Le 21 août dernier, à Yaoundé, une opération menée conjointement par la délégation régionale des Forêts et de la Faune du Centre et la division régionale de la police judiciaire a permis l’arrestation de deux ingénieurs informaticiens et d’un autre suspect pour détention illégale de défenses d’éléphants. Les trois hommes ont été appréhendés alors qu’ils tentaient de vendre les précieux trophées au lieu-dit TKC, un quartier situé dans le 6e arrondissement de la capitale du Cameroun.
C’est à bord d’une Toyota Avensis, les forces de l’ordre ont découvert deux défenses d’éléphant, pesant près de 30 kg, dans le coffre du véhicule. Ces défenses portaient des marques prouvant qu’elles avaient été saisies auparavant par les autorités. L’arrestation a pris un tournant lorsque, grâce aux déclarations des suspects, un quatrième individu a été interpellé. Ce dernier, un colonel retraité du ministère des Forêts et de la Faune, avait autrefois occupé des postes de responsabilité dans la gestion des parcs nationaux. Son rôle dans ce trafic illégal demeure encore flou, mais il est actuellement en garde à vue pour complément d’enquête.
Cette opération a été réalisée avec l’assistance technique de l’organisation LAGA, qui soutient les actions de protection de la faune sauvage. Les autorités indiquent que les suspects sont toujours détenus au commissariat de police en attendant la poursuite des procédures judiciaires.
Un trafic persistant malgré les interdictions
Le commerce illégal de l’ivoire semble reprendre de la vigueur après avoir été freiné par les mesures de sécurité aux frontières imposées durant la pandémie de COVID-19. Depuis le mois de juillet, pas moins de sept trafiquants ont été arrêtés pour détention de défenses d’éléphants dans différentes régions du Cameroun. Parmi eux, deux ingénieurs forestiers et un professeur d’enseignement secondaire, arrêtés dans le sud avec quatre défenses d’éléphants.
Le Cameroun abrite l’une des plus grandes populations d’éléphants d’Afrique, avec environ 6 830 individus selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Néanmoins, cette population est gravement menacée par le braconnage et le trafic de défenses, principalement à destination du marché asiatique où la demande d’ivoire est particulièrement élevée. L’éléphant de forêt d’Afrique figure sur la liste rouge des espèces en danger de l’UICN, et le pays est signataire de la Convention CITES, qui interdit strictement le commerce international de l’ivoire depuis 1989.
Sanctions sévères prévues par la loi
Conformément à la nouvelle loi camerounaise sur la faune sauvage adoptée en 2024, les quatre suspects encourent des peines pouvant aller jusqu’à 20 ans de prison et une amende de 50 millions de FCFA. Ces mesures renforcées visent à dissuader le commerce illégal de défenses d’éléphants et à protéger les dernières populations d’éléphants du Cameroun. Malgré les interdictions internationales, le braconnage reste une menace sérieuse pour la survie de ces majestueux animaux.