Deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre, sa décision de quitter l’accord de Paris, ajoutée à une relance des énergies fossiles, suscite des inquiétudes.
A peine 24 heures après sa prise de fonction officielle, le nouveau président américain a signé un texte en vue du retrait des Etats Unis de l’accord de Paris. Cet accord de 2015 ratifié par 196 parties à la Conférence des Nations unies sur le climat, est un engagement pour ces pays à limiter le réchauffement de la planète d’ici à la fin du siècle à +1,5 °C.
« Les Etats-Unis ne saboteront pas leurs propres industries pendant que la Chine pollue en toute impunité. La Chine utilise beaucoup d’énergie sale, mais elle en produit beaucoup», justifie Donald Trump. Cette décision est en accord avec la politique énergétique que compte mettre en œuvre le nouveau président. Il est question de relancer l’exploration pétrolière et gazière dans le pays, conformément à sa promesse électorale soutenue par des géants du pétrole. Sa campagne a d’ailleurs reçu un don de 75 millions de dollars (environ 47 milliards FCFA) de l’industrie des combustibles fossiles. C’est pourquoi parmi ses premières décisions, se trouve la levée de l’interdiction prise par l’ancien président Joe Biden, au sujet des forages off-shore au large de l’Alaska, dans le détroit de Béring. Cette politique de nouveaux forages pourrait ajouter 4 milliards de tonnes de CO2 supplémentaires aux émissions américaines d’ici à 2030. Soit l’équivalent des émissions annuelles de l’Union européenne et du Japon cumulées, révèle une étude de Carbon Brief.
Donald Trump est resté constant sur ses positions par rapport aux questions environnementales. En 2017, lorsqu’il est élu pour la première fois à la tête du pays, il avait également décidé de se retirer de l’accord de Paris, qu’il qualifie d’ « arnaque unilatérale et injuste ». Cette décision avait nécessité trois ans pour se concrétiser en raison des règles de l’accord. Joe Biden, avait ensuite réintégré l’accord en 2021.
Selon les procédures des Nations unies, il faudra attendre un an, soit jusqu’en 2026 avant que le retrait de l’accord de Paris soit officialisé. Mais déjà, plusieurs analyses qualifient cette décision de Trump de coup dur pour les efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique et une menace pour les financements climatiques. L’Afrique pourrait payer le lourd tribut, car elle dépend des financements pour sa transition énergétique et son adaptation aux effets du réchauffement climatique.
Réaction
Ghislain FOMOU, expert en questions environnementales
« L’une des principales conséquences serait la mobilisation des financements climatiques »

« La Chine et les États-Unis sont les deux plus grands pollueurs. Jusqu’ici, aucune de ces puissances pollueuses n’a respecté ses engagements de l’accord de Paris. Par cette déclaration, Donald Trump justifie une fois de plus son climato scepticisme. Si non pourquoi n’avoir pas pris plus tôt des mesures pour encourager les autres pays à prendre les mesures plus fermes pour respecter cet accord. À mon avis, la raison avancée par Trump est un véritable cache sexe. Cette sortie sonne le glas de l’accord de Paris. Que restera-t-il de cet accord sans les plus grands pollueurs? Ceci aurait également quelques conséquences financières sur le financement des négociations sur le climat. Car 1/4 du financement de la convention des nations unies sur le changement climatique est supporté par les états unies. L’une des principales conséquences serait la mobilisation des financements climatiques. »