jeudi, septembre 11, 2025
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Eugène Nyambal: «Je m’engage dans la politique parce que j’ai une vision claire de transformation de mon pays»

L’économiste, ex conseiller à la Banque mondiale, dénonce le jeu qui l’a empêché de déposer sa candidature à la présidentielle 2025.

M. Nyambal, vous avez rencontré la presse, quelque peu remonté; qu’est-ce qui vous fait mal ?

J’ai d’abord fait une déclaration de candidature pour informer mes compatriotes et tous les amis du Cameroun, que j’étais candidat à l’élection présidentielle du 12 octobre 2025. Et j’ai travaillé avec mon équipe. J’ai travaillé avec mon équipe d’arrache-pied. Nous avons préparé un programme solide. Nous avions mis en place toutes les conditions pour être présents lors de cette élection. Malheureusement, au vu du report des élections législatives et municipales, nous nous sommes retrouvés dans une situation dans laquelle les partis ayant des élus sont entrés dans un marchandage innommable; c’est-à-dire que la seule condition qu’il nous manquait, c’était d’avoir un parti qui puisse nous investir. Imaginez-vous qu’il y a des partis qui nous demandaient 150 millions de francs. Et nous sommes entrés en négociation avec un parti qui, jusqu’à la dernière, était avec nous. Et curieusement, le week-end, ils ont fermé toutes les courroies de communication. Ils nous ont mis en attente. Et nous nous sommes retrouvés dans une situation où nous ne pouvions pas déposer à temps notre candidature le 21 juillet. Et nous nous sommes rendus compte, le lendemain, que ce même parti qui avait disparu, a donné l’investiture à un candidat qui brille, un candidat beaucoup plus jeune.

Alors, on ne va pas hésiter à vous demander concrètement, de quell parti s’agit-il?

Oui, c’est le parti de monsieur Atangana Denis. Je vous ai dit que j’ai parlé à plusieurs partis. Je ne cite que celui-là. J’ai parlé à plusieurs partis. En fait, le fait qu’il n’y ait que 18 partis qui puissent investir des candidats, a créé un mercato politique sans précédent dans notre pays. Vous imaginez qu’en plus de la caution de 30 millions Fcfa, on me demandait de débourser 150 millions Fcfa. C’était un décaissement dans l’immédiat. Les discussions n’ont pas porté sur les programmes, sur une différence en termes idéologiques. Les discussions ont essentiellement porté sur l’aspect du désintéressement financier des partis en question. Alors que ma conception de la politique, c’est qu’on doit s’y engager parce qu’on a des convictions, parce qu’on veut servir son pays.

Vous avez quand même un nom qui porte; quel était le problem ?

Je vous ai dit que j’ai parlé à plusieurs partis; je ne cite que celui-là. Le fait qu’il n’y ait que 18 partis politiques capables d’investir les candidats, a créé un mercato sans precedent dans notre pays. Vous imagnez qu’en plus de la caution de 30 millions Fcfa, on me demandait de débourser 150 millions Fcfa et c’était un décaissement dans l’immédiat. Les discussions n’ont pas porté sur les programmes, ni sur une diéfrence en termes idéologiques; mais sur l’aspect du désintéressement financier des partis en question. Alors que ma conception de la politique, c’est que, on doit s’y engager, parce qu’on a des convictions, parce qu’on veut server son pays.

Il vous a donc manqué en réalité 150 millions Fcfa? Ou vous pensez qu’on vous a roulé?

Non, je ne pense pas. Je n’ai dit pas ça. J’ai dit qu’il y a deux choses: un, on a demandé des sommes colossales, astronomiques. Et deux, nous nous sommes retrouvés dans des discussions où on nous a mis dans une situation d’attente, sachant que les délais étaient de 48 heures. Et après nous avoir promis qu’on allait nous répondre, on n’a plus eu signe de la part de nos interlocuteurs. Est-ce que c’est clair ? 

C’est clair certainement. Et c’est aussi clair que vous ne serez pas candidat à cette élection. Eugène Nyambal compte-t-il s’associer à un autre projet ? Est-ce que vous avez un plan B ?

Je ne réfléchis pas en termes de plan B. Je pense à l’intérêt de mon pays. Et j’ai dit à plusieurs reprises que parmi les candidats, il y a de bons candidats. J’ai parlé d’hommes d’expérience comme le professeur Maurice Kamto. J’ai parlé d’hommes d’expérience comme le Premier ministre Bouba Bello. Vous avez également des leaders comme Cabral Libii ou M. Osih. Ce qui m’importe, ce ne sont pas les noms, ce ne sont pas les personnes ou les personnalités. Ce qui m’importe, c’est que je suis attentif à l’offre politique, aux programmes politiques proposés par les uns et les autres. Je suis prêt à soutenir toute action qui vise le changement et la transformation des conditions de vie des Camerounais. 

On vous a connu dans les couloirs de la Banque mondiale. Aujourd’hui vous annoncez sur le terrain politique. Qu’est-ce qui vous a poussé à envisager d’embrasser le terrain politique ?

Il y a plusieurs choses. J’ai grandi dans un environnement où le service public est très important. J’ai également grandi dans des valeurs où la fierté nationale, être au service de son pays, c’est important. J’ai eu la chance d’avoir le parcours que j’ai eu. Mon métier, c’est d’aider les pays à s’organiser, à gérer leurs économies, d’aider des gens à gérer leurs pays pour se développer. Lorsque je vois la souffrance des Camerounais, pendant longtemps, j’ai donné des conseils, y compris à mon pays, sur des problèmes comme la gestion du secteur de l’eau, de l’électricité, sur d’autres secteurs, sur la gestion de la dette. Mais je me suis rendu compte à un moment que lorsque vous êtes conseiller, parfois vous donnez des conseils et ils ne sont pas appliqués. Et j’atteins un stade aujourd’hui où je m’engage dans la politique parce que j’ai une vision claire de transformation de mon pays. C’est très très  clair là où je veux que le Cameroun aille. Et je pense que j’ai l’énergie, la passion, pour mener à bien ce projet, parce que je veux voir les Camerounais vivre dans de meilleures conditions. Lorsque je marche tous les jours, je vois la richesse de notre pays, la diversité de notre pays, je vois le niveau d’énergie dans notre population. Je n’ai pas le droit de rester dans mon coin. Je dois travailler pour m’assurer que les jeunes ont un avenir meilleur. Je veux m’assurer que les familles vivent mieux. C’est ça qui m’a amené sur le champ politique.

On va sortir par là, quelles sont les grandes priorités du programme que vous proposez aux Camerounais ?

J’en ai parlé à plusieurs reprises pendant plus d’une heure. Mais ce que vous pouvez retenir, c’est que le programme que j’ai bâti avec mon équipe, tournait autour d’un concept simple à partir duquel je peux décliner toutes les politiques de mon programme. J’ai dit que je veux bâtir une grande nation unie, prospère, solidaire, souveraine et panafricaine. À partir de ces concepts, je décline tout le programme. “Unie”, je veux qu’on mette fin à la guerre du NOSO dans les meilleurs délais. Je veux qu’on tourne le dos aux replis identitaires. Nous sommes un seul et même pays. “Prospère”, parce que je vois l’état d’effondrement économique et social de notre pays aujourd’hui. Je veux remettre le Cameroun vers la création de richesses et d’emplois et exploiter toutes les ressources du Cameroun, les ressources minières et autre, au bénéfice des Camerounais. Je ne veux plus voir que nos mines, que le bois, que toutes ces ressources sont utilisées, que le budget de l’État est utilisé pour une minorité. Je ne veux plus voir ça. “Solidaire”: lorsque vous voyez nos villes, nos villages, les villages se vident parce qu’il n’y a pas de bonnes conditions de vie; il n’y a pas d’activité économique, il n’y a pas de routes. Tout le monde s’entasse dans nos villes, et l’essentiel de notre population vit dans la pauvreté et dans le secteur informel.

Je veux mettre en place une société qui se préoccupe de ses pauvres, qui a des politiques, qui met en œuvre des politiques d’assurance-maladie, qui met en œuvre des politiques pour subventionner les biens de première nécessité et qui met de l’argent dans la poche de nos jeunes qui sont désœuvrés. Je veux… quand je parle de solidarité, vous savez que par exemple nos enfants n’ont plus la bourse. Je veux une société qui a cette solidarité avec les vieux, avec les jeunes. C’est ça que je veux construire. “Un pays souverain”: dans le monde d’aujourd’hui, vous voyez que même au niveau international, tout le monde est en train de tourner le dos à la mondialisation. On est entré dans le retour à la souveraineté des États. Avant, on nous disait : « Ne produisez pas ce que vous consommez, vous pouvez acheter d’un peu partout. » Mais avec la crise du Covid, la crise ukrainienne, et puis l’arrivée de Trump, on se rend compte qu’une grande nation doit avoir sa souveraineté. Souveraineté économique, ça veut dire qu’on doit produire ce que nous consommons. Souveraineté au niveau agricole, au niveau industriel : on doit fabriquer nos produits. Souveraineté au niveau politique, souveraineté au niveau culturel : nous devons promouvoir notre propre culture. Et souveraineté au niveau de la défense. Si vous n’êtes pas capables de défendre votre pays, on va arracher vos biens. Vous ne serez jamais développés.

Et le dernier point : le Cameroun ne saurait se développer sans la renaissance africaine. C’est pourquoi je parle de panafricanisme. Donc mon programme s’inscrit également dans une dynamique où nous allons travailler avec les autres pays africains pour faire émerger une Afrique — pas alignée sur les Brics, pas alignée sur les Occidentaux —, mais une Afrique qui se pose de manière autonome comme pôle civilisationnel en compétition avec les autres. Parce que quand on regarde le rapport de forces démographiques, nous sommes l’avenir du monde. Depuis plus de six siècles, on n’a pas eu l’opportunité que nous avons aujourd’hui. Le monde de demain, en 2050, il y aura 5 milliards d’Asiatiques, 2,5 milliards d’Africains, les Occidentaux seront moins du milliard. Donc vu le nombre que nous avons, nous devons nous affirmer. C’est pour ça qu’on doit construire le panafricanisme. Donc c’est un peu ça. Et en termes de valeurs que je défends, le Cameroun que je défends, c’est un Cameroun basé sur le mérite, sur l’égalité des chances, sur la justice. Je veux que demain, l’enfant de la femme qui vend les beignets, qui vend le poisson à Mvog-Ada, puisse aller à l’Enam, puisse entrer dans toutes les grandes écoles de la nation, puisse avoir le parcours que Eugène Nyambal a eu. Mon projet, c’est de mettre fin à la République des « fils de ». Je veux que le Cameroun soit un patrimoine commun de tous les Camerounais, quelles que soient leurs origines ethniques, religieuses et familiales. C’est ce Cameroun que je veux construire. Donc c’est autour de ces valeurs que j’ai décliné un programme très détaillé tout à l’heure. Je vous remercie.

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