Un mois après la publication des listes définitives des électeurs, Elections Cameroon (Elecam) vient de réintroduire 120 000 électeurs initialement exclus du fichier électoral pour « défaut d’empreintes digitales ». Au cours de la 2ème édition de la Plateforme nationale de concertation permanente entre Elecam et les autres acteurs du processus électoral ce 26 novembre 2024, Erik Essoussè le directeur général des élections à Elecam a indiqué que « le problème a été profondément analysé au sein du conseil électoral et à la direction générale, et tous les électeurs sont pris en compte et seront dans les listes de décembre 2024 ». L’organe en charge de l’organisation des élections au Cameroun admet ainsi que la faute ne revenait pas aux électeurs qui se sont régulièrement inscrits auprès de ses démembrements, mais dont les empreintes digitales devant garantir la fiabilité des données enregistrées au compte de chaque électeur, n’ont pas été prises en compte. A la publication des listes définitives le 18 octobre dernier, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) avait crié au scandale, dénonçant des manœuvres frauduleuses. Des curieux avaient même constaté que les victimes de ces erreurs étaient généralement issues des fiefs de l’opposition et autres circonscriptions réputées avoir des opposants.
Le MRC de Maurice Kamto n’était pas présent aux travaux auxquels il était formellement invité au même titre que les autres acteurs politiques majeurs. Une absence qu’Elecam a dénoncée, tant le parti est celui qui a le plus contesté la fiabilité du fichier électoral au lendemain de la clôture des inscriptions sur les listes électorales le 31 août dernier. Mais la presse qui a interpellé Erik Essoussè sur cette question qui taraudait les esprits. Elecam étant le seul organe à inscrire les électeurs et donc à introduire les données biométriques dans ses appareils.
Le MRC se félicite de ce rétropédalage d’Elecam : « il s’agit d’un pas, si petit soit-il, dans la bonne direction», a salué Maurice Kamto. « Le MRC se réjouit que le conseil électoral ait décidé d’assumer sa mission de veiller ‘’au respect de la loi électorale par tous les intervenants de manière à assurer la régularité, l’impartialité, l’objectivité, la transparence et la sincérité des scrutins’’», tel que prévoit l’article 10 du Code électoral ; « et que la direction générale d’Elecam ait retrouvé la raison sur cette question», écrit Maurice Kamto. « Le MRC voudrait y voir un signe annonciateur de la volonté de l’organe électoral d’œuvrer au respect strict de la loi électorale par tous les acteurs du processus électoral à commencer par lui-même », poursuit Kamto. Avant d’interpeller ses compatriotes : « si les Camerounais veulent vraiment le changement comme ils le déclarent, ils doivent restés alertés et déterminés », lance-t-il. Estimant que « par le passé, le système a profité de l’indifférence, parfois de l’ignorance de certains acteurs politiques relativement au non-respect du Code électoral ». La prochaine élection est la présidentielle prévue en octobre 2025.
La guerre entre le MRC et Elecam ne date pas d’aujourd’hui. Les deux parties se sont plusieurs fois affrontées lors des inscriptions sur les listes électorales. Alors que le parti d’opposition qui s’était par le passé résigné à mobiliser les citoyens à s’inscrire sur les listes électorales, a fini rejoindre la barque, s’est très souvent confronté à Elecam qui a à un moment restreint ses heures d’inscriptions sur les listes électorales. Contre un engagement massif des électeurs, y compris les week-ends.
Alors que Paul Biya, 91 ans dont 42 passés à la tête de l’Etat, est appelé par ses partisans à se représenter, Maurice Kamto arrivé 2ème en 2018, est annoncé à la tête de l’Alliance patriotique pour le changement (APC), une coalition de l’opposition créée par le député Jean Michel Nitcheu, transfuge du Social democratic front (SDF).