En termes de délais de passage de marchandises et de traitement des conteneurs, quelles sont les performances ?
Contrairement à ce qui a été dit dans la dernière publication de la Banque mondiale qui a fait les choux gras de la presse, le terminal à conteneurs est performant. Les travaux qui ont été menés par le terminal à conteneurs dans son ensemble ont permis de réduire considérablement les délais au niveau du traitement des navires. Aujourd’hui, il n’y a plus d’attente en rade dû au terminal à conteneurs. C’est totalement nul. Le traitement des conteneurs, qui est l’indicateur clé d’évaluation d’un port, est aujourd’hui l’un des meilleurs sur la côte ouest africaine. Zéro temps d’attente en rade. Aucun ne peut dire, qu’un navire est arrivé à Douala, a dû attendre des jours, comme ça se faisait dans le passé, avant d’entrer au port de Douala. Au niveau du terminal à conteneurs, cette situation n’existe pas. C’est cet élément clé d’évaluation de performance qui a servi à l’ONG de la Banque mondiale pour établir sa compétitivité portuaire dans le monde entier. Sur cet élément, vous avez vu qu’il n’y a pas de navire en attente de bouée de base, ce qui contredit le classement qui a été établi. En ce qui concerne le temps de traitement des conteneurs, du chargement et du déchargement des camions, cela va de soi. Quand le navire se porte bien, la terre se porte également bien. C’est un ensemble qui se tient. Vous avez constaté un terminal aéré, sans camions en attente, même un vendredi où le volume de livraison est très élevé : plus de 3000 conteneurs en moyenne par semaine. De la même manière, nous recevons les conteneurs pour les exportations avec une grande fluidité. Ce facteur visuel, sans entrer dans les statistiques que nous publions, témoigne amplement de la fluidité des opérations au terminal à conteneurs du Port de Douala, contrairement à ce qui peut être entendu ailleurs. Vous voyez un tarmac totalement dégagé, mais si vous consultez les statistiques, le marché camerounais est largement approvisionné et il n’y a pas de rupture. Les marchandises entrent et sortent sans encombre. Ce sont les conséquences immédiates des travaux engagés par le PAD au niveau du terminal à conteneurs. Il existe des projets prévus, notamment pour prolonger le terminal.
Une entreprise a obtenu un prêt de Eximbank pour réaliser l’un de ces projets. Pourriez-vous nous fournir davantage d’éléments sur la conduite de ce projet ?
Je peux vous dire une chose : le port de Douala, en prenant le terminal à conteneurs en 2020, s’est engagé dans une modernisation du terminal. Le directeur général du PAD a annoncé l’extension du terminal à conteneurs. Un grand chantier va bientôt démarrer, pour lequel les protocoles d’accord ont déjà été signés avec les partenaires. Ce projet vise à prolonger de 250 mètres linéaires le quai additionnel, portant ainsi la capacité linéaire du terminal à conteneurs à un minimum de 1000 mètres. L’objectif est de positionner le terminal à conteneurs parmi les installations modernes. Il était difficile d’imaginer par le passé qu’un terminal à conteneurs puisse avoir une longueur de quai de 1000 mètres. Si vous parcourez les ports de la côte ouest africaine, vous constaterez que ce type de terminaux est rare. En plus de cette extension, nous disposerons d’environ huit hectares supplémentaires de surface. Trouver de telles surfaces n’est pas aisé, mais nous y parviendrons. De plus, avec le passage au tour RTG (Rubber-Tired Gantry) en mode de manutention moderne, la capacité de stockage et de traitement du terminal à conteneur augmentera considérablement, soit au moins de 50 %. D’ici à 2026, nous serons en mesure d’accueillir et de traiter aisément un trafic d’un million d’unités équivalentes vingt pieds (TEU). Pour une place portuaire comme Douala, nous anticipons déjà la dynamique économique de développement du Cameroun.
Vous avez présenté le système intégré le Navis N4. Comment fonctionne-t-il, est-il vraiment opérationnel et quel est son impact ?
Le N4 n’est pas visible à l’œil nu. C’est un système intégré. C’est un peu comme l’intelligence artificielle qui se cache derrière toutes ces machines que vous voyez. Ces machines fonctionnent à travers ce système. Aujourd’hui, nous avons 32 000 conteneurs. Lorsqu’une personne vient les chercher, comment les repérer ? c’est comme des buchettes d’allumettes dans une boîte d’allumettes. Ces conteneurs se ressemblent, et comment les identifier et les livrer au moment où on le demande ? C’est cette intelligence artificielle qui accomplit ce travail. Le résultat en termes de performance dont je viens d’évoquer, est en partie dû à cet outil.

Sur les conteneurs frigorifiques dont le sujet a défrayé la chronique avec l’un de vos importateurs de poisson, quelle solution avez-vous trouvée pour que le problème de congestion qui a fait qu’ils aient des poissons pourris soit résolu ?
Aujourd’hui, il n’y a pas d’odeur de poissons pourris au terminal. Derrière nous, il y a des packs de conteneurs frigorifiques. Nous avons appelé tous les partenaires au respect scrupuleux des dispositions réglementaires. C’est cette raison qui a prévalu sur toutes les passions et les conséquences qui ont suivi. Les dispositions réglementaires voudraient que les produits halieutiques, très sensibles aux différents maillons de la chaîne du froid, soient enlevés immédiatement dès que le navire touche le terminal, afin de garantir le respect de la chaîne du froid. Ces conteneurs, qui proviennent parfois de très loin, notamment d’Amérique latine, conservent les produits pendant au moins deux mois. Vous pouvez imaginer la sensibilité de ce type de produit. C’est pourquoi l’État du Cameroun, par l’intermédiaire du ministère du Commerce, a mis en place une réglementation spécifique en 2015. Nous avons appelé tous les partenaires à travailler dans ce sens et à respecter cette réglementation. Le résultat que vous constatez aujourd’hui, notamment avec un terminal fluide, en est la preuve. En 2024, nous importons autant de conteneurs pour le même client qu’en 2023. Il n’y a pas de conséquences négatives, car nous avons encouragé les partenaires à agir de manière raisonnable et civique. C’est là notre stratégie, et elle n’est pas une invention du RTC. On sait que le Port de Douala approvisionne le Tchad et la République Centrafricaine (RCA).
Quelles sont les dispositions particulières prises au niveau du terminal à conteneurs pour ces deux pays et par rapport aux autres ports de la sous-région comment Douala évalue ses performances ?
Le directeur général de la Régie du terminal à conteneurs, M. Dieudonné Onana Ndoh, est actuellement à N’Djamena pour répondre à l’invitation de ce pays frère et participer à un forum des chargeurs. Cette invitation a été lancée en reconnaissance du service rendu par le PAD (Port autonome de Douala). Il s’agit du premier forum organisé par ce pays pour les chargeurs, et le PAD a été convié en raison des efforts déployés pour faciliter les échanges commerciaux. Les résolutions issues des conférences tripartites, organisées tous les deux ans entre ces trois pays, sont également mises en œuvre. Ces mesures visent à garantir la fluidité des marchandises vers ces destinations. Nous continuons d’améliorer ce système d’année en année pour obtenir de meilleurs résultats.