lundi, octobre 27, 2025
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Présidentielle 2025: Paul Biya réélu pour un 8e mandat, une victoire au goût amer de désaveu

Le Conseil constitutionnel a proclamé, ce 27 octobre, les résultats officiels de l’élection présidentielle du 12 octobre au Cameroun. Paul Biya, 92 ans, est reconduit à la tête de l’État pour un huitième mandat consécutif avec 53,66 % des suffrages, selon les chiffres annoncés par l’institution présidée par Clément Atangana.

Son principal rival, Issa Tchiroma Bakary, candidat du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC), obtient 35,19 % des voix. Le reste se répartit entre les huit autres candidats en lice.Sur les dix régions électorales, Paul Biya arrive en tête dans huit, tandis qu’Issa Tchiroma l’emporte dans deux.

Cette répartition traduit un recul du président sortant, qui voit son socle électoral se fragiliser, notamment dans le Nord, fief historique du pouvoir où son adversaire réalise ses meilleurs scores. Cette configuration donne la mesure d’un scrutin disputé, marqué par un contexte de défiance populaire et d’accusations de fraude.

Le Conseil constitutionnel, dont les membres sont réputés proches du pouvoir, a rejeté l’ensemble des recours déposés par l’opposition avant de valider les résultats définitifs. Cette décision s’inscrit dans une continuité institutionnelle qui ne surprend guère, après le rejet en août de la candidature de Maurice Kamto, deuxième lors du scrutin de 2018.

Si le président Biya conserve le pouvoir jusqu’en 2032, sa victoire intervient dans un climat politique et social tendu. Plusieurs observateurs y voient moins un triomphe qu’un signal d’usure. Nos confrères guinéens de Le Djely notait avant même la proclamation des résultats que le chef de l’État “ne pourra pas longtemps contenir le vent de contestation qui monte de toutes parts”. À Yaoundé, un collectif d’intellectuels, journalistes et universitaires réunis au sein du Cipa-CAM a estimé dans les colonnes du quotidien Le Jour que “la seule vérité des urnes” est celle revendiquée par Issa Tchiroma Bakary.

Pour ces acteurs, la présidentielle de 2025 constitue, à tout le moins, une rupture symbolique. L’opposition a, pour la première fois depuis longtemps, réussi à bousculer les équilibres politiques et à affaiblir l’image d’invincibilité du régime.Mais au-delà des calculs politiques, le scrutin du 12 octobre aura révélé une mutation profonde du rapport entre pouvoir et société. Les Camerounais, longtemps résignés, ont massivement pris part au vote et surveillé de près son déroulement.

Cette mobilisation, inédite depuis des décennies, a imposé une nouvelle réalité politique, celle d’un peuple qui exprime de plus en plus ouvertement son désaccord avec la continuité d’un système en place depuis 43 ans.Le huitième mandat de Paul Biya s’ouvre donc sur un paradoxe. Une légitimité juridique confirmée par les institutions, mais affaiblie par une contestation sociale et politique persistante.

Derrière la stabilité affichée, le message des urnes, celui d’un désaveu latent, s’impose comme l’un des faits politiques majeurs de cette élection.

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