mercredi, novembre 6, 2024
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Les inondations de Yagoua : un défi climatique et humanitaire

Les inondations ont ravagé Yagoua, entraînant l'effondrement du pont principal et perturbant la vie des habitants. Découvrez les témoignages poignants des sinistrés et les appels à l'aide des autorités locales.

Le camp sinistré d’Ouro Dabango, situé à Yagoua, a été frappé par de violentes inondations vendredi 4 octobre 2024, suite à des pluies torrentielles qui ont duré plus de deux heures. Dès les premières gouttes, les résidents du camp ont vu, impuissants, l’eau s’infiltrer dans plusieurs tentes qui leur servent d’abri. Malgré la réactivité de certains, l’inondation a causé d’importants désagréments à plusieurs familles. Avec les inondations dans l’Extrême-Nord du Cameroun, le pont reliant le centre de la ville de Yagoua et les quartiers populaires comme Kaskao ou encore Gabara a cédé sous la pression des eaux. La mairie a fait installer une passerelle en planches pour permettre à ceux qui ne peuvent pas emprunter de pirogue de circuler. Une situation qui perturbe fortement le quotidien de ses habitants et ceux des arrondissements voisins depuis bientôt un mois. Reportage. Des habitants de Yagoua traversant sur une passerelle suite à la destruction, consécutive à de violentes inondations dans l’Extrême-Nord du Cameroun, d’un pont reliant le centre-ville à d’autres arrondissements.

Avant l’effondrement du seul pont du centre-ville de Yagoua, ville de l’Extrême-Nord du Cameroun, Vincent était agriculteur. Depuis l’incident, il s’est trouvé une nouvelle occupation : il régule la circulation sur une passerelle provisoire installée sur les deux extrémités de ce qui reste de la structure du pont. « Nous avons essayé d’adapter les choses pour que les gens puissent passer », explique-t-il. Cette passerelle en planches est fragile. Conséquence : seuls les piétons, les vélos et les motos sans charges lourdes peuvent passer. Pas moyen pour les véhicules de transports de circuler. « Ça ralentit totalement les activités puisque c’est un pont principal qui relie vraiment deux côtés de la ville », souligne un autre riverain. La rupture du pont a également perturbé la première semaine de cours : plusieurs élèves, notamment ceux du primaire, ont changé d’établissement.

Pierre Lirawa, maire de Yagoua, espère des solutions plus pérennes pour l’avenir de cette ville, frappée par le changement climatique : « Il faut refaire ce pont et le dupliquer parce que c’est la seule voie. Les besoins de la ville sont nombreux. Il faut entre autres refaire les salles de classes et les circuits d’approvisionnement en eau potable détruits par les inondations et recaser les populations sinistrées qui habitent les zones inondables sur un site approprié. » La destruction de ce pont à Yagoua est venue s’ajouter à d’importants dégâts matériels causés par les inondations dans la région de l’Extrême-Nord du pays, où les eaux ont détruit près de 9 000 habitations et des milliers d’hectares de cultures.

La région de l’Extrême-Nord du Cameroun est frappée ces derniers mois par des inondations qui ont causé de nombreux dégâts. Ce phénomène environnemental a fait officiellement plus de 200 000 sinistrés et 17 morts. Plus de 3 000 sinistrés, regroupés dans 500 ménages, vivent dans des conditions précaires dans le camp d’Ourao-Dabang, près de Yagoua. « C’est la rentrée scolaire au Cameroun, et près de 100 écoles sont restées fermées dans le septentrion dont je suis originaire. À Yagoua où je vis, au moins 13 000 personnes ont été affectées par les inondations. Au fil des ans, la situation empire et préoccupe grandement. Au Nord, l’éducation de la jeune fille n’est pas primordiale et quand des catastrophes naturelles s’y ajoutent, cela complexifie davantage la situation. L’éducation est un droit fondamental, et aucun enfant ne devrait en être exclu. », déplore Firida Debora, jeune sinistrée de Yagoua, dans l’Extrême-Nord Cameroun.

« Les données récentes font froid dans le dos. Entre juillet et août 2024, la région de l’Extrême-Nord a subi à plusieurs reprises des inondations. Plus de 8 000 maisons ont été détruites, affectant ainsi à peu près 160 000 personnes. Plusieurs enfants risquent d’avoir une année scolaire difficile à cause de ces inondations. De plus, près de 3 000 hectares de plantations ont été détruits, une catastrophe pour le Cameroun où, en 2023, près de 3 millions de personnes étaient en situation d’insécurité alimentaire aiguë, d’après le gouvernement. Ce fait d’actualité, qui vient se greffer à la liste déjà très longue des pertes et dommages créés par les changements climatiques, montre à suffisance l’urgence qu’il y a à sécuriser les fonds pour endiguer les effets des changements climatiques », rapporte Sylvie Michele Ongbassomben, chef de projet de la Campagne Forêt chez Greenpeace Afrique.

Les météorologues annoncent d’autres inondations courant octobre, occasionnées par le débordement du fleuve Logone.

Marcial NZEMIE

Firida Debora, sinistrée des inondations de Yagoua, dans l’Extrême-Nord du Cameroun

« L’agriculture, qui est la principale activité, a été dévastée par les inondations. »

 La population de Yagoua fait face à une situation catastrophique depuis près de deux mois. La scolarisation des enfants est très compliquée en cette rentrée scolaire. Certains veulent vraiment aller à l’école mais les moyens ne sont pas disponibles. Les élèves souffrent du manque de moyens de déplacement pour se rendre à l’école. Ma petite sœur a perdu ses effets scolaires dans cette inondation. Le pont qui reliait les deux parties de la ville s’est écroulé, causant un problème de mobilité. Du coup, les établissements ont été divisés. Ceux qui habitent le Nord vont faire les cours du côté Nord ; ceux du Sud vont les faire aussi du côté Sud, et ainsi de suite. Ce qui signifie que même si tu fais l’enseignement technique et que tu te retrouves dans une zone où il n’y en a pas, tu es obligé de te reconvertir et t’adapter si tu tiens encore à fréquenter. Et il y a aussi des élèves qui ne parviennent pas à aller à l’école parce que leurs fournitures ont été emportées.

L’agriculture, qui est la principale activité, a été dévastée par les inondations. Il y a deux ans, nous avons eu des inondations, mais l’intensité de cette fois-ci était plus forte que jamais. Yagoua compte 11 arrondissements et tous ont subi les affres des inondations : les habitats, les bêtes, les champs et les produits, etc. L’eau jaillit des soussols. Trois cases de notre concession ont été détruites et le bétail a péri. Dans les quartiers environnants, c’est pire que cela. Nous vivons une famine indescriptible. Nous rencontrons de nombreuses difficultés liées à l’alimentation, à l’éducation et au recasement des sinistrés.

À Yagoua où je vis, au moins 13 000 personnes ont été affectées par les inondations. Au fil des ans, la situation empire et préoccupe grandement. Au Nord, l’éducation des jeunes filles n’est pas primordiale et quand des catastrophes naturelles s’y ajoutent, cela complexifie davantage la situation. L’éducation est un droit fondamental, et aucun enfant ne devrait en être exclu.

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