06 Novembre 2018-2019: Paul Biya une année agitée

A peine élu le nouveau président de la République n’a pas eu le temps de savourer sa victoire. Entre un contentieux électoral très mouvementé, la crise post-électorale qui s’en est suivie et la permanente crise anglophone, le chef de l’Etat a encore subi les foudres de la communauté internationale qui lui reproche entre autres de violer les droits de l’Homme.

La première année du magistère du président de la République n’a pas été un long fleuve tranquille. A peine élu, Paul Biya n’a même pas pris le temps de jubiler sa victoire qu’il s’est confronté aux réalités de son mandat. Le 16 octobre 2018, la Commission nationale de recensement rend le résultat provisoire de l’élection présidentielle du 07 octobre. Ce résultat donne le candidat du Rdpc vainqueur avec 71.28% des suffrages exprimés en sa faveur. Aussitôt, connu, les principaux partis de l’opposition saisissent le Conseil constitutionnel pour l’annulation partielle et ou totale de ces résultats. Dès le premier jour, 16 des 18 requêtes introduites par l’opposition vont essuyer une fin de non-recevoir. Le 22 octobre, après un contentieux électoral houleux, l’organe chargé de la proclamer les résultats confirme la victoire de Paul Biya, une victoire rejetée par l’opposition notamment le MRC qui crie au hold-up électoral et lance un programme qu’il baptise « plan de Resistance National ». Le 19 janvier Maurice Kamto l’Union Africaine pour demander l’annulation des résultats de la présidentielle du 07 octobre 2018 et quelques jours plus tard, après avoir organisé à l’avance quelques manifestations sporadiques, il lance à Douala, le 26 janvier une grande marche, à la suite de laquelle plusieurs représentations diplomatiques du Cameroun à l’étranger sont saccagés. Maurice Kamto et plusieurs de ses alliés sont arrêtés et envoyés en prison.
Pendant que le pouvoir se bat contre Maurice Kamto et les siens qui envahissent les rues des grandes villes du pays, La Confédération Africaine de Football annonce début décembre 2018, le retrait de la Can que devait organiser le Cameroun au mois de juin 2019. Le gouvernement dénonce une injustice flagrante et les populations ne cachent pas leur mécontentement. Au même moment, du coté du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, la crise anglophone bat son plein. Un prêtre Kenyan et un pasteur américain sont tués en l’espace de quelques jours. A côté de cela, plusieurs villages sont brulés, des civils et des militaires sont tués. Dans l’avalanche des assassinats, l’on constate avec regret une certaine banalisation de l’horreur. Des hommes sont tués, décapités et les parties de leur corps exhibé en trophée. Pour apaiser la situation, le président de la République prend certaines mesures dont : le plan d’assistance humanitaire, le programme de désarmement dans les zones en conflit, l’arrêt des poursuites contre plus de 300 personnes incarcérées dans le cadre de la crise anglophone. Malgré la volonté affichée du gouvernement de mettre fin à la crise sociopolitique que traverse le Cameroun, la communauté internationale ne se montre pas satisfaite. Dans leurs différents rapports, les ONG notamment Human Rights Whatch et Crisis Group critiquent violemment le gouvernement camerounais et les forces de défense qu’elles accusent de violer les droits de l’Homme dans le cadre de la crise anglophone et de la lutte contre Boko Haram, qui malgré une certaine accalmie continue de faire des morts. De leur côté, les Etats-Unis, l’Union Européenne et la France accentue la pression pour demander la libération de Maurice Kamto et ses alliés. Sous le feu des critiques, le gouvernement camerounais tente de se dédouaner en répondant, par la voix de Rene Emmanuel Sadi, ministre de la Communication, à toutes les critiques qui sont lancées contre lui. Il accuse ses détracteurs de faire preuve « d’une méconnaissance des enjeux et des réalités …concernant l’arrestation de Kamto et de la situation dans les régions anglophones » et dénonce une « immixtion à peine voilée et inadmissible dans les affaires intérieures du Cameroun ». Pour se montrer de bonne foi, le gouvernement déclare être prêt à accueillir tous ceux de ses partenaires qui souhaitent venir au Cameroun toucher du doigt la situation. Dans cette main tendue, le sous-secrétaire des Etats-Unis chargé des affaires africaines, Tibor Nagy et Michelle Bachelet le Haut-commissaire des Nations-Unis aux droits de l’Homme vont se rendre tour à tour au Cameroun.
La première année du nouveau septennat de Paul Biya aura aussi été émaillé par plusieurs mouvements d’humeur, dont les émeutes d’Obala, celle de Sangmelima, la mutinerie à la prison centrale de Kondengui, ou encore les éboulements de Gouache survenu à Bafoussam il y’a quelques jours.
Joseph Essama

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