Mobiliser une large communauté de chercheurs, de praticiens, et de décideurs autour de l’Economie sociale et solidaire (ESS). C’est l’enjeu du colloque scientifique qui s’est déroulé du 4 au 5 novembre dernier en Côte d’Ivoire auquel a pris part Achille Bassilekin III, ministre camerounais des Petites et Moyennes entreprises, de l’Economie sociale et de l’Artisanat (Minpmeesa). Ce colloque s’inscrit, indique le ministre, dans la continuité du Premier Forum Africain de l’Economie Sociale, tenu à Yaoundé il y a quelques mois et dont l’objectif était de « Susciter une réflexion continentale multi acteurs, pour une Économie Sociale et Solidaire de construction et de transformation afin de partager, soutenir et accompagner les différents modèles d’Economie Sociale et Solidaire selon les contextes », a précisé Achille Bassilekin III.
Selon le ministre, l’ESS fait partie de la vision économique du Cameroun depuis les années 1980, lorsque le président Paul Biya a introduit le concept de « Libéralisme Communautaire ». Cette politique vise à établir une société où l’économie est au service de l’humain, avec une justice sociale comme fondement. Le colloque organisé par le Think Tank Africa Perspectives Institute (API) en partenariat avec le Réseau Africain de l’Économie Sociale et Solidaire (RAESS), a permis de formuler quelques recommandations. Selon le ministre camerounais, il est indispensable d’intégrer l’Économie Sociale et Solidaire dans les programmes gouvernementaux afin d’en faire un modèle de développement socio-économique. « La définition de cadres de mise en œuvre pour l’Économie Sociale et Solidaire, à tous les niveaux – local, régional et national – est cruciale. Il est essentiel de promouvoir une approche participative pour concevoir les modèles d’Économie Sociale et Solidaire », conseille Achille Bassilekin III. Il propose en outre l’encouragement de la transition des acteurs de l’informel vers le formel en tirant parti des avantages de l’Économie Sociale et Solidaire, le développement de partenariats multiacteurs et internationaux et surtout la mise en avant de la transformation des produits locaux afin de créer des chaînes de valeur et de réaliser l’import-substitution.
A Abidjan, la capitale ivoirienne, il était question de formuler des solutions adaptées aux réalités locales sur la base du thème : « Économie Sociale et Solidaire et développement des pays africains : États des lieux, défis et perspectives ». Cette rencontre intervient dans un contexte où selon la Banque mondiale, « La réduction de la pauvreté au Cameroun a stagné au cours des 20 dernières années, avec environ 4 Camerounais sur 10 vivant en dessous du seuil de pauvreté national », a indiqué l’institution de Bretton woods. Il est évident que la situation sociale au Cameroun est préoccupante. Les données de l’enquête auprès des ménages de 2021-2022 suggèrent que « 23,0 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté extrême international avec seulement 2,15 dollars par personne et par jour, selon un ajustement basé sur la parité de pouvoir d’achat (PPA) ».
Pour le ministre, les perspectives sont claires : il s’agit de renforcer l’ESS en Afrique, en la rendant plus visible dans les programmes gouvernementaux, en structurant les acteurs locaux, et en mobilisant des financements innovants pour garantir une croissance inclusive et résiliente. Il a conclu son discours en affirmant : « Le développement de l’Afrique doit être le leitmotiv des gouvernements, et l’ESS constitue un levier important pour la croissance de nos pays ».