Dans les villes de Garoua et Ebolowa, « 97 dénonciations ont été recueillies par les services de la CONAC, 11 personnes, prises en flagrant délit de corruption, ont été mises à la disposition des Autorités Judiciaires », a révelé François Anouahaha, secrétaire Permanent par intérim de la Commission nationale Anti-Corruption du Cameroun (Conac) lors de la cérémonie de présentation des vœux au président de la Conac le 31 janvier dernier au Palais des Congrès de Yaoundé. Le vice-président de cet organisme public indépendant chargé de contribuer à la lutte contre la corruption révèle en outre que dans le cadre de la « Clinique AntiCorruption » dans les deux villes cidessus : « la somme de plus d’un million de F CFA, saisie lors des enquêtes, a été reversée dans les caisses du Trésor Public ».
De manière globale, le bilan de 2024 dressé vendredi dernier par François Anouahaha, fait état d’un total « de 2353 dossiers qui ont fait l’objet d’un traitement au 31 décembre 2024 sur les 2 542 dossiers ouverts à la Conac, soit un taux de traitement de 92, 5 % ». De manière détaillée, 1538 dossiers de dénonciations qui ont fait l’objet d’un traitement ont été transmis à la division des investigations et à la division des études et de la coopération. Certains de ces dossiers ont donné lieu à l’ouverture d’une enquête ou à des Actions par voie d’Intervention Rapide (Air). La Conac a ainsi mené 60 Air en 2024. « Au terme de ces Air, elle a initié 14 procédures auprès des juridictions compétentes. 05 décisions ont été rendues et les 09 autres procédures sont pendantes. Il ressort des 05 décisions rendues que 03 condamnations ont été prononcées pour corruption active et les deux autres pour détournement de biens publics, faux et usage de faux », explique le secrétaire permanent par intérim. Au regard de cette performance, Dieudonné Massi Gams, président de la Conac, a réaffirmé vendredi dernier la détermination de l’institution à intensifier ses actions pour un cadre plus strict et efficace. Dans son discours, il a insisté sur la nécessité d’améliorer l’arsenal juridique en matière de lutte contre la corruption. Parmi les mesures envisagées figurent la criminalisation de l’enrichissement illicite et l’obligation de déclaration des biens. Des démarches sont en cours pour faire aboutir ces réformes législatives, essentielles pour renforcer la transparence et la redevabilité des gestionnaires des fonds publics.
DES ACTIONS CONCRÈTES SUR LE TERRAIN

Au-delà des textes, la Conac mise sur l’efficacité des procédures et la réactivité face aux dénonciations de corruption. « Nous devons consolider nos efforts dans le traitement diligent des dossiers et particulièrement dans les suites données aux dénonciations dont l’Institution est saisie », a déclaré le président de la Commission. Dans cette optique, des réflexions internes ont conduit à une nouvelle approche. Il s’agit de l’élaboration et de l’évaluation des Plans d’action régionaux de lutte contre la corruption. Dès les prochains jours, des équipes seront déployées sur le terrain pour assurer la mise en œuvre de ces plans. Un autre engagement majeur de la Conac concerne la publication du Rapport sur l’état de la lutte contre la corruption au Cameroun. Désormais, cette publication se fera à la fin du premier semestre, permettant ainsi une analyse plus rapide et des ajustements stratégiques en temps opportun. « La lutte contre la corruption étant l’affaire de tous, nous devons maintenir la collaboration avec les autres partenaires dans la promotion de l’intégrité au Cameroun que sont notamment les Cellules de Lutte Contre la Corruption, les Juridictions et la Société Civile », a souligné Rev Dieudonné Massi Gams en insistant sur l’importance de la collaboration avec les autres acteurs impliqués dans la lutte contre la corruption.
DIEUDONNÉ MASSI GAMS, Président de la Commission nationale anti-corruption


« Il faut lutter contre la corruption pour la préservation des biens publics »
Nous tenons à souligner que nous avons une boussole qui épouse également la vision du chef de l’État. Nous avons trois préoccupations fondamentales pour 2025. Premièrement, la préservation des biens publics. Il faut lutter contre la corruption pour assurer cette préservation. C’est très important pour le développement de notre pays. Deuxièmement, la coopération au niveau national et international avec les structures de lutte contre la corruption. Il est essentiel d’agir de manière synergique et concertée pour ne pas être isolé, car la Conac ne travaille pas seule. Troisièmement, nous avons un problème : les descentes sur le terrain et les investigations physico-financières. Il est crucial que nous identifiions les bâtiments en construction, ceux abandonnés et les projets qui devraient être réalisés mais ne le sont pas, ou sont inachevés. Nous attendons également de recevoir des dénonciations de la part du peuple. Nos numéros verts et nos moyens de communication.