Tout au long de l’année 2024, les rues, les caniveaux, les chaussées, les quartiers, ainsi que les lieux administratifs de Yaoundé ont été envahis par des montagnes d’ordures. Ces « visiteurs indésirables » ont contribué à enlaidir une ville qui souffre déjà d’avoir une voirie en piteux état. Pourtant, un espoir avait émergé à la mi-2024.
En juin, la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY) a lancé un appel d’offres international avec un budget prévisionnel de 61,8 milliards de FCFA. Ce processus a permis de désigner Hysacam comme gestionnaire deux des trois lots mis en compétition. Cependant, deux mois après ce développement, la réalité sur le terrain reste inchangée.
Prolifération des ordures
À Ngoa Ekelle, dans le 6ᵉ arrondissement de la ville de Yaoundé, le trottoir jouxtant le mur d’enceinte de la brigade de Melen II est devenu un immense dépotoir à ciel ouvert, où les ordures s’amoncellent chaque jour davantage. Malgré l’installation d’un bac à ordures dans cette zone, mesure exceptionnelle de la mairie de la ville, sa capacité limitée ne permet pas de contenir l’afflux des déchets.
Le même spectacle désolant s’observe ailleurs, notamment sur la route entre la chapelle Nsimeyong et le quartier Damase, au lieu-dit descente Victor Hugo où les déchets empiètent sur la chaussée, ou encore au quartier Melen, près du Carrefour. Même le centre-ville n’est pas épargné. En face du restaurant municipal situé non loin du ministère des Finances, les employés de ce lieu de restauration déversent leurs ordures dans un espace vert clôturé.
Sur l’axe entre le ministère des Postes et Télécommunications et celui du Commerce, les détritus jonchent la chaussée, tandis qu’entre le Carrefour de l’Amitié et Tropicana dans le 4e arrondissement de la capitale, des dépôts d’ordures sont régulièrement brûlés, répandant une fumée âcre et nauséabonde.
Hysacam, qui assure la gestion des déchets dans cinq des sept communes d’arrondissement de Yaoundé, minimise sa responsabilité. Si des lacunes subsistent dans la gestion des communes qui lui ont été attribuées (Yaoundé 1ᵉʳ, II, III, IV et VII), l’entreprise affirme que la situation à Yaoundé VI et III ne relève pas de sa compétence, car n’ayant pas soumis de candidature pour ces circonscriptions. À la Communauté urbaine de Yaoundé, une source évoque « une solution en cours » sans plus de précisions.
Toutefois, d’après notre source qui précise par ailleurs que l’appel d’offres lancé pour la gestion des déchets dans ces communes s’est soldé par un échec, elles ne seront pas abandonnées. « ces deux communes d’arrondissement ne seront pas abandonnées à leurs ordures ménagères. Des options s’offrent au maire de la ville. Il peut par exemple lancer une procédure normale de sélection d’un opérateur tout comme l’édile a la possibilité de recruter un nouvel opérateur par procédure de gré à gré », a-t-elle suggéré.
Solutions
Face à cette crise persistante, Célestine Ketcha Courtès, ministre de l’Habitat et du Développement urbain a organisé le 15 janvier 2025, une réunion pour tenter d’apporter des réponses. Rassemblant les responsables des entreprises de collecte Hysacam et Thychlof, les représentants des Communautés urbaines de Yaoundé et de Douala, ainsi que les maires d’arrondissements et diverses administrations, cette rencontre a permis de pointer les multiples causes de la prolifération des ordures.
Les prestataires citent notamment le non-paiement des factures, la non-contractualisation pour plusieurs exercices budgétaires, dont celui de 2025. Quant au ministre, elle évoque un manque d’engagement au niveau local. « Certaines communes, où l’on constate une vraie appropriation des questions d’hygiène, parviennent à rester propres. Les ordures, composées à 90 % de déchets ménagers, pourraient être transformées en compost biologique, une richesse inexploitée », a relevé le membre du gouvernement.
Comme solution urgente, Célestine Ketcha Courtès a annoncé le lancement d’une opération coup de poing de deux mois pour débarrasser les rues des immondices. Elle a également annoncé une dotation spéciale de 150 millions de FCFA pour chaque mairie d’arrondissement afin de financer des centres de regroupement des déchets et d’améliorer les collectes.