur quatre axes majeurs à savoir ; rendre disponibles, grâce au savoir-faire de nos partenaires, des infrastructures (bâtiments et équipements) de qualité ; fournir à travers une maîtrise adéquate de la génétique, des animaux d’élevage économiquement viables et adaptés à nos conditions climatiques ; promouvoir un dispositif entrepreneurial de production et de distribution d’aliments de qualité et enfin, faciliter l’émergence d’un marché porcin national et sous régional moderne, susceptible d’accroître la demande et de tirer la production vers le haut. Il reste entendu que tout ceci devra être assis sur une offre de formation régulière et adaptée à tous les maillons de la filière.
Comment le Proporc va-t-il contribuer à améliorer la qualité et la disponibilité de la viande de porc pour les consommateurs camerounais ?
Il est important de noter que les données non actualisées provenant du gouvernement indiquent une demande d’environ 75 000 tonnes de viande face à une production d’environ 30 000 tonnes. Il est donc nécessaire d’actualiser ces chiffres, mais nous pouvons nous baser sur ces données pour affirmer que l’objectif du projet, d’ici 2026, est de combler ce déficit et de générer un surplus destiné à l’exportation. Le projet prévoit de développer, entre 2024 et 2026, 500 fermes en collaboration avec nos partenaires, y compris pour la levée de fonds nécessaire à la mise en œuvre. Chaque ferme comptera 28 truies, ce qui signifie qu’elles produiront des porcelets. On estime qu’une telle ferme produira environ 1 500 porcelets. Ainsi, en multipliant par 500, nous prévoyons qu’en 2026, nous aurons une production suffisante pour couvrir le marché local et exporter l’excédent.
Je tiens à souligner que ce projet suscitera un vif intérêt et positionnera clairement le Cameroun comme un pays producteur de porc à moyen terme. Un aspect crucial de ce plan est la formation. À cet égard, nous avons conclu un accord avec la commune de Bankim, qui a fourni des terres et diverses facilités locales pour l’établissement d’un centre de formation. Nous souhaitons le situer dans une zone sécurisée, à proximité de l’eau, pour favoriser le développement de diverses activités. En collaboration avec la commune de Bankim, nous avons entrepris plusieurs initiatives pour créer un centre de formation dédié à l’encadrement complet de cette activité.