C’est une nouvelle ère qui s’ouvre pour la recherche nationale avec ce décret qui valorise considérablement les chercheurs des instituts publics. Le texte établit un cadre précis pour les primes de recherche et de technicité, concrétisant les promesses faites par le décret du 8 août 2023 qui avait instauré un statut spécial pour les chercheurs. Cette décision, attendue depuis de nombreuses années, va permettre de fidéliser les talents et d’attirer de nouveaux chercheurs, renforçant ainsi le tissu scientifique du pays. Désormais, des primes de recherche mensuelles allant de 90 000 FCFA pour les attachés de recherche à 140 000 FCFA pour les directeurs de recherche seront allouées aux chercheurs.
Le texte précise également que la prime de technicité oscillera entre 30 000 FCFA pour les attachés et 50 000 FCFA pour les directeurs. Ces montants visent à revaloriser le travail de ce corps de métier et remplacent les anciennes dispositions en vigueur depuis 1980. Ce décret marque une étape importante pour les chercheurs camerounais, qui, depuis plusieurs années, réclamaient une amélioration de leurs conditions de travail et de rémunération. Il s’inscrit dans une dynamique de valorisation des professionnels de la recherche, dont le rôle est crucial pour le développement scientifique et technologique du pays. Le décret de 2023 avait posé les bases de cette reconnaissance en intégrant dans la rémunération des chercheurs un solde de base, une prime de recherche et une prime de technicité. Une disposition datant de 43 ans, le texte du 8 août 2023, qui organisait le corps des chercheurs, était devenu obsolète face aux nouveaux enjeux de développement. Cette mesure présidentielle intervient dans un contexte où le Cameroun occupe le leadership de la recherche scientifique en Afrique francophone.
Selon les données du centre de recherches SCIMAGO, le pays a produit 29 343 publications scientifiques entre 1996 et 2023. Le Cameroun se classe ainsi au premier rang des pays francophones d’Afrique pour la recherche scientifique, 12e parmi les 57 pays africains, et 91e sur 239 pays dans le monde. Ces statistiques, présentées par la Société camerounaise de physique (SCP) le 22 août 2024 aux journalistes scientifiques d’Afrique francophone (Rjsaf), visent à promouvoir la vulgarisation de la recherche scientifique.
Bien que les chercheurs camerounais montrent une forte initiative, 90% des activités de recherche n’ont pas d’objectifs clairement définis, révélant un manque criant de coordination et de stratégie. « 90% des activités de recherche n’ont aucun objectif fixé ni par le gouvernement ni par les entreprises privées nationales, contre 10% seulement dans les instituts sous tutelle du ministère de la Recherche scientifique et de l’Innovation (Minresi). La plupart des projets sont initiés individuellement par les chercheurs, sans réelle coordination ni valorisation des résultats », avait expliqué le Pr Paul Woafo, président sortant de la SCP.