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AccueilA LA UNEInsécurité Alimentaire : Près de 3 millions de personnes menacées de famine

Insécurité Alimentaire : Près de 3 millions de personnes menacées de famine

Selon un document du ministère de l'Agriculture et du Développement Rural (Minader) publié en décembre dernier, les perturbations climatiques et la hausse des prix des denrées alimentaires exacerbent l'insécurité alimentaire dans le pays.

Le Cameroun se confronte à d’importants défis en matière de sécurité alimentaire et de perturbations climatiques qui impactent gravement la production agricole. Selon l’analyse du Cadre harmonisé des zones à risque et l’identification des populations en insécurité alimentaire et nutritionnelle au Cameroun pour la période d’octobre à décembre 2024, entre juin et août 2025, 9,64% de la population camerounaise, soit 2,7 millions de personnes, pourraient être en insécurité alimentaire et nutritionnelle aiguë. Parmi elles, 231,003 personnes pourraient se trouver en situation d’urgence et 2,5 millions en situation de crise. Le document élaboré par le Programme national de veille et de renforcement de la sécurité alimentaire (Pnvrsa) indique en outre que 20% de la population totale, soit 5,5 millions de personnes, devraient être en phase 2, c’est-à-dire sous pression. Les principaux indicateurs ayant alimenté l’analyse du Cadre harmonisé proviennent de l’Enquête nationale sur la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (Ensan) réalisée sur l’ensemble du territoire du 8 au 17 septembre 2024 auprès de 13,275 ménages et 885 villages ou quartiers.

LES PRINCIPALES CAUSES

Les principaux facteurs déterminants enregistrés pendant cette période incluent les inondations dans la région de l’Extrême-Nord, particulièrement sévères dans les départements du Logone & Chari et du Mayo Danay, ainsi que les poches de sécheresse accrue dans les départements du Mayo Louti et de la Bénoué. La persistance de la crise socio-politique dans les régions du Nord-Ouest et du SudOuest, les enlèvements avec demande de rançon dans le Mayo Rey et l’Adamaoua, ainsi que les incursions sporadiques de Boko Haram dans les départements du Mayo Sava, du Mayo Tsanaga et du Logone et Chari ajoutent à la complexité de la situation. De plus, les attaques des chenilles légionnaires sur les céréales, dues aux poches de sécheresse dans la Bénoué et le Mayo Louti, et la hausse généralisée des prix des denrées alimentaires en raison de l’augmentation du prix du carburant, aggravent encore la situation. D’octobre à décembre 2024, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural (Minader) a constaté une situation alimentaire globalement positive dans 17 départements (phase minimale).

Cependant, dans 28 départements, la situation restait acceptable mais sous pression, et se dégradait sérieusement dans 13 départements en phase de crise. Parmi ces derniers, cinq se trouvent dans le Sud-ouest (Kupe-Manenguba, Lebialem, Manyu, Meme, Ndian), quatre dans le Nord-Ouest (DongaMantung, Menchum, Momo, NgoKetunjia) et quatre dans l’Extrême-Nord (Logone et Chari, Mayo Danay, Mayo Sava, Mayo Tsanaga). Pour la période projetée de juin à août 2025, le Minader prévoit une amélioration de la situation alimentaire dans 28 départements (phase minimale).

Néanmoins, 21 départements resteront sous pression, et la situation pourrait encore se dégrader dans 9 départements en phase de crise, principalement situés dans l’Extrême-Nord (Logone et Chari, Mayo Danay, Mayo Sava, Mayo Tsanaga, Mayo Kani), le Nord-Ouest (DongaMantung, Menchum, Momo) et le Sud-Ouest (Ndian).

L’URGENCE DE CONCEVOIR DES PLANS DE RÉPONSE

 Pour améliorer la situation alimentaire et nutritionnelle des ménages vulnérables ainsi que les futures analyses du Cadre Harmonisé, la cellule nationale recommande de développer et de mettre en œuvre des programmes d’urgence visant à fournir une assistance alimentaire et nutritionnelle immédiate aux populations en insécurité alimentaire aiguë, en particulier celles touchées par les inondations et l’insécurité civile. Elle préconise également de concevoir des plans de réponse pour protéger les moyens de subsistance des populations vulnérables, de faciliter l’accès des humanitaires aux interventions d’urgence dans les zones difficiles d’accès, et de renforcer les actions de prévention et de gestion de la malnutrition à travers des plans de réponse actualisés.

Par ailleurs, le gouvernement est invité à actualiser les plans de contingence dans les localités régulièrement touchées par des chocs climatiques, à rendre opérationnel le dispositif de prévention et de gestion des crises alimentaires et nutritionnelles, à soutenir les activités de contre-saison et celles générant des revenus pour les populations vulnérables, à maintenir une surveillance sur les attaques potentielles des ennemis des cultures et sur les ressources en eau dans les zones de cultures de contre-saison, ainsi qu’à renforcer les capacités des membres du Cadre National Harmonisé et des systèmes d’information nationaux. Des actions doivent aussi être menées pour consolider les pré-cadres harmonisés, assurer un financement pérenne pour la collecte de données et l’organisation des analyses, et renforcer l’Office Céréalier pour constituer des stocks de sécurité et réguler les prix des céréales.

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