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Marchés : Face à la concurrence étrangère, l’artisanat camerounais résiste

Yaoundé a abrité depuis le 22 juillet la 8ème édition du salon international de l’artisanat du Cameroun. Environ 600 artisans venus du Cameroun et d’une vingtaine de pays africains prennent part à ce rendez-vous. Cependant, ces derniers font face principalement au « made in China ».

Le secteur de l’artisanat représente un véritable levier de développement pour l’Afrique. Il est source d’emplois, de revenus et contribue à préserver l’identité culturelle du pays. Pourtant, il est confronté à de multiples défis : la concurrence déloyale, la mondialisation et la difficulté d’accès au crédit. L’artisanat englobe une grande diversité de métiers, tels que la sculpture sur bois, la poterie, la vannerie, la bijouterie, la fabrication de textiles, la teinture, la couture, la maroquinerie et bien d’autres. Dans la capitale politique du pays, le centre commercial China Mall est l’épicentre des inquiétudes des artisans locaux. Les villes comme Yaoundé et Douala voient fleurir de grandes surfaces chinoises, proposant une large gamme de produits, dont des imitations de bijoux traditionnels africains. Ces copies, qu’on retrouve aussi sur les étals des marchés comme celui de Mokolo, d’Acacia ainsi que le marché central, sont visuellement proches des originaux, mais elles en sont bien loin en termes de qualité et de durabilité.

En 2023, le Cameroun a importé plus de 49 015 tonnes de meubles et de mobilier médical pour une enveloppe de 42,9 milliards de FCFA, rapporte l’Institut national de la statistique dans sa note sur le commerce extérieur du Cameroun. Le pays a acheté 5237,4 tonnes d’objets pour la table ou la cuisine pour 2,4 milliards de FCFA et 256 tonnes de perles fines et métaux précieux pour un montant évalué à 1,6 milliard de FCFA. Bien que le service officiel des statistiques du Cameroun ne précise pas les types de produits importés en fonction des pays, il révèle tout de même que la Chine est le premier fournisseur du Cameroun, représentant 19 % du total des importations. Le phénomène a déjà entraîné la fermeture de nombreux ateliers artisanaux et la reconversion de certains artisans, qui sont incapables de rivaliser avec les prix défiants toute concurrence des produits importés. Dans un reportage de VOA Afrique publié en novembre 2023, Abouti Ottou, coordinateur de l’agence Ecofin Cameroun, a fait part du fait que « le Chinois fabrique des outils avec l’assistance technologique, avec la subvention de l’État et apporte sa marchandise à un prix très bas pour venir faire concurrence à un entrepreneur camerounais qui, lui, fabrique avec une technologie rudimentaire et qui n’a pas le soutien de l’État ».

Face à l’invasion des produits artisanaux étrangers, le gouvernement camerounais a pris des mesures fortes en multipliant les initiatives en faveur des artisans camerounais. Afin de soutenir le développement de l’artisanat, le gouvernement a déployé plusieurs dispositifs : des formations en informatique pour une meilleure maîtrise des outils numériques, des plateformes en ligne pour faciliter la commercialisation des produits à l’échelle internationale et la création de cartes professionnelles biométriques pour un accès simplifié au crédit et à la protection sociale. Par ailleurs, des villages artisanaux spécialisés se sont développés à travers le pays, notamment à Foumban, dédié à la valorisation du patrimoine Bamoun, et à Mbalmayo, spécialisé dans la transformation du bambou et du rotin.

Ces mesures visent à améliorer la compétitivité des artisans camerounais tout en valorisant leur patrimoine culturel. « Grâce à la vision d’un homme, son excellence Paul Biya, qui a maillé tout le territoire national de villages artisanaux. Ainsi, à Yaoundé se dresse fièrement au carrefour de l’intendance le Centre international de l’artisanat de Yaoundé, qui est une structure de référence internationale qui abrite non seulement des artisans nationaux, mais aussi des artisans étrangers, pour présenter ce qu’il y a de meilleur en matière de créativité et de production artisanale. C’est le vaisseau amiral de cette infrastructure. Mais il faut également dire que dans chacune des dix régions que compte notre pays, un village artisanal régional a également été érigé », a précisé Achille Bassilekin III, le ministre des Petites et Moyennes entreprises, de l’Économie sociale et de l’Artisanat.

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