A cause des déchets déversés dans le fleuve par les industriels, pêcheurs et revendeurs de poisson ne parviennent plus à mener sereinement leurs activités.
Les pêcheurs et revendeurs de poisson frais du lieu-dit Bonassama appellent le gouvernement à l’aide. Pancartes à la main, ils lancent un cri d’alerte face à une situation de paralysie qu’ils vivent depuis quelques années dans cette zone de l’arrondissement de Douala 4eme. Bonassama, par Bonabéri, est traversée par le fleuve Wouri et abrite une bonne partie des entreprises industrielles de la ville. Cette présence industrielle a une incidence sur l’environnement notamment sur les eaux du fleuve Wouri. Alice Penda Songa, revendeuse de poisson depuis plus de vingt ans dit n’avoir jamais vécu pareille situation. « Nous avons beaucoup de difficultés en ce moment parce que quand les pêcheurs partent à l’eau ils n’arrivent pas à pêcher et dès qu’ils apportent un peu de poisson ça coûte cher. On n’arrive pas à acheter et ça nous met mal à l’aise. Nous n’avons presque pas d‘activités actuellement parce que l’eau est gâtée. D’autres ramènent des poissons pourris. », explique t- elle.
Le poisson ici n’est pas vendu en kilogramme. Les prix ne sont pas fixes et varient en fonction de la grosseur. Mais d’après les revendeurs, une hausse de près de 50% est observée. Pour les pêcheurs du lieu, c’est depuis environ cinq ans que cette dégradation de la faune aquatique est manifeste et la pollution n’est pas seulement industrielle. « Tous les drains de la ville de Douala ne se déversent dans le wouri. Il y a un excès de plastique qui fait en sorte que la ligne ne dort pas en paix. Du coup, lorsque nous mettons l’appât sur l’hameçon, on réalise que le plastique a couvert cela et le poisson ne peut pas voir l’appât », nous confie Oscar Dibongo.
Pour tenter de sauver l’environnement ainsi que leurs activités, ils ont mis sur pied un Groupement d’Initiative Commune. Dénommé, Quai de Bonassama, ce GIC regroupe les pêcheurs et bayam sallam. « Nous avons créé notre Gic pour lutter contre la pollution du fleuve Wouri par les déchets toxiques et lutter contre la destruction de la mangrove. Nous essayons de faire comprendre aux gens que c’est là où les poissons se reproduisent donc que si la mangrove est détruite, il n’y aura plus de poissons et ça fera en sorte qu’il y aura pénurie. Le poisson est même déjà rare par ce que toutes les sociétés déversent leurs déchets dans l’eau en plus des déchets plastiques.», nous dit Bruno Ekepa Solle, président du Gic.